Alors que les autorités sanitaires tirent la sonnette d'alarme, craignant que l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest ne se mue en pandémie, le président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), Donald Kaberuka, a appelé à accroître l'aide.
Avec pour objectifs d'offrir aux nations les plus sévèrement touchées des infrastructures plus performantes et une reprise plus vigoureuse. Donald Kaberuka a profité des réunions d'automne de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international qui se tiennent cette semaine, pour déclarer : « Je suis convaincu que le virus Ebola sera cantonné dans le périmètre de son épicentre actuel, pourvu que nous employions tous les moyens à notre disposition. »
Le virus Ebola a occupé le devant de la scène au beau milieu d'une série de pourparlers de haut niveau consacrés à la réduction de la dette, aux politiques d'emprunt et à la flexibilité fiscale. Les ministres des Finances, responsables des banques centrales et autres hauts décideurs ont renforcé les plans mis en place pour vaincre la maladie.
La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a refusé de critiquer les déficits budgétaires en hausse des pays les plus affectés, à savoir la Sierra Leone, le Libéria et la Guinée : « Pour une fois, juste pour une fois, ça ne pose aucun problème, a-t-elle déclaré. Il est des circonstances dans lesquelles on peut revoir les normes habituelles. »
Un pas dans la bonne direction, dont s'est félicité le président de la BAD. Si les économies des États fragiles touchés par le virus Ebola sont soumises à davantage de contraintes, a-t-il mis en garde, la situation ne fera qu'empirer. Et d'ajouter : « Ce qui me fait le plus peur, c'est l'effet de la psychose qui s'installe parmi les investisseurs » dans ces pays.
Jeudi matin 9 octobre, Donald Kaberuka a déclaré à la télévision Al Jazeera English que le moyen de bloquer la vague de panique, qui s'est emparée des investisseurs, des touristes, des agents de santé et de tout un chacun, consisterait à faire cesser les « scénarios apocalyptiques ».
Pour le président de la BAD, « le fait que la communauté internationale réagisse [à l'épidémie d'Ebola] avec cinq mois de retard pose problème ». Et de souligner que la mauvaise gestion de cette maladie ne saurait constituer le nouveau scénario de l'Afrique. Au cours d'une présentation au Center for Global Development, Donald Kaberuka a martelé, face à une salle comble : « L'Afrique, ce n'est pas juste 54 pays. C'est plus complexe que cela. »
Le continent est aussi plus complexe que l'épidémie d'Ebola, qui a retenu l'attention du monde entier. S'il a tenu à déclarer que la riposte initiale s'était faite « trop lente, trop timide et trop tardive », Donald Kaberuka a précisé qu'il restait optimiste et que le rétablissement de l'Afrique restait, pour lui, un objectif parfaitement réaliste. « Malgré le virus Ebola, a-t-il dit, je suis optimiste pour l'Afrique, du fait de la vigueur de ses grands paramètres économiques ».
Les réunions d'automne de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international se poursuivront tout au long de ce week-end.