En marge des Assemblées annuelles 2014 de la Banque africaine de développement (BAD) dont les travaux ont démarré le 19 mai à Kigali, une visite ministérielle decentres de santé dans une zone rurale amontré l'importance de la promotion de l'électrification rurale grâce aux énergies renouvelables.
Cette électrification est importante notamment pour les structures sanitaires reculées afin que les efforts pour améliorer la santé maternelle et infantile soient significatifs à travers le continent. Le lien entre l'énergie et la santé des femmes et des enfants est le thème central des deux premières années de la décennie de l'initiative "Energie durable pour tous" (SE4ALL, en anglais) lancée en Afrique durant ces Assemblées annuelles de la BAD.
Avant que des panneaux solaires ne soient installés sur la toiture d'un centre de santé de Kigogo, un village rural niché dans les hautes montagnes de Gicumbi, un district situé à une cinquantaine de kilomètres de Kigali, dans le nord du Rwanda, les femmes enceintes de cette région devaient parcourir de longues distances pour recevoir des soins médicaux appropriés. Et cette structure sanitaire n'était pas en mesure de procurer des soins de nuit, faute d'électricité.
« Auparavant, la situation était compliquée et la plupart des femmes enceintes de cette région préféraient se rendre dans un hôpital de référence par crainte d'éventuelles complications en cas d'accouchement nocturnes », explique Dancilla Mukanambaje, une mère de cinq enfants qui habite à proximité du centre de santé de Kigogo.
Abondant dans le même sens, la ministre rwandaise de la santé Agnès Binagwabo a déclaré que l'absence d'électricité empêche les prestataires de soins de santé d'utiliser certains matériels tels les systèmes de conservation de vaccins, du sang et l'utilisation des machines dans les laboratoires d'analyse. "L'énergie et l'accès aux services relatifs à l'énergie sont directement liés au bien-être des femmes et des enfants. Pour le bénéfice de tous, nous devons mettre fin à la pauvreté énergétique sur notre continent", a insisté Kandeh Yumkella, le représentant spécial des Nations Unies et directeur exécutif de SE4ALL.
Cette initiative SE4ALL a été lancée par le Secrétaire général de l'ONU dans le but d'atteindre trois objectifs principaux d'ici 2030 : assurer un accès universel à des services énergétiques modernes; doubler le taux global d'amélioration de l'efficacité énergétique et doubler la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique global. Quelque 80 gouvernements se sont engagés, dont ceux de 42 pays africains. La BAD héberge la plateforme africaine de l'énergie durable pour tous, depuis mai 2013.
Certes, les statistiques officielles montrent qu'au Rwanda le secteur des énergies renouvelables reste dominé par les barrages hydroélectriques dans ce pays des Grands Lacs où environ 18% de la population a accès à l'énergie. La ministre d'Etat de l'énergie et de l'eau, Emma Françoise Isumbingabo, a souligné que tout est mis en œuvre pour atteindre les objectifs ambitieux du gouvernement du Rwanda d'électrifier le pays à hauteur de 70% d'ici à 2017.
Les experts de la BAD estiment qu'il y aura besoin de mobiliser une enveloppe supplémentaire d'environ 20 milliards de dollars par an, par rapport aux investissements actuels pour atteindre l'objectif de l'accès universel à l'énergie d'ici l'an 2030 en Afrique. « Cela reste l'un des défis à relever à l'heure où la BAD s'apprête à commémorer ses 50 ans d'existence », a déclaré Daniel Schroth, le coordinateur de la plateforme SE4ALL en Afrique.