«Chaque année, la corruption fait perdre 148 milliards de dollars à l'Afrique. Pensez au nombre de continents que l'on pourrait éclairer avec ce montant!», a déclaré Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD).
Il s'exprimait le mercredi 9 décembre, au siège de l'institution à Abidjan, au cours d'une manifestation placée sous le thème «Rompre la chaîne de la corruption» pour marquer la Journée internationale de lutte contre la corruption.
Adesina a précisé que le coût pour éclairer l'Afrique et lui apporter de l'énergie s'élèvera à 55 milliards de dollars annuellement, et que l'argent à cet effet est disponible, au vu des 82 mille milliards de dollars dont dispose le continent en ressources non découvertes. Cependant, à cause de la corruption, le continent vit toujours dans l'obscurité. «Le coût de la corruption est considérable. Celle-ci plonge le continent entier dans l'obscurité. À cause de la corruption, l'Afrique est davantage connue pour son obscurité que pour sa lumière. Il importe de comprendre les incidences négatives de la corruption sur le continent», a souligné le responsable de la BAD.
Il a fait remarquer que des dizaines de millions d'Africains sont obligés d'étudier sans bénéficier d'une lumière convenable, que 700 millions d'Africains n'ont pas d'accès à de l'énergie de cuisson propre et que 600 000 personnes - dont 50 pour cent de femmes - meurent chaque année à cause de ce manque d'énergie de cuisson propre. «Il faut y voir un signe de la défaillance de nos gouvernements», a-t-il affirmé.
Appelant à un renforcement des institutions pour affronter la corruption, Adesina a lancé la mise en garde suivante : «Si les mauvais comportements n'entraînent pas de conséquences, ils ne feront que perdurer».
Une des mesures actuellement préconisées pour combattre la corruption consiste à instituer des politiques de dénonciation, tout en garantissant la protection des dénonciateurs. L'Organisation pour la coopération et le développement économiques considère que protéger les dénonciateurs contre des représailles pour avoir signalé des activités de corruption suspectées fait partie intégrante des efforts visant à combattre la corruption, à relever la reddition de comptes, à défendre l'intégrité et à promouvoir un environnement sain pour les affaires.
Pour réaliser les nouveaux Objectifs de développement durable, qui visent à mettre fin à la pauvreté, on estime qu'il sera crucial de sévir contre la corruption.
Dans le message qu'il a prononcé à l'occasion de la Journée internationale de lutte contre la corruption, Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que «le nouveau Programme 2030 pour le développement durable, qui est notre plan pour éliminer la pauvreté et assurer la dignité de vie pour tous, reconnaît la nécessité de combattre la corruption sous toutes ses formes et appelle à des réductions significatives des flux financiers illicites et au recouvrement des actifs volés».