La première journée des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) a débuté le 19 mai 2014 à Kigali, au Rwanda par un débat sur le thème « Le suivi des progrès accomplis par l’Afrique ».
Plantant le décor de la rencontre, le modérateur, Javier Blas, rédacteur au quotidien britannique ‘Financial Times’ a souligné le manque persistant d’informations et de statistiques empêchant de suivre les progrès accomplis dans de nombreux domaines comme la santé, l’éducation, les questions sociales et l’adoption de politiques. Et au fil des années, de nombreux pays africains ont redoublé d’efforts pour collecter davantage de données, mais la diffusion rapide de ces données auprès de leurs utilisateurs continue de poser problème.
Ce problème doit être résolu d’urgence, vu l’essor progressif de la croissance africaine et sa meilleure position mondiale. Lors de sa présentation sur les résultats du Programme de comparaison internationale pour l’Afrique (PCI), le Directeur du département des statistiques de la BAD, Charles Leyeka Lufumpa, a présenté des données relatives aux économies africaines.
Il a expliqué que les cinq premières économies du continent, à savoir le Nigéria, l’Afrique du Sud, l’Égypte, l’Algérie et le Maroc, représentaient à elles seules la plus grande part du PIB africain, tandis que les plus petites économies, à savoir la République démocratique du Congo, la Somalie et le Burundi, ne représentaient pas 1 % du PIB africain. « La place de l’Afrique dans l’économie mondiale s’est légèrement améliorée, puisque le continent est passé de 4,5 % en 2011 à 5 % en 2013. L’Afrique occupe actuellement la quatrième place dans l’économie mondiale, après avoir dépassé l’Asie de l’Est. »
Suite à un exercice sur le PIB en Afrique, le Nigéria a pris la tête du classement économique du continent africain. L’Angola est le pays le plus cher, tandis que des pays comme l’Égypte, l’Éthiopie, l’Ouganda et la Tanzanie connaissent généralement les prix les plus bas du continent. L’Éthiopie et l’Ouganda, en particulier, affichent les prix les plus bas pour les denrées alimentaires.
« Cette comparaison sert à mesurer la taille de nos économies, ainsi que le bien-être des ménages. Elle s’avère utile pour suivre nos progrès, car elle nous aide à harmoniser nos politiques économiques dans le cadre de l’intégration régionale », a indiqué Lufumpa.
Lufumpa a ensuite ajouté que le PCI fournissait des informations qui pouvaient servir à encourager les échanges commerciaux intra-africains, qui sont relativement faibles.
Le Directeur général de Prognoz, Vladimir Eskin, a évoqué les nouvelles de l’autoroute de l’information en Afrique (AIA) de la BAD, un outil qui encourage les pays à diffuser un maximum de données. « Nous avons ouvert une plate-forme Open Data, afin que les pays disposent d’une plate-forme uniformisée où ils peuvent publier toutes leurs statistiques », a expliqué Eskin. En outre, l’initiative « e-gouvernement » encourage les pays à publier toutes leurs données au même endroit.
Au sujet de l’importance des statistiques, le directeur de l’Institut national rwandais de la statistique, Yusuf Mago Murangwa, a fait remarquer que « nombre de pays africains n’accordent pas aux statistiques l’importance qu’ils devraient ». Il a également insisté sur le fait que disposer de statistiques sans les diffuser, sans exploiter les données importantes recueillies, constituait une occasion manquée. Et qu’il était alors difficile de justifier le coût de la collecte et de la publication des données.
Murangwa a expliqué que les gouvernements africains devraient faire davantage d’efforts pour publier des chiffres exacts, « parce que les décideurs politiques et les partenaires commerciaux ont besoin de ces données, qui les aident à identifier les occasions à saisir. Au Rwanda, nous tenons à recueillir des statistiques et à les transmettre aux décideurs politiques afin d’accélérer la croissance économique de notre pays. »