Le 17 mars 2016, la 14e reconstitution du Fonds africain de développement (FAD-14) a entamé sa première réunion, qui se déroule à huis clos sur deux jours à Abidjan, où la Banque africaine de développement (BAD) a son siège.
Dans son allocution d'ouverture , le président de la BAD, Akinwumi Adesina - qui préside à ce titre également le FAD - a souligné l'importance de cette réunion liminaire des négociations autour de la reconstitution des ressources du Fonds. Celle-ci est cruciale pour permettre au FAD, ainsi qu'au Groupe de la Banque dans son ensemble, de " répondre aux attentes, et par là, d'améliorer la qualité de vie de centaines de millions de personnes pauvres et vulnérables en Afrique, en particulier des femmes et des enfants ".
Prennent part également à ce conclave, les administrateurs et gouverneurs du Groupe de la Banque et d'autres personnalités publiques éminentes, représentants des pays admissibles au FAD et de partenaires au développement.
Habituée des réunions du FAD auxquelles elle ne manque jamais de participer en tant que représentante d'un pays bénéficiaire du Fonds, la présidente du Libéria Ellen Johnson Sirleaf a tenu à souligner d'emblée combien celle-ci est " capitale pour que le Fonds maintienne son assistance précieuse à l'Afrique" (Lire son discours ici ou le visionner en vidéo là).
Le FAD est crucial, en ce qu'il est l'épicentre de la mobilisation des ressources allouées au financement des projets de développement que mène le Groupe de la Banque dans la trentaine de pays africains qui peuvent prétendre aux prêts et dons qui leur sont accordés à des conditions préférentielles et selon des critères bien définis. Il s'agit des pays les plus fragiles du continent qui, sans le FAD, ne pourraient avoir accès à des financements essentiels pour leur développement.
C'est grâce au FAD, que sont donc menés de nombreux projets de développement, comme - entre autres exemples nombreux - le projet NERICA (voir la vidéo), la route Ketta-Djoum au Congo-Brazzaville (voir la vidéo), le projet d'eau potable au Mozambique (vidéo) ou encore le projet Menengaï au Kenya (vidéo). À l'instar du Groupe de la Banque dont il est l'une des entités majeures, le FAD a une vocation des plus ambitieuses : changer la vie des populations africaines les plus vulnérables.
Ce FAD-14 intervient en des temps difficiles. La conjoncture économique mondiale a connu des jours meilleurs : " Les négociations du FAD-14 ont lieu à un moment délicat, a déclaré la présidente du Libéria et ex co-lauréate du prix Nobel de la paix, alors que l'Afrique et l'économie mondiale sont confrontées à de nombreux défis. " Et de pointer " le ralentissement économique que vivent les marchés émergents [qui] a nui aux prix mondiaux des principales exportations de produits de base et, par conséquent, aux conditions macroéconomiques et financières. "
Baisse des cours mondiaux des matières premières, changement climatique qui affecte particulièrement l'Afrique, manque d'infrastructures, démographie en hausse et urbanisation galopante, chômage et emploi des jeunes, insécurité et risque terroriste accrus dans certaines régions du continent, États fragiles... Les défis auxquels l'Afrique doit répondre sont d'ampleur. Sans omettre les problématiques d'ordre sanitaire, qu'a aiguisées la propagation du virus Ebola, qui a causé la perte de dizaines de milliers de vies humaines et de sévères pertes économiques dans les pays d'Afrique de l'Ouest les plus affectés (Guinée, Libéria, Sierra Leone), ces deux dernières années. La BAD a d'ailleurs été au front du combat contre Ebola, a tenu à saluer la présidente du Liberia, rendant hommage à tout ce que le FAD et le Groupe de la Banque dans son ensemble accomplissent en faveur du développement de l'Afrique.
Répondre aux nombreux défis auxquels l'Afrique est confrontée exige des financements de même ampleur. D'autant que les ambitions de développement pour le continent sont eux aussi à la hausse, ainsi que l'a souligné le président Akinwumi Adesina au premier jour de la réunion : Objectifs de développement durables (ODD) adoptés à l'ONU en septembre 2015 - plus audacieux encore que les OMD qui les précédaient -, Programme d'action d'Addis-Abeba sur le financement du développement entériné en juillet 2015 et accord mondial sur le changement climatique ratifié à l'issue de la COP21 en décembre 2015.
Cette première réunion à huis clos est coordonnée par Richard Manning, haut fonctionnaire britannique, expert des questions de développement et fin connaisseur de l'Afrique, qui devra en produire un résumé à l'adresse du président de la BAD, à l'issue des travaux.
Des négociations du FAD-14, qui se dérouleront en plusieurs réunions, dépendra le montant des ressources qui pourront être allouées, durant les trois ans à venir et dans la droite ligne de la stratégie décennale de la Banque, au développement de ces pays africains les plus vulnérables et au mieux-être de leurs populations.
La reconstitution des ressources du FAD a lieu tous les trois ans. Il s'agit ici de la 14e édition, destinée à mobiliser les fonds nécessaires pour la période 2017 à 2019. Le FAD-13, qui s'est déroulé en 2013, avait permis de mobiliser 1,8 milliard de dollars EU.