Le 15 juillet 2016, la Banque africaine de développement (BAD) a approuvé un don de 12,4 millions de dollars UE destiné à la création d'une plateforme de réseautage dédiée aux femmes entrepreneuses d'Afrique sub-saharienne, un projet baptisé « 50 Millions de femmes africaines ont la parole » (50MWS).
L'enveloppe sera répartie entre trois communautés économiques régionales : le Marché commun de l'Afrique de l'Est et de l'Afrique australe (COMESA), la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et la Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC).
Le projet est une plateforme d'échange innovante qui doit aider les femmes au moment de lancer et faire grandir leurs affaires, à travers l'échange d'informations et d'idées. Ce forum digital va permette aux entrepreneuses de se connaître les unes les autres, favorisant l'apprentissage mutuel, le tutorat et le partage d'informations, selon Geraldine Fraser Moleketi, Envoyée spéciale de la BAD sur les questions de genre.
La plateforme couvrira 36 pays et sera accessible via les téléphones portables.
Elle permettra aux femmes de bénéficier d'une formation entrepreneuriale, d'un encadrement, de services financiers et d'informations locales pertinentes sur les affaires, tout en les aidant à établir leurs propres réseaux de contacts. Le projet sera mis en œuvre sur une période de trois ans, à compter de 2017. On estime qu'en 2022 la plateforme pourrait rassembler plus de 50 000 utilisatrices actives par mois, et qu'en développant leurs affaires ces entrepreneuses pourraient créer jusqu'à 10% d'emplois supplémentaires.
En Afrique, comme ailleurs dans le monde, les femmes entrepreneures demeurent confrontées à des obstacles liés au genre, au nombre desquels : la faiblesse d'instruction et de formation entrepreneuriale, la faiblesse des droits de propriété, des barrières juridiques qui compromettent leurs activités économiques et des barrières culturelles qui entravent leur avancée dans les affaires. Il leur est difficile, du fait de ces contraintes, d'accéder aux services financiers et non financiers. En Afrique subsaharienne, le déficit financier, en ce qui concerne les femmes, est estimé à plus de 20 milliards de dollars ; et il est probablement plus abyssal parmi les plus jeunes d'entre elles.
« Les utilisatrices de la plateforme seront amenées à en apprendre davantage leurs droits sur les moyens d'obtenir des financements privés » a indiqué le responsable du pilotage du projet à la BAD, Jack Salieu. Dans les pays cibles, le taux d'accès des femmes entrepreneurs aux prêts bancaires pourrait ainsi passer de 4% à 10% d'ici 2022. Le lancement de la plateforme au niveau régional coordonné avec la formation d'équipes nationales chargées de sensibiliser et de former les entrepreneuses, en coordination avec les institutions spécialisées des communautés économiques régionales.
Hébergée par le COMESA et co-pilotée par la CEDEAO et l'EAC, la plateforme offrira également l'occasion de recueillir d'importantes statistiques sur l'inclusion financière en Afrique. La base de données connexe devrait permettre de disposer de données fiables et exactes, tant sur les PME dirigées par les femmes que sur les produits des institutions financières par pays, ce qui stimulerait la production et le partage de connaissances sur l'accès des femmes aux services financiers et non financiers dans les pays membres régionaux.
Le projet « 50 Millions de femmes africaines ont la parole » s'intègre dans le Laboratoire d'innovation, l'un des piliers du programme de Discrimination positive en matière de financement pour les femmes d'Afrique (AFAWA), lancé par le président de la Banque durant les assemblées annuelles de l'institution, à Lusaka, Zambie, en mai 2016.