Ellen Johnson Sirleaf, présidente du Liberia, et Donald Kaberuka, président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), ont officiellement lancé à Addis-Abeba, jeudi 30 janvier 2014, le rapport du Panel de haut niveau de la BAD sur les États fragiles lors d'une session plénière à huis clos.
Le rapport, intitulé « Mettre fin aux conflits et consolider la paix en Afrique : Un appel à l'action », est le résultat d'une année de consultations, de dialogue et de débat pour répondre à cette question : « Comment pouvons-nous édifier solidement la paix et ancrer la prospérité dans les États fragiles ?
Au terme d'un marathon de consultations avec les gouvernements africains, la société civile et les citoyens, le rapport conclut que la fragilité est le résultat de changements sociaux, économiques et climatiques exacerbés, tels qu'une urbanisation croissante, le changement climatique, les inégalités extrêmes et l'exclusion sociale. Reconnaissant la position privilégiée de la Banque africaine de développement comme une institution africaine de confiance, le rapport estime que la BAD devrait jouer un plus grand rôle dans les questions de conflit et de fragilité en Afrique.
« Toutes les nations sont passées à un moment ou un autre de leur histoire par des périodes de fragilité, a déclaré la présidente Johnson Sirleaf, qui a présidé le Groupe spécial de haut niveau sur les États fragiles. Ce n'est pas spécifique à une catégorie de pays. Cela est dû à l'incapacité de gérer des pressions internes ou externes en raison d'institutions ou de processus politiques faibles. »
L'Afrique est en train de changer rapidement, et le rapport du Groupe spécial de haut niveau de la BAD examine les causes historiques des conflits et de la fragilité. Il identifie de nouveaux facteurs, et esquisse les réponses politiques éventuelles qui s'imposeraient à la communauté internationale. Pour répondre à des vulnérabilités sociales spécifiques, qui seraient la cause que ces pays s'enfoncent dans les conflits, comme par exemple le chômage, Johnson Sirleaf a insisté sur l'importance d'édifier la résilience à travers des institutions plus fortes et des interventions préventives.
Les conflits et la fragilité sont des contraintes majeures au développement de l'Afrique. Alors que la continent africain a profité d'une croissance de 5% en moyenne au cours de la dernière décennie, les pays post-conflit et ceux en conflit n'ont en pas profité. D'une manière générale, le PIB par tête est de 945 $, mais dans les Etats fragiles, il stagne au tiers environ de ce niveau, autour de 333 $. S'attaquer à ce défi est une priorité primordiale pour la Banque africaine de développement. De 2009 à 2011, la BAD a approuvé 2,5 milliards $ pour les Etats fragiles et elle est en train d'étendre sa stratégie d'engagement dans ces pays. Le Groupe de haut niveau de la Banque sur les Etats fragiles supervise ce travail.
« Les événements douloureux récents au Sud-Soudan et en République centrafricaine nous rappellent l'urgence de trouver des solutions à long terme pour que notre continent réalise une paix et un développement durables, a déclaré le président Kaberuka. Le mandat de la Banque africaine de développement est de promouvoir et de financer le développement socio-économique de l'Afrique. Nous comprenons parfaitement que la reconstruction post-conflit relève de notre champ de responsabilités. »
Kaberuka a indiqué que la président Johnson Sirleaf et les membres du Groupe de haut niveau avaient clairement démontré à la banque que « tout pays » peut être vulnérable aux conflits à cause de tensions telles que la pauvreté, l'exclusion, la jeunesse marginalisée, les industries extractives et les effets de contagion des problèmes transfrontaliers.
« Il n'y pas de catégorie de pays à qui ce type de fragilité s'applique, a-t-il estimé. C'est un risque potentiel pour nous tous. »
Le rapport plaide ainsi pour un plus grand rôle et un engagement accru de la BAD dans les questions de conflit et de fragilité. Parmi ses recommandations, le rapport appelle la ABD à adopter des stratégies qui s'attèlent au chômage des jeunes, qui facilitent l'investissement privé et assistent les pays africains à forger leur résilience à travers des partenariats à un niveau régional.
Le rapport a été présenté aux chefs d'État africains du 22e Sommet de l'Union africaine et à quelque 300 participants à l'événement.