À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la Banque africaine de développement (BAD) a annoncé, le 8 mars 2017, lancer une grande compétition pour que les questions de genre soient davantage prises en compte dans ses opérations.
« Fort du succès du concours d'idées que nous avons lancé en interne en 2016, sous le nom INNOPitch, je lance aujourd'hui officiellement, en partenariat avec la fondation Bill et Melinda Gates, une édition spéciale d'INNOPitch, intitulée « INNOPitch Genre » pour que foisonnent les idées innovantes sur comment intégrer la dimension de genre [dans nos projets] », a déclaré le président de la BAD, Akinwumi Adesina. « Le personnel est invité à soumettre des idées sur comment intégrer la problématique hommes-femmes dans son travail et 10 000 dollars EU de financement seront attribués aux idées les plus novatrices et susceptibles d'avoir un vrai impact en termes de résultats », a-t-il ajouté dans un message au personnel de la BAD.
Dans une tribune publiée à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le président de la Banque a rappelé que « l'Afrique subsaharienne n'atteindra la parité entre les sexes que dans 79 ans, selon le Rapport mondial 2016 sur l'écart entre les sexes du Forum économique mondial ».
Il a exhorté toutes les parties prenantes (gouvernements, partenaires au développement, société civile...) à « combler les disparités entre les sexes en Afrique en agissant avec audace ». « Nous avons besoin de plus de femmes PDG, parlementaires, ingénieures, informaticiennes, astronautes, chefs d'État, autant de domaines traditionnellement accaparés par les hommes », a-t-il plaidé.
La Banque africaine de développement a lancé une série de mesures audacieuses pour combler l'écart entre les sexes en Afrique. Sa stratégie sur le genre, « Investir dans l'égalité hommes-femmes pour la transformation de l'Afrique : 2014-2018 », entend faire en sorte que la dimension du genre soit davantage intégrée dans toutes ses opérations et stratégies. Pour ce faire, la BAD est en train de finaliser un système de marqueurs du genre, qui lui permettra de veiller à ce que le genre soit pleinement pris en compte et à ce que l'impact des projets du point de vue du genre soit mesuré correctement.
« Nous avons amélioré la prise en compte du genre dans nos opérations », a souligné le président Adesina. « En comparant les années 2012-2013 à 2014-2015, on constate une nette amélioration de la performance de la Banque en matière de parité entre les sexes, qu'il s'agisse de création d'emplois ou de formation sexo-spécifique à l'emploi. Tous secteurs confondus, les impacts spécifiques d'une opération financée par la Banque sont de plus en plus équitables entre hommes et femmes. Ces impacts sont encore plus élevés dans certains secteurs, comme l'éducation où la balance penche à 60 % du côté des femmes », se félicite-t-il dans sa tribune.
La BAD est également en train de mettre en œuvre son Programme de discrimination positive en matière de financement en faveur des femmes d'Afrique (AFAWA), dévoilé en mai 2016. AFAWA a pour but de catalyser et optimiser le déploiement des ressources pour améliorer l'accès des femmes au financement. L'objectif est ambitieux : avec une mise de départ de 300 millions de dollars EU, la BAD entend mobiliser 3 milliards de dollars supplémentaires.
Dans une déclaration vidéo publiée sur le site Internet de la BAD, Jennifer Blanke, vice-présidente de la BAD en charge de l'Agriculture et du Développement humain et social, se dit optimiste sur la promotion de l'égalité entre les sexes : « La BAD a la légitimité et la capacité d'influencer une transformation réelle. Nous nous sommes engagés à utiliser nos ressources pour promouvoir une action positive en faveur de la parité entre les sexes, mais aussi à rendre des comptes sur ce point », a-t-elle martelé.
La Stratégie pour l'égalité entre les sexes s'attelle aussi à la transformation interne de la BAD, pour en faire une institution plus soucieuse du genre, en valorisant de façon égale son personnel féminin et masculin. « Actuellement, les femmes représentent seulement un tiers de tout le personnel de la BAD, seulement un tiers de la direction, seulement un tiers de l'encadrement, mais en revanche près des deux-tiers du personnel de soutien », reconnaît la vice-présidente Blanke.
Afin d'accroître le nombre de femmes aux postes de direction et d'encadrement, la BAD a revu son processus de recrutement pour assurer leur représentation significative dans l'établissement des listes restreintes de candidats. D'autres outils de recrutement servent eux aussi à accroître la parité entre les sexes, comme le Programme des jeunes professionnels, dont la dernière promotion, en 2016, comptait 60 % de femmes.
« À la Banque, nous travaillons dur pour combler l'écart entre les sexes en interne. La moitié des directeurs généraux que j'ai nommés récemment pour gérer les opérations de la Banque dans nos cinq bureaux régionaux sont des femmes », déclare le président Adesina dans sa tribune.
La BAD fait de grands progrès dans le recrutement de ses cadres supérieurs. Outre les femmes nommées à des postes de direction dans les cinq centres régionaux de la Banque, la haute direction de la BAD se féminise : conseillères du président, vice-présidente principal, vice-présidente...
« Nous devons continuer à travailler dur sur ce sujet et nous sommes déterminés à atteindre 50/50 d'ici 2030 », a déclaré Blanke.
La BAD a passé en revue ses politiques internes visant à améliorer l'environnement de travail, en fournissant notamment des espaces d'allaitement dans les bureaux et en permettant aux employées qui allaitent toujours leur enfant de l'emmener avec elles quand elle voyagent en mission officielle. Un programme pilote de mentorat pour les femmes, intitulé « Crossing Thresholds » a été mis en place, qui s'est avéré fort efficace pour les femmes de la banque, à qui il offre la possibilité de développer leur carrière dans un environnement structuré et favorable.
Interview vidéo de Jennifer Blanke, vice-présidente de la BAD
Diaporama : 25 portraits - Comment la BAD améliore la vie des femmes africaines