Le Conseil d’administration du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) a approuvé, le 18 juin 2014 à Tunis, la nouvelle stratégie de la BAD visant à « remédier à la fragilité et renforcer la résilience en Afrique (2014-2019) ». La stratégie a pour objectif de placer l’institution au centre des initiatives en Afrique, en vue de remédier à la fragilité et de faciliter un cadre de développement plus résilient et plus inclusif.
Ces dix dernières années, l’Afrique a connu une croissance et une transformation phénoménales, qui ont étendu les possibilités et amélioré les conditions de vies de plusieurs millions de personnes. Toutefois, comme l’indique le rapport du Panel de haut niveau sur les États fragiles de la BAD, les risques que d’importantes pressions freinent cet élan sont grands – y compris les schémas persistants d’exclusion et de pauvreté, le chômage, le changement climatique et une mauvaise gestion des ressources naturelles.
Les discussions des Chefs d’États africains actuels et anciens, au cours des Assemblées annuelles du Groupe de la BAD à Kigali au Rwanda en mai 2014, ont souligné le fait qu’aucun pays n’était à l’abri de la fragilité. Les décideurs politiques ont mis l’accent sur le rôle essentiel des dirigeants, les sources multiples de la fragilité, la dimension politique des conflits et les capacités limitées des institutions pour mettre en place des mécanismes en faveur d’un dialogue et d’une réconciliation.
De son côté, la BAD a appelé au renforcement de son rôle de leader dans ce contexte et à la mobilisation des efforts régionaux et internationaux pour relever les défis du développement que pose la fragilité. Compte tenu des risques élevés de débâcle institutionnelle, d’effondrement du tissu social ou de conflit violent que pose la fragilité, la BAD reconnaît que la fragilité ignore les frontières des États.
« La Banque africaine de développement maintient son engagement sur l’ensemble des situations fragiles, en faisant appel à tous les instruments à disposition et en consacrant ses ressources aux domaines où elle peut avoir le plus grand impact », a déclaré le président Donald Kaberuka, qui présidait le conseil.
À ce propos, les échanges avec le secteur privé et la société civile dans des situations fragiles constitueront un aspect majeur de l’engagement de la Banque. La BAD renforcera également son engagement dans quatre régions qui sont particulièrement à risque : la Corne de l’Afrique, le Sahel, l’Union du fleuve Mano et la région des Grands lacs et d’Afrique centrale.
« Il n’existe pas de solution toute faite pour remédier à la fragilité et renforcer la résilience en Afrique. La Banque africaine de développement s’engagera donc dans un processus d’« apprentissage par la pratique », conjointement avec ses pays membres régionaux, le secteur privé et la société civile », a indiqué Sibry Tapsoba, directeur du département États fragiles à la BAD.
En réalité, la fragilité a des répercussions retentissantes qui risquent de compromettre les perspectives de développement pour des régions entières. Par conséquent, cette stratégie adopte une nouvelle approche conceptuelle, qui consiste à se pencher sur les situations fragiles plutôt que sur les États fragiles, et aborde la fragilité dans une perspective régionale.
Ancrée dans la Stratégie décennale du Groupe de la BAD et dans les principes du « New Deal » pour l’engagement dans les États fragiles (Busan 2011), l’approche proposée est menée par les pays et s’appuie sur des partenariats et des alliances stratégiques solides.