Le Conseil d'administration de la Banque africaine de développement (BAD) a approuvé, le 26 juin 2014, un prêt de 75 millions de dollars EU en faveur de l'Entreprise tunisienne d'activités pétrolières (ETAP). Ce prêt non souverain à l'ETAP, entreprise publique chargée de l'exploration et de la production de pétrole et de gaz en Tunisie, est destiné à financer le projet de gazoduc dans le Sud tunisien, dit "Nawara".
Le projet Nawara porte sur la construction d'installations de transport et de traitement du gaz, pour mettre sur le marché le gaz délaissé et associé du Sud de la Tunisie (concession de Nawara et autres). Le projet comprend :
Une unité de compression et de traitement (UCT), qui recueillera le gaz reçu de tous les gisements méridionaux, aux fins de compression avant transport du gaz commercial via le gazoduc et l'oléoduc de la TRAPSA, pour ce qui est des condensats ;
Un gazoduc de 28 pouces de diamètre et d'une longueur de 370 km pour l'exportation du gaz riche, des condensats et des produits commerciaux, avec une capacité nominale de 10 millions de m3/jour ;
Une usine de traitement de gaz (UTG) située sur la côte, dans la zone industrielle de Ghannouch, près de Gabès, pour la fabrication de produits commercialisables (gaz naturel, propane et butane).
Le projet sera développé par une joint venture (JV) détenue à parts égales par l'ETAP et OMV Gmbh, la succursale tunisienne de OMV Autriche, laquelle est la plus grande entreprise industrielle cotée d'Autriche et le premier groupe énergétique d'Europe centrale et du Sud-est.
A ce jour, en Tunisie, plus de 90 % de la production d'électricité provient du gaz naturel. Quasi la moitié du gaz nécessaire pour produire cette électricité est importée, via un gazoduc. Par ailleurs, le gazoduc existant, qui relie la région du Sahara où se trouvent la plupart des ressources en hydrocarbures à la zone industrielle de Gabès, a atteint ses limites en termes de capacité. Du coup, le déficit énergétique pourrait se creuser davantage si des investissements supplémentaires ne sont pas opérés dans les infrastructures.
Le projet Nawara contribuera à réduire les importations de gaz et à accroître les exportations d'hydrocarbures. Fait plus important encore, le projet constitue l'épine dorsale du réseau de l'infrastructure gazière et jettera les bases de la mise en valeur des ressources en hydrocarbures pour assurer une suffisance énergétique à l'avenir.
Le projet devrait apporter de la valeur ajoutée aux ressources naturelles locales, réduire les importations actuelles de gaz, consolider les infrastructures énergétiques de la Tunisie, en plus de bénéficier aux petites et moyennes entreprises locales et nationales, grâce à l'externalisation d'activités. Il y aura d'avantages pour la Tunisie, l'une des principales parties prenantes, dans la mesure où ce pays pourra renforcer sa résilience macro-économique grâce aux économies de devises réalisées dans le cadre de la substitution des importations (3 milliards de dollars EU) et aux recettes générées au profit de l'État (1,1 milliard de dollars EU). L'amélioration de l'infrastructure de transport de gaz encouragera l'intensification des investissements directs étrangers dans l'exploration et la mise en valeur des gisements de pétrole et de gaz dans la région méridionale. Enfin, Le projet devrait créer une centaine d'emplois environ pendant sa phase d'exploitation.