Les gouvernements africains et tous les acteurs nationaux doivent saisir les opportunités croissantes que la technologie et l'innovation ont à offrir pour le développement humain et la transformation du continent.
En effet, la faiblesse actuelle des compétences technologiques demeure l'une des contraintes majeures dans les initiatives de l'Afrique pour parvenir à un développement durable.
Ce problème a été souligné samedi, lors de la séance d'ouverture de la Conférence économique africaine de cette année, organisée sur le thème « Savoir et innovation pour la transformation de l'Afrique », qui se déroule du 1er au 3 novembre, à Addis-Abeba en Éthiopie.
Dans son discours liminaire, Demitu Hambissa, la ministre éthiopienne des Sciences et de la Technologie, a fait remarquer que le rythme du développement et des innovations en matière de compétences et de technologies a été lent en Afrique, principalement du fait de l'absence d'une masse critique de main-d'œuvre diplômée dans les technologies pratiques.
À ceci s'ajoute un manque de laboratoires et d'équipements scientifiques de qualité, à l'indisponibilité de financements à long terme et à la faiblesse des initiatives du secteur privé.
« Pour soutenir la croissance économique impressionnante que l'Afrique a connue ces dix dernières années, les décideurs de la région doivent se focaliser sur les meilleures pratiques et en tirer des leçons pour la promotion de transferts de technologies et l'identification des principaux obstacles et lacunes en matière d'innovation, afin d'augmenter la productivité et de parvenir à une transformation structurelle de ses économies », a déclaré Mme Hambissa.
Le thème de la CEA 2014, « Savoir et innovation pour la transformation de l'Afrique », s'inspire de l'Agenda 2063 de l'Union africaine et de la Position commune africaine sur son Agenda de développement post-2015, qui identifient les sciences, les technologies et l'innovation comme les axes majeurs du développement de l'Afrique.
« Nous avons besoin de compétences, de technologies, de connaissances et d'innovation pour assurer une gouvernance démocratique et réceptive, capable de fournir des services publics efficaces et de faciliter l'accès universel aux services essentiels, comme l'alimentation et la nutrition, l'eau et l'assainissement, un abri, la santé et l'éducation », a indiqué Nkosazana Dlamini Zuma, la Présidente de la Commission de l'Union africaine.
Elle a par ailleurs souligné la nécessité de renforcer l'enseignement supérieur dans les universités, où le taux des inscriptions a augmenté de 16 pour cent ces dix dernières années.
« Nous devons tous soutenir le sommet des universités prévu à Dakar au Sénégal en mars l'an prochain, afin de nous assurer de disposer d'une stratégie pour investir dans l'enseignement supérieur... pour empêcher l'absurdité que représente le chômage des diplômés », a déclaré Mme Zuma.
Selon les organisateurs, alors que le continent continue de mettre en place son agenda en faveur « d'une Afrique intégrée, prospère et pacifique, tirée par ses propres citoyens, et représentant une force dynamique à l'échelle internationale », le succès dépendra de l'acquisition suffisante de savoir-faire, de technologies et de compétences pour les besoins d'innovation.
« Les capacités ne sont pas synonymes de compétences. Nous disposons de beaucoup de capacités, mais nous avons besoin de compétences », a déclaré Carlos Lopes, Secrétaire général adjoint des Nations Unies et Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Afrique, en soulignant la nécessité de développer les compétences pour transformer la croissance en une croissance de qualité sur le continent.
Il a mis en avant le besoin de renforcer les compétences pour des prises de décision stratégiques, pour une amélioration des activités économiques productives et pour une absorption et une génération proactives des technologies axées sur le savoir.
La réserve de diplômés de l'Afrique est encore très fortement tournée vers les lettres et les sciences sociales, alors que la part d'étudiants qui s'inscrivent dans les sciences, les technologies, l'ingénierie et les mathématiques représente généralement moins de 25 pour cent, selon les mémoires diffusés avant la conférence.
Dans ses remarques, Steve Kayizzi-Mugerwa, économiste en chef et Vice-président de la BAD, a fait observer que l'accumulation adéquate de savoir-faire, de technologies et de compétences en faveur de l'innovation est essentielle à la transformation de l'Afrique.
Il a souligné le fait que, malgré le constat de la plupart des gouvernements quant à l'importance de la génération de savoir et d'innovation, la mise en œuvre de stratégies visant à combler le fossé des compétences dans des domaines qui sont vitaux pour la réalisation de l'objectif de transformation structurelle est encore déficiente.
« L'innovation n'arrive pas par hasard ou dans un vide. On ne peut pas légiférer sur l'innovation ; il faut des mesures politiques délibérées, des catalyseurs, des encouragements positifs et un esprit d'entreprise pour la réaliser », a confié Eugène Owusu, le représentant résident du PNUD pour l'Éthiopie.
« L'essor et le soutien de l'Afrique résurgente passent par des solutions intelligentes, ancrées dans le savoir et l'innovation », a déclaré M. Owusu.
La conférence comprendra des séances plénières et des ateliers, au cours desquels des universitaires, des décideurs, des gens d'affaires (y compris des entrepreneurs et des jeunes des secteurs des technologies et du numérique qui émergent) et des leaders d'opinion, ainsi que des représentants d'organisations de pairs, effectueront des présentations et mèneront des discussions.
Les séances en atelier impliqueront des analyses approfondies et techniques des questions les plus marquantes issues de l'orientation thématique de la conférence.
Enfin, les sous-thèmes permettront d'organiser un vaste éventail de discussions sur l'état actuel des capacités de transformation de l'Afrique, et ils fourniront des informations précieuses pour améliorer les prises de décision. Parmi les sous-thèmes figurent : « Produire des connaissances pour la transformation culturelle », « Les technologies pour la transformation de l'Afrique » et « Combler le déficit de compétences ».