La Banque et les autorités togolaises ont lancé un nouveau programme destiné à offrir un accès au crédit à 1 million d'agriculteurs
En visite au Togo dans le cadre du lancement du Mécanisme incitatif de financement de l'agriculture (MIFA) ce lundi 25 juin 2018, le président du Groupe de la Banque africaine de développement a été élevé au rang de commandeur de l'Ordre de Mono, la plus haute distinction civile du Togo.
Cette distinction, remise aux personnalités qui se sont illustrées par leur mérite, a été remise par le chef de l'État togolais, Faure Essozimna Gnassingbé en personne.
« La transformation de l'agriculture est la clé pour relancer l'économie rurale au Togo et créer de nouvelles zones de prospérité économique », a déclaré le président Adesina lors du lancement du MIFA au Centre togolais des expositions et foires de Lomé Togo 2000. Le MIFA « entre dans le cadre de la stratégie de transformation agricole du Togo, a-t-il souligné. Il a été élaboré conjointement par la Banque africaine de développement et le gouvernement togolais avec l'appui du NIRSAL (Nigeria Incentive Based Risk Sharing System for Agricultural Lending, NDLR). Il vise à réduire le risque de crédit aux agriculteurs et à leur permettre un meilleur accès au financement. »
« Une fois mis en œuvre, le MIFA devrait accroître les prêts bancaires au secteur agricole, réduire les taux d'intérêt, et permettre à un million d'agriculteurs d'avoir accès au crédit au cours des trois à cinq prochaines années », a-t-il poursuivi.
La cérémonie de lancement s'est déroulée en présence du président Gnassingbé, des hautes autorités togolaises, des membres du gouvernement en tête desquels le Premier ministre Komi Sélom Klassou, du corps diplomatique, des présidents du Fonds international de développement agricole (FIDA) et du Nigeria Incentive Based Risk Sharing System for Agricultural Lending (NIRSAL), respectivement Gilbert Fossoun Houngbo et Aliyu Hameed, et de représentants du secteur privé et du monde agricole.
Le MIFA s'inspire d'expériences réussies par le NIRSAL, qui a contribué à réduire les risques de prêts des banques commerciales aux agriculteurs nigérians.
Pour le président du FIDA, « l'innovation s'impose dans le secteur agricole, qui demeure une pierre angulaire pour la réalisation des Objectifs de développement durables. Aussi, le MIFA se situe bien dans la lignée des montages financiers innovants et doit permettre de soutenir techniquement et financièrement les petits exploitants ».
Le Premier ministre Komi Sélom Klassou, qui a procédé au lancement de la phase opérationnelle du MIFA, a rappelé la place prépondérante qu'occupe l'agriculture dans l'économie du Togo - plus de 46 % du PIB -, ainsi que son potentiel immense. Il a souligné « le soulagement » que va apporter MIFA aux agriculteurs : « ce mécanisme innovant est une réponse pragmatique à l'épineux problème que rencontrent les petits exploitants agricoles qui reçoivent un faible soutien financier en raison des risques élevés qu'avancent les institutions financières, entre autres la fragmentation des chaînes de valeur et les changements climatiques... Le MIFA va permettre une approche intégrée des chaînes de valeur » a-t-il déclaré.
La Banque africaine de développement soutient fortement le Togo pour la libération de son potentiel agricole et la transformation de son agriculture. Elle a ainsi accompagné la mise en place d'AgriPME, un système permettant aux agriculteurs d'avoir accès aux engrais via leur téléphone portable.
Au cours de la première année de déploiement d'AgriPME (saison agricole 2016/2017), 77 540 agriculteurs ont pu recourir à des engrais - dont 38 % de femmes. Le gouvernement a ainsi pu mieux cibler les agriculteurs et fournir des intrants agricoles subventionnés. AgriPME a également amélioré la transparence, la responsabilité et assuré une plus grande efficacité des dépenses publiques. Au total, 40 000 tonnes d'engrais ont été distribuées aux agriculteurs, contre 30 000 tonnes en moyenne sur la période 2009-2015 - soit une augmentation de 45 % -, permettant au gouvernement d'économiser 3,5 milliards de FCFA.
Depuis le début de ses opérations au Togo, en 1972, le Groupe de la Banque africaine de développement a approuvé un total de 76 opérations, pour un montant cumulé de 538,24 millions de dollars américains.
Le portefeuille en cours comprend 13 opérations pour un total de 297,80 millions de dollars d'engagements nets. Il est composé de 10 opérations nationales totalisant 143,94 millions de dollars d'investissements, soit 32 % de l'enveloppe globale, et de trois opérations multinationales représentant 153,86 millions de dollars, soit 68 %. La répartition sectorielle du portefeuille traduit la prédominance des infrastructures de transport (75,55 %), suivies de la gouvernance économique et financière (13,88 %), puis du secteur social (8,77 %). L'agriculture, l'eau et l'assainissement, l'énergie, et le secteur financier comptent pour environ 0,6 % chacun.