Le Bénin, la Guinée et le Niger profiteront de manière significative du soutien au développement du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), suite à la décision de son conseil d'administration d'y ouvrir des bureaux afin d'y renforcer sa présence opérationnelle et sa visibilité et de répondre efficacement aux besoins de ces trois pays.
Conformément au plan d'action de la Banque en matière de décentralisation et à son nouveau modèle de développement et de prestation de services, cette décision met l'accent sur la nécessité d'atténuer les problèmes de fragilité, de transition et de portefeuille, de faciliter la coordination de l'aide au développement et le dialogue, de respecter les spécificités nationales, et de réduire les coûts. La Banque espère ainsi obtenir des bénéfices à long terme, notamment grâce à une amélioration de la qualité de son portefeuille dans ces pays, à son impact sur leur développement et à l'ouverture de nouvelles possibilités, notamment dans le secteur privé.
Le fait que le Burkina Faso et l'Angola, où la Banque a inauguré des bureaux en 2006 et 2011 respectivement, aient enregistré des performances exceptionnelles permet de penser que ce type de modèle peut être répliqué au Bénin, en Guinée et au Niger.
En outre, la présence physique de la Banque dans des États en situation de fragilité est perçue comme un élément clé des efforts visant à relever leur énorme défi de développement, notamment eu égard à leur gouvernance et à l'insuffisance de leurs capacités institutionnelles. Sa présence sur le terrain permettra de renforcer le dialogue politique, de mieux coordonner ses activités avec celles d'autres partenaires au développement, de construire des alliances stratégiques et de contribuer à la promotion d'approches participatives incluant d'autres intervenants. Il apparaît clairement qu'il est impossible de mener ces activités essentielles à distance de manière efficace.
Au Bénin par exemple, où la Banque ne maintient qu'un économiste pays, l'ouverture du bureau national devrait permettre à la Banque d'accroître son portefeuille de 355 millions à 747 millions de dollars EU ; le taux de décaissement augmenterait de 39 % à 60 % et la proportion des projets « signalés » (lesquels ne sont pas nécessairement des projets à risque) baisserait de 60 % à 20 % d'ici à 2019. Le bureau pourrait aussi contribuer sensiblement à la stimulation de la croissance du secteur privé.
La Banque est présente en Guinée par le biais d'un économiste pays depuis 2013. Elle estime toutefois qu'étant donné les ressources naturelles latentes du pays, l'ouverture d'un bureau national pourrait lui permettre d'augmenter son portefeuille de 275 millions à plus d'un milliard de dollars EU d'ici à 2019. De la même manière, la proportion des projets à risque tomberait de 78 % à 20 %, tandis que le taux de décaissement augmenterait de 27 % à 55 %.
Quant au Niger, où la Banque est totalement absente, les risques liés à la sécurité, la fragilité climatique et la très mauvaise performance du portefeuille posent de sérieux problèmes. Toutefois, l'augmentation du portefeuille détenu dans le secteur public du pays ainsi que l'identification récente de plusieurs projets dans le secteur privé dans les domaines des infrastructures, de l'énergie et du transport estimés à 302 millions de dollars EU pourraient porter le portefeuille de projets nigériens de la BAD à 621 millions de dollars. Ainsi, la mise en place d'un bureau national doté des compétences appropriées se traduirait par une diminution de 83 % à 20 % des projets à risque et par une augmentation de 31,4 % à 65 % du taux de décaissement. Ce bureau offrirait également des perspectives accrues de croissance pour le secteur privé.
Lors d'une brève intervention sur la nécessité d'ouvrir ces bureaux, le président de la BAD, Akinwumi Adesina, a souligné que la Banque devrait accroître sa présence dans les pays africains. « Les présidents de ces pays nous demandent d'ouvrir ces bureaux parce qu'ils nous considèrent comme des partenaires privilégiés. L'expérience a démontré que les allers et retours constants vers ces pays n'étaient pas des solutions viables, » a-t-il déclaré.
La Banque a inscrit une provision de 7,3 millions de dollars EU à son budget 2017 afin de couvrir le coût de l'ouverture et de la mise en service de ces trois bureaux nationaux.
À l'heure actuelle, elle dispose de bureaux nationaux ou de liaison dans 35 pays d'Afrique, de deux centres de ressources régionaux à Nairobi et à Pretoria, et d'une représentation à Tokyo, pour couvrir l'Asie.