Il est largement reconnu que l'Afrique est le continent le plus touché par les problèmes de fragilité qui menacent de ralentir et même inverser les perspectives de développement des pays et des régions entières. Les perspectives d'atteindre les Objectifs de développement durable en Afrique sont hypothéquées si nous ne remédions pas à la fragilité.
Au niveau du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), nous reconnaissons que les questions de fragilité varient selon les pays, et les coûts ne sont pas limités à certains pays, mais sont supportés par des régions entières. L'exclusion, la pauvreté, le chômage, la forte migration et les flux de réfugiés, l'urbanisation rapide, les changements climatiques et la mauvaise gestion des ressources naturelles, présentent tous un risque de submerger les capacités des Etats africains.
En nous appuyons sur notre expérience d'interventions dans des contextes fragiles, la BAD a été parmi les premiers partenaires techniques et financiers à abandonner la pratique consistant à dresser une liste des «États» fragiles. Nous approchons la fragilité comme un « risque » dans le processus de développement, auquel aucun pays n'est à l'abri. Ce risque doit être analysé et atténué. Dans notre nouvelle stratégie pour remédier à la fragilité et renforcer la résilience en Afrique (2014-2019), nous utilisons systématiquement un prisme d'analyse de la fragilité pour identifier, traiter et prévenir ces risques dans notre engagement.
Au cours des dernières années, nous sommes intervenus dans de nombreux cas d'instabilité politique qui ont abouti à l'avènement de gouvernements transitoires. Cela pose des défis à notre modèle opérationnel traditionnel auquel nous devons nous adapter, en faisant un meilleur usage de nos partenariats et de notre présence dans les pays. Nous reconnaissons l'importance du secteur privé dans la promotion de la croissance économique et la création d'emplois. Cependant, le dialogue avec le secteur privé dans de tels environnements appelle à de meilleurs mécanismes d'atténuation des risques et des instruments appropriés.
Nous savons que l'engagement dans des situations fragiles - souvent marqués soit par la présence ou l'héritage d'un conflit violent - est particulièrement difficile et complexe pour un partenaire technique et financier. Il présente des risques et il n'y a pas de «solution miracle», car chaque situation est différente.
Il exige en outre une plus grande flexibilité, une réactivité accrue, une meilleure compréhension et des instruments adaptés pour faire une différence.
La Banque a été appelée à jouer un rôle de chef de file sur les questions de fragilité en Afrique et aussi à apporter des solutions innovantes. Cette étude analyse les contraintes et les opportunités dans le modèle opérationnel d'intervention de la Banque dans des situations fragiles.
Le rapport, Mise à l'échelle de l'impact de la BAD dans les situations de fragilité, identifie sept dimensions qui sont susceptibles de renforcer considérablement l'empreinte de la BAD dans ces paramètres :
- renforcer l'intervention pendant le réengagement et le redressement des pays;
- concevoir des stratégies, des programmes et des projets pays qui permettent la mise à l'échelle ;
- renforcer les instruments de mise à l'échelle ;
- améliorer l'efficacité des bureaux nationaux;
- renforcer les partenariats avec la communauté internationale;
- déployer l'ensemble des instruments de la Banque avec le secteur privé;
- renforcer la gestion des risques.
Nous souhaitons que l'analyse contenue dans ce rapport serve de guide pour la Banque et nos partenaires, afin d'adapter les approches aux défis de travailler dans des situations fragiles.