« Comment l'Etat ivoirien et le secteur privé peuvent-ils conjuguer les efforts, visant à attirer des investissements, mobiliser des capitaux et financer les entreprises, pour garantir la marche du pays vers l'émergence en 2020 ? »
C'est pour répondre à cette problématique, que le gouvernement ivoirien, en partenariat avec le Groupe de la BAD et la Banque mondiale, a organisé, lundi 27 avril 2015 à Abidjan, la Journée Nationale de Partenariat (JNP) Etat-Secteur privé, pour évaluer les engagements de l'Etat, faire le bilan des actions communes et élaborer un plan plus ciblé visant à bâtir une économie ivoirienne prospère.
Répondant à l'appel du Premier ministre (PM) ivoirien, Daniel Kablan Duncan, plus de 1500 participants, comprenant des responsables gouvernementaux, des secteurs public et privé, des ambassadeurs, des partenaires au développement, des experts de la BAD et de la Banque mondiale, des représentants de la société civile, des chefs traditionnels, sont venus écouter les exposés pertinents, susceptibles de renforcer le rôle et l'influence du partenariat Etat-secteur privé.
La conférence, sous le thème : «L'Etat et le secteur privé en marche vers l'émergence », avait également pour objectif, de tracer de nouvelles perspectives et d'élaborer un cadre d'échanges novateurs, pour permettre à l'Etat et au secteur privé de mutualiser leurs efforts dans la dynamique de l'émergence 2020.
Tous les intervenants ont souligné le rôle joué par le Groupe de la Banque dans le développement du secteur privé en Côte d'Ivoire, en déployant l'ensemble de ses moyens financiers et techniques. La JNP a été marquée par la contribution de la BAD. Elle s'est particulièrement enrichie de l'exposé très apprécié d'Issa Faye, chef de division, département de la recherche sur le développement de la BAD, lors des discussions du panel sur «l'Inclusion financière, levier pour le développement des PME.»
Pour le ministre d'Etat, ministre du Plan et du Développement, Albert Mabri Toikeusse, représentant le PM, le thème très évocateur, requiert l'engagement de l'Etat et du secteur privé, car, atteindre l'émergence 2020 est un défi de taille. Pour lui, il faut développer les infrastructures économiques (construire les infrastructures de base, l'énergie), améliorer le capital humain (renforcer le système éducatif, avec un perfectionnement plus accru des capacités), assainir l'environnement des affaires, promouvoir l'emploi et œuvrer pour le dynamisme du secteur privé.
«Le secteur privé ivoirien connait une série de défis sans précédent à sa croissance et sa compétitivité, permettant aux PME d'accéder aux financements et de créer des emplois pour une économie performante et pérenne,» a déclaré Jean-Kacou Diagou, président de la Confédération Générale des Entreprises de Côte d'Ivoire, soulignant que « les acteurs doivent jouer pleinement leur rôle pour permettre au pays d'aller loin et vite à l'émergence. »
Le vice-président p.i. de la BAD, chargé des programmes-pays et régionaux, Janvier Litsé, a noté la place centrale qu'occupe le développement d'un secteur privé fort et créateur d'emplois dans le programme du gouvernement (PND) de Cote d'Ivoire. Il rappelle que le PND a bénéficié de l'appui de la BAD, pour poser les jalons de la croissance forte que connaît l'économie ivoirienne, pour atteindre l'émergence.
La mise en œuvre effective du PND, va-t-il faire observer, a permis la croissance économique forte que la Cote d'Ivoire connait, la restauration et la construction d'infrastructures et d'orchestrer la transformation structurelle de l'économie, redonnant ainsi à la Côte d'Ivoire son rôle de leadership régional.»
Le vice-président Litsé a également insisté sur le rôle des PME dans développement durable, dans la mesure où elles contribuent aux différentes dimensions de celui-ci, notamment la lutte contre la pauvreté, l'intégration des femmes dans le monde de l'entreprise. Pour lui, l'accélération de l'urbanisation, avec son corollaire de besoins importants à satisfaire tels la construction de logements et les services de tout ordre, représente de grandes opportunités pour les PME.
Cependant, note-t-il, les PME disposent de moyens très limités. «Les PME sont aussi des agents économiques fragiles qui n'ont pas toujours les moyens de résister aux chocs d'envergure. Quand elles ne fédèrent pas leurs ressources, elles ont un pouvoir de négociation limité, ce qui accroît leurs difficultés d'accès au financement et au transfert de technologie,» observe-t-il, engageant les différents acteurs à œuvrer pour un meilleur accès au financement des PME. « La Côte d'Ivoire peut compter sur la BAD pour la mise en œuvre de solutions innovantes pour l'émergence 2020,» a conclu Litsé.
La Banque est très présente aux côtés de la Côte d'Ivoire. Rappelons que l'institution a élaboré une fiche-pays 2011-2012 définissant une stratégie de réengagement rapide à travers son guichet de financement concessionnelle, dénommé FAD et en conformité avec la Facilité en faveur des Etats fragiles.
Ce guichet a par ailleurs financé le projet d'appui institutionnel multisecteur de sortie de crise, et reçu en juillet 2013 l'un des deux prix d'excellence décernés à la Banque par le Gouvernement américain.
Le vice-président Litsé rappelle également deux gages importants de la présence de la Banque aux côtés de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens : le retour effectif de la Banque et de son personnel à son siège historique d'Abidjan, et la construction du Pont Henri Konan Bédié, un joyau technique et architectural, résultat de la collaboration fructueuse entre l'Etat et le secteur privé, et dont la Banque a arrangé le financement et contribué à hauteur de plus de 38 milliards de FCFA.
Entre 2012 et 2014, c'est à hauteur de 280 milliards CFA que la Banque a contribué au financement du secteur privé ivoirien.
C'est donc au travers de son action directe à l'égard des PME et indirect au niveau de l'écosystème environnemental que la Banque compte continuer à accompagner les progrès de la Côte d'Ivoire.