« Approfondir les marchés obligataires africains », est le thème autour duquel, des spécialistes en la matière, ont échangé, en marge des assemblées annuelles du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), à Abidjan, du 25 au 29 mai 2015.
Organisée par la BAD, la rencontre était une plateforme d'échange d'expériences entre spécialistes africains et du monde, sur le rôle vital des emprunts obligataires dans les économies africaines.
Le continent, faut-il le rappeler, a connu une décennie marquée par des améliorations sensibles dans la gestion des finances publiques, et il est désormais nécessaire de tirer parti de nouveaux moyens de mobilisation des ressources à l'intérieur du système financier national.
Une telle initiative implique par conséquent un renforcement du rôle des marchés obligataires intérieurs. Dans cette optique, la BAD a lancé des solutions novatrices et adaptées, telles que le Fonds obligataire domestique africain (ADBF), l'Indice des obligations fondamentales africaines (AFBI), qui permet aux investisseurs à long terme de diversifier leurs portefeuilles d'investissement.
En collaboration avec Bloomberg, la BAD a lancé l'indice des obligations africaines (ABABI), qui est un indice composite pondéré fondé sur des règles reposant sur les valeurs du marché calculé par Bloomberg.
Lors de la discussion du panel, Thiam Hee Ng, économiste sénior à la Banque asiatique de développement (ADB) s'est appesanti sur l'historique de l'emprunt obligataire dans le continent asiatique. « A cause de la crise financière qui a secoué nos pays, nous avons développé cette alternative d'emprunt obligataire avec des échéances plus brèves contrairement aux banques classiques », a-t-il dit. Ce système, selon lui, a été mis en place par onze (11) banques centrales de l'Asie. Il s'agit, selon lui, de diversifier les financements mais surtout de développer un marché commun.
Le fonds, a-t-il poursuivi, a permis d'amener un grand nombre de participants au marché obligataire et les petits investisseurs pouvaient être attirés. Ce fut une action abordable et attractive, selon l'expert financier. L'idée des responsables, selon lui, était d'accroître la liquidité en créant ce fonds. Il a conclu que beaucoup d'efforts ont été faits en Asie pour encourager le marché obligataire avec la participation du secteur privé. De son côté, William Mast de Bloomberg est revenu sur les 35 ans de sa société en insistant sur la transparence dans les actions à mener auprès du public. Selon lui, dans un emprunt obligataire, tout le processus doit être parfait, car il y a des exigences. Aussi, a-t-il ajouté, « il faut nécessairement avoir des connaissances locales. »
Paul-Harry Aithnard, directeur de la recherche du groupe bancaire Ecobank a, quant à lui, souligné l'utilité de ce que fait Bloomberg. A Ecobank, poursuit-il, « nous essayons d'introduire un indice obligatoire ».
Concernant l'épargne, Paul-Harry Aithnard a expliqué la nécessité de stimuler l'épargne, pour booster le développement du continent. A titre d'exemple, a-t-il dit, Ecobank compte 10 millions d'épargnants. « La Diaspora pourrait être d'un grand apport si elle est sensibilisée à cette fin, » insistera-t-il.
Pour Arunma Oteh, directrice générale de la Commission de régulation des marchés du Nigéria, « les réalisations de la BAD et de Bloomberg, doivent nous pousser à réussir les marchés obligataires. » Selon elle, il y a beaucoup d'innovations à proposer aux investisseurs. « Il faut des instruments fiables pour attirer les investisseurs », a-t-elle ajouté.
Au cours des interventions, les nombreuses questions ont tourné autour des obstacles, des progrès réalisés, des défis liés au développement du marché africain. Elles ont également porté sur le partage d'information, ainsi que la sensibilisation des populations, en vue de les rassurer sur leurs fonds confiés à l'Etat et au privé.
Cette rencontre a permis aux uns et autres de prendre conscience du rôle des marchés obligataires en monnaies locales, de mieux comprendre le rôle clé que les indices peuvent jouer dans l'instauration de la transparence dans les marchés obligataires en monnaies locales en Afrique. La sensibilisation à bas âge sur l'épargne a été aussi recommandée.
Clôturant le panel, Stella Kilonzo, chef de division des marchés financiers à la BAD s'est félicitée de ce que les participants ont eu des discussions assez riches. « Les défis sont là, mais des solutions existent et un grand bond a été fait », a-t-elle dit.