Journée d'action mondiale pour l'eau et le climat à la COP23

Journée de l’Afrique, célébrée ce 15 novembre, au cœur du sommet mondial pour le climat.
13 Novembre 2017
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African Development Bank (Abidjan)

Vendredi 10 novembre, la COP23 célèbre la Journée d'action mondiale pour l'eau, instituée dans le cadre du Plan d'action mondial pour le climat (Global Climate Action Agenda en anglais).

Eau et climat vont de pair. Les ressources en eau subissent de plein fouet les effets des changements climatiques.

Eau et climat sont indissociables

Preuve que l'eau est au cœur des nombreux défis que pose le changement climatique, 93 % des Contributions prévues déterminées au niveau national (CPDN, devenues depuis CDN) que les États avaient soumises lors de la COP21 identifient l'eau comme à la clé de l'adaptation au changement climatique - mettant en relief quatre volets en particulier : gestion des risques ; eau et agriculture ; gestion intégrée des ressources en eau ; et eau, assainissement et hygiène.

Si l'eau vient à manquer ou qu'elle est de mauvaise qualité, impropre à la consommation ou à d'autres usages (irrigation... ), c'est tout à la fois la santé humaine, la pêche et l'agriculture, la sécurité alimentaire, la biodiversité, la production d'énergie, l'activité industrielle, la navigation fluviale et maritime, le tourisme... , bref, tous les volets du développement - économique, social et environnemental - qui s'avèrent en péril. Les enjeux sont tels, que le thème de l'eau n'a eu de cesse de prendre de l'ampleur, COP après COP. Après la COP22 de Marrakech, c'est la deuxième fois qu'une COP dédie une pleine journée à la thématique de l'eau.

L'or bleu, un capital inégalement réparti en Afrique

En Afrique, de nombreuses régions souffrent d'un stress hydrique critique - en témoigne notamment la terrible sécheresse qui a sévit en Afrique de l'Est en 2017, causant des centaines de milliers de déplacés et aggravant l'insécurité alimentaire. D'autres pays du continent vivent eux aussi sous la menace d'un manque d'eau, à l'instar du Maroc, de l'Algérie, de la Tunisie, de l'Égypte et de la Libye en Afrique du Nord, de l'Afrique du Sud et de nombreux pays d'Afrique de l'Ouest.

Pourtant, l'Afrique est riche en ressources en eau, estimées à quelque 4 milliards m3, soit 9 % environ des ressources mondiales en eau douce. Mais c'est aussi le deuxième continent le plus aride au monde. Surtout, ces ressources sont inégalement réparties : d'un côté, les six pays les plus richement dotés en Afrique de l'Ouest et Afrique centrale concentrent 54 % du total des ressources en eau du continent ; de l'autre, les 27 pays les plus pauvrement dotés n'en détiennent que 7 %.

320 millions d'Africains ne bénéficient pas d'eau potable

C'est dire s'il est capital et urgent de développer des projets d'adaptation au changement climatique dans le secteur de l'eau sur le continent. Sauf que se pose là encore le défi financier : comment mobiliser des financements climatiques dédiés au secteur, alors même que l'Afrique peine, de manière générale, à obtenir des fonds pour l'adaptation au changement climatique ?

La question a été au cœur lors d'un « dialogue » de haut niveau sur l'amélioration du financement de l'eau et du climat, point d'orgue de cette Journée et organisé par les Alliances mondiales pour l'eau et le climat (dites AMEC par acronyme ou GAfWaC pour l'anglais Global Alliances for Water and Climate,) qui ont vu le jour à la COP22 à Marrakech.

Figurant au nombre des 27 intervenants dans ce « dialogue » venus des quatre coins du monde et représentant différentes parties prenantes (ministres, dirigeants ou délégués d'institutions financières, d'organismes... ), Osward Chanda, directeur du Département de l'eau et de l'assainissement à la Banque africaine de développement (BAD), a été parmi les premiers à prendre la parole, désireux de présenter les enjeux sous le prisme africain et de l'expertise de la BAD : « Trouver des projets bancables et bien ficelés, qui puissent être finalisés dans les temps impartis, est difficile. » Et d'insister : « Qui prépare ces projets ? Le plus souvent les acteurs institutionnels eux-mêmes, en s'appuyant le plus souvent sur des consultants recrutés pour l'occasion ».

Aider à bâtir des projets "bancables" : le prisme de la Banque africaine

À la difficulté de mobiliser des financements en faveur de projets d'adaptation dans l'eau en Afrique, s'ajoute donc celle d'obtenir des projets suffisamment bien préparés pour prétendre auxdits financements. Et Osward Chanda d'expliquer que c'est pour cette raison que la BAD a décidé de mettre l'accent sur l'incubation et la préparation de projets : elle accompagne les porteurs de projets africains en amont, offrant aide financière et expertise, afin de les aider à les formuler de telle sorte qu'ils apparaissent « bancables » auprès des entités de financements. Le directeur de l'eau et l'assainissement de la Banque a également appelé à s'emparer de la fenêtre offerte par les Contributions déterminées au niveau national pour développer les projets dans le secteur de l'eau. D'autant que les financements climatiques en faveur de l'adaptation, déjà bien rares au vu de ceux consacrés à l'atténuation, semblent marquer le pas, comme l'a déploré Rémi Rioux, directeur de l'Agence française de développement (AFD) et chargé d'introduire ce dialogue.

« L'eau, c'est la vie ! », a lancé le ministre burkinabé de l'Eau et de l'Assainissement, Niouga Ambroise Ouedraogo, quand vint son tour de parole. Le Burkina Faso a d'ailleurs consacré le droit d'accès à l'eau potable et à l'assainissement dans sa Constitution.

L'eau figure dans deux des grands axes de la feuille de route de la COP23 telle qu'énoncée par le gouvernement fidjien, qui préside le sommet cette année : l'axe 3, qui appelle à « renforcer la résilience des pays les plus vulnérables aux évènements extrêmes et à la montée du niveau des mers, à favoriser l'accès aux financements climat, à l'énergie renouvelable, à l'eau, et à promouvoir une agriculture durable » ; et l'axe 6, qui entend « développer une approche holistique de la protection de notre planète, notamment en établissant un lien fort entre la bonne santé des océans et de mers et la lutte contre le changement climatique ».

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