L'Afrique enregistre depuis une décennie un taux de croissance régulier d'environ 6%. Mais des signaux contraires émergent et font douter de la continuité de cette tendance ; entrainant même le pessimisme chez certains analystes pour les années à venir. Pour sa part, le président de la Banque africaine de développement (BAD), Donald Kaberuka, ne partage pas cet afro pessimisme. Il l'a fermement indiqué lundi 16 mars 2015 à Genève, à l'ouverture de l'Africa CEO Forum 2015. Cette plateforme de rencontre de chefs d'entreprises, de responsables du monde de la finance et de décideurs politiques du continent est organisée par le Groupe de presse Jeune Afrique, avec le soutien de la BAD.
Intervenant à la cérémonie d'ouverture et au cours d'un panel sur le thème « Quelles trajectoires de croissance pour les économies africaines ? », le président de la BAD s'est, comme bien d'observateurs, posé la question de savoir si la période faste de croissance était en train de prendre fin, au vu de la chute du prix des matières premières, de l'inversion de la tendance dans certains pays émergents et de la crise Ebola que l'Afrique de l'ouest traverse.
En réponse, il a cité la situation de la crise financière de 2008-2009 et les efforts engagés par la BAD et ses partenaires africains pour y faire face. Choses qui ont permis au continent de faire preuve d'une grande résilience et même d'assurer la meilleure croissance économique dans le monde. Une manière pour Kaberuka de dire que face à toute crise, il faut savoir prendre les mesures et réformes appropriées. « Je suis aussi optimiste aujourd'hui qu'hier et je le suis pour demain », a-t-il déclaré.
Le président de la BAD se veut toutefois réaliste, affirmant : « Rien n'est gagné d'avance. Dans les pays aux différentes nuances, tout dépend de ce que les pouvoirs publics feront ou ne feront pas. Et d'ajouter que les pays qui progresseront sont ceux qui feront des efforts spéciaux pour assurer la stabilité politique, mettront en place les infrastructures énergétiques et lèveront les barrières non tarifaires.
Parlant plus précisément des conditions pour une croissante forte en Afrique, il a souligné l'importance de la prédictibilité tant en matière d'investissement qu'en politique, de l'établissement de la confiance entre les gouvernements et les populations ainsi que de la fourniture d'énergie, sans laquelle il ne saurait y avoir de croissance.
Participaient également au panel le vice-président de la Banque mondiale pour la région Afrique, Makhtar Diop, et le Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique, Carlos Lopes.