Le Conseil d'administration du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) vient d'approuver un programme de garanties partielles de risques (GPR) du Fonds africain de développement (FAD).
S'élevant à 184,2 millions d'UC*, celui-ci est destiné à renforcer les capacités dans le secteur de l'électricité au Nigeria et à appuyer le programme de privatisation qui y est amorcé. Le Conseil a également donné son aval à un prêt du même Fonds, de 3,1 millions de dollars EU.
Ce programme de GPR vise à accroître la capacité de production d'électricité du pays, en catalysant l'investissement privé et le financement commercial dans le secteur, grâce à la fourniture de garanties partielles de risques. Ces garanties permettront d'atténuer le risque de défaillance de la "Nigeria Bulk Electricity Trading Plc" (NBET), créée par le gouvernement fédéral du Nigeria pour acheter de l'électricité aux producteurs indépendants d'électricité (PIE), de sorte qu'elle honore ses obligations contractuelles relatives aux accords d'achat d'électricité conclus avec les PIE. Elles rassureront également les investisseurs du secteur privé et les bailleurs commerciaux désireux d'investir dans le programme de privatisation du secteur de l'électricité du Nigeria.
Dans la foulée de la décision du Conseil d'administration de la BAD, Alex Rugamba, directeur du Département de l'énergie, de l'environnement et du changement climatique, a déclaré, à propos de l'impact potentiel de ce programme, qu'une « alimentation électrique efficace et continue est indispensable au développement durable du Nigeria. La décision du Conseil permettra à la BAD d'appuyer le gouvernement nigérian dans ses efforts pour réformer le secteur de l'électricité et engager le pays sur la voie d'une croissance inclusive et durable. »
A long terme, le programme de garanties partielles de risques du Nigeria devrait déboucher sur une amélioration de la productivité, de l'activité économique et de la croissance, et sur une réduction de la pauvreté. À court et moyen termes, il aidera à maximiser l'offre en électricité et à augmenter la consommation par habitant.
D'après les statistiques du gouvernement, les délestages électriques coûtent au Nigeria 3 % environ de son PIB chaque année. Les PIE éligibles au programme pourraient produire 1 380 MW d'électricité supplémentaires d'ici 2016, ce qui améliorerait l'accès de la population à une électricité plus fiable et à prix abordable, faisant ainsi grimper le taux d'accès actuel de 41 % à 50 %.
Le Nigeria, qui aspire à se positionner dans les 20 premières économies du monde d'ici 2020, s'est fixé pour objectif, ambitieux, d'atteindre une capacité de production électrique de 40 000 MW, soit plus de la moitié de la capacité actuelle installée sur tout le continent africain., La capacité de production maximale actuelle - quelque 5 500 MW - ne répond pas à la demande, estimée à 10 000 MW - pour une population de plus de 160 millions d'habitants. Or l'objectif de production fixé pour 2020 ne pourra être atteint que si le secteur privé investit à son tour, dans la production, les centrales à gaz et les réseaux de distribution notamment.
C'est le deuxième programme de GPR du FAD que le Conseil de la BAD approuve en moins de deux mois - le premier ciblait le projet d'énergie éolienne du lac Turkana. L'approche innovante de la BAD, à travers les garanties, pour inciter les investissements privés à financer les infrastructures, aura un effet catalyseur et multiplicateur au Nigeria, et plus largement en Afrique.
La GPR du FAD est un instrument politique d'atténuation des risques, qui couvre bailleurs et investisseurs privés contre les risques de défaillance d'un gouvernement - ou d'une entité gouvernementale - à remplir ses obligations contractuelles. Depuis 2004, la BAD a ouvert les GPR aux pays à revenu intermédiaire, pour catalyser l'investissement privé. Avec l'introduction des GPR du FAD, la Banque offre un nouvel instrument financier aux pays à faible revenu.
*1 unité de compte (UC) = 1,53 dollar EU, en date de décembre 2013.