L'intégration régionale est cruciale pour le développement de l'Afrique. Elle doit permettre de construire des économies d'échelle et de créer une économie compétitive.
Elle tient la promesse d'ouvrir de nouveaux marchés en éliminant les barrières commerciales, tout en facilitant les investissements, notamment dans les secteurs de l'eau et de l'énergie. Elle peut libérer tout le potentiel d'une main d'œuvre en plein essor.
De même, l'intégration doit promouvoir la croissance et aider à diversifier les économies africaines. Les projections et modèles sur ce sujet ne manquent pas. Par exemple, un investissement de 32 milliards de dollars américains dans l'infrastructure routière pourrait accroître la valeur du commerce intra-Africain de 250 milliards de dollars sur une période de 15 ans.
Il reste à répondre à la question suivante : que peut faire l'intégration pour les populations en Afrique ? Ce thème est primordial au moment où les pays cherchent à passer de la croissance économique à une véritable amélioration des conditions de vie. De fait, mettre la priorité sur le développement humain et la réduction de la pauvreté peut contribuer à accélérer le dossier de l'intégration économique.
Premièrement, l'intégration régionale peut contribuer à la création d'emplois de qualité, à la création de nouveaux moyens de subsistance et à la réduction des inégalités. A cet effet, les pays d'Afrique doivent travailler ensemble pour introduire des politiques visant à renforcer la formation professionnelle, la mobilité du travail et l'accès aux financements. Ceci est particulièrement important dans les secteurs à forte intensité de main d'œuvre, tels l'agriculture.
Deuxièmement, les services sociaux de base et les filets de protection peuvent réduire les risques et vulnérabilités provoqués par l'ouverture des marchés et l'intensification de la compétition. Ainsi, l'intégration doit être accompagnée de mesures destinées à renforcer la santé, la nutrition, l'éducation et la formation professionnelle. A terme, celles-ci ont pour effet de renforcer la productivité de la main d'œuvre.
Troisièmement, l'intégration peut habiliter les populations en leur permettant d'aller trouver un emploi dans les pays voisins. Les Etats cherchant à attirer et à conserver cette main d'œuvre, ils ont intérêt à promouvoir la stabilité et à prévenir les conflits, à protéger les droits, la santé et la sécurité des personnes, tout en les impliquant dans les prises de décisions.
Enfin, les ressources naturelles sont essentielles à la croissance, à la diversification économique et à la survie des communautés. C'est pourquoi les nations d'Afrique devraient chercher à établir de meilleurs mécanismes pour gérer les ressources environnementales transfrontalières, démarche qui doit être au cœur de leurs efforts en matière de développement durable.
L'intégration de l'Afrique, appuyée par des politiques économiques conjointes, peut avoir un véritable impact sur le développement humain dans toutes les sous-régions du continent. Mais ses implications se feront particulièrement sentir dans les pays les moins avancés ou enclavés, où l'accès aux marchés et voies commerciales est encore limité.
Ainsi, le développement humain consistant à élargir les choix de vie des femmes, des hommes et des enfants, l'intégration régionale doit pouvoir donner un nouvel élan aux efforts visant à améliorer les conditions de vie des Africains et des Africaines.
Le plus gros défi est d'accélérer la mise en application de cet agenda. Parmi les obstacles qui s'y opposent, il doit s'agir d'harmoniser les normes et règlements en matière de commerce, le droit des affaires et les politiques de développement tout en renforçant les capacités ainsi que le leadership et la volonté politique des décideurs.
La Conférence économique africaine, qui se tiendra à Johannesburg du 28 au 30 octobre, examinera l'économie politique de l'intégration et se penchera de près sur les solutions pratiques pour la faire progresser.
Abdoulaye Mar Dieye est le Directeur du Bureau régional pour l'Afrique du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).