Les Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) ont débuté ce lundi 19 mai 2014 à Kigali avec au programme, une série de conférences, rassemblant de nombreuses personnalités africaines, issues du monde politique, de la société civile et du secteur privé.
Le mercredi 21 mai, s'est tenue une session intitulée «Prestation de services» avec comme membres du panel, Mo Ibrahim, président et fondateur de la Fondation Mo Ibrahim Ngozi Okonjo-Iweala, ministre nigériane des finances et de la coordination économique, Festus Mogae, ancien Président du Botswana et Richard Konteh, Directeur de Cabinet à la Présidence de la Sierra Leone.
Cette session avait pour but de réfléchir sur le rôle des dirigeants africains et de la gouvernance dans la prestation des services, l'accomplissement de résultats tangibles, le partage des expériences diverses et la poursuite de la transformation du continent africain.
Selon Festus Mogae, l'Afrique a accompli d'énormes progrès ces dernières années, mais beaucoup reste à faire, notamment en matière d'énergie. Il a insisté sur le fait que l'eau, indispensable à la santé et à la nutrition, devrait être accessible à tous. Ce qui n'est pas encore le cas dans de nombreux pays. Il ajoute : «Certains états ont tendance à investir excessivement dans la sécurité et l'armée, au détriment d'autres secteurs prioritaires pour les populations.»
Pour ce qui concerne la question liée au développement de l'Afrique, Mo Ibrahim a souligné les progrès enregistrés. Cependant, il juge un peu trop lent ce progrès, par rapport à la croissance démographique exponentielle. «Il est indéniable que nous sommes en train d'avancer. Nous disposons aujourd'hui de données récoltées sur une période de 12 ans, qui démontrent que les choses évoluent positivement en Afrique. »
Pour sa part, Mme. Ngozi a averti que ces données sont parfois erronées et mal utilisées. Elle souligne l'importance d'une croissance rapide mais de bonne qualité. «Une croissance qui n'a aucun impact sur les populations, ne sert qu'à enrichir les entreprises et gouvernements, » indique-t-elle.
Le ministre Richard Konteh, s'est, quant à lui, fait écho de l'exemple enrichissant de la Sierra Leone, qui a permis au pays, de garantir l'œuvre de reconstruction en mettant en place un système efficace de «contrats de performances». « Ces derniers, signés entre chaque dirigeant et le président sont évalués trimestriellement et les ministres également é valués selon leur performance. Ce mécanisme d'évaluation - qui implique un système de sanctions et de récompenses - permet de contrôler l'efficacité des différents ministères », a-t-il précisé. « Par ailleurs, a-t-il dit, la décentralisation et la coopération avec le secteur privé est indispensable pour fournir un service de qualité, à condition de s'assurer que chaque niveau est en mesure de répondre à la demande. »
Le rôle des citoyens dans le développement a été souligné par Mo Ibrahim. «La société civile est très importante pour garantir l'honnêteté et l'obligation de résultats des dirigeants». Il ajoute, «le rôle de la société civile n'est pas uniquement de critiquer mais aussi de pouvoir proposer des pistes de réflexion ».
Pour conclure, l'ancien président Mogae a rappelé la nécessité pour les pays africains de collaborer afin d'améliorer la qualité des services de façon générale. «Personne en doit être laissée à l'écart dans nos pays, c'est pourquoi nous devons mettre le maximum d'efforts pour rendre un service efficient.»