Le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, a exhorté, mercredi 19 septembre 2018, les chefs d'entreprise canadiens à « prendre part à l'action et à saisir les opportunités d'investissement sur le continent ». Akinwumi Adesina a lancé cet appel à Toronto, lors de sa rencontre avec 80 représentants de la Chambre commerciale Canada-Afrique.
Promouvant l'Africa Investment Forum (AIF), qui se tiendra du 7 au 9 novembre à Johannesburg, en Afrique du Sud, Akinwumi Adesina a déclaré : « Le Canada ne doit pas être absent du tableau des investissements en Afrique. Il est temps de changer le prisme à travers lequel l'Afrique est perçue et de faire clairement la différence entre les risques perçus et les risques réels. »
L'AIF, qui se veut le premier marché transactionnel destiné à combler le déficit de l'Afrique en infrastructures - évalué entre 68 et 170 milliards de dollars américains -, réunira des représentants de fonds d'investissement et de fonds privés internationaux, de fonds souverains et du secteur privé, afin de financer des projets viables sur le continent.
Stella Kilonzo, directrice supérieure de l'Africa Investment Forum, Timothy Turner, responsable de la gestion des risques du Groupe de la Banque africaine de développement, Garreth Bloor, directeur général de Glenheim Venture Capital, Chris Clubb, directeur général de Convergence Blended Finance, et Hakan Gunay, directeur principal des finances de Skypower Global, figuraient parmi les intervenants qui ont débattu des possibilités d'investissement et de financement mixte en Afrique lors de la rencontre.
David Stevenson, administrateur de la Banque pour le Canada, la Chine, la République de Corée, le Koweït et la Turquie, a expliqué que le Forum sera dédié « aux transactions et à la réalisation d'objectifs concrets » et que ce ne sera pas « un simple lieu de bavardage. »
Akinwumi Adesina, qui conduit la délégation de la Banque au Canada, aux côtés de David Stevenson, a également rencontré Reeta Roy, présidente-directrice générale de la Fondation MasterCard, pour discuter des synergies existantes pour soutenir l'emploi des jeunes en Afrique et de l'accès au financement pour les femmes entrepreneures.
Plus tôt, mardi 18 septembre, Akinwumi Adesina avait annoncé, dans l'Amphithéâtre national de la presse à Ottawa, le lancement d'une opération de titrisation synthétique d'un milliard de dollars américains, baptisée « Room2Run », une transaction historique conclue avec Mariner Investment Group et le fonds Africa50.
Si la titrisation est une technique financière courante pour les banques commerciales, elle est avant-gardiste pour les institutions de financement du développement. La Banque africaine de développement est ainsi la première banque multilatérale de développement à recourir à ce mécanisme de financement véritablement novateur. Structuré comme un investissement d'impact, Room2Run va permettre à la Banque d'augmenter son volume de crédits pour stimuler le développement économique et le progrès social sur le continent.
« L'Afrique est la plus riche en promesses, abrite les ressources naturelles les plus importantes et elle la population la plus jeune du monde, a lancé Akinwumi Adesina. Mais nous avons aussi les déficits d'infrastructure les plus persistants de la planète. La Banque africaine de développement a pour priorité stratégique de combler ces déficits de financement des infrastructures, et Room2Run nous offre la capacité d'y parvenir. »
Akinwumi Adesina s'est également entretenu avec Diane Jacovella, sous-ministre du Développement international, et Leslie E. Norton, sous-ministre adjointe à la direction générale d'AMC pour l'Afrique subsaharienne, dans les locaux d'Affaires mondiales Canada (AMC). Les deux parties ont examiné les domaines dans lesquels le partenariat pourrait être renforcé entre la Banque et le Canada, notamment en matière d'appui à l'initiative de la Banque pour favoriser l'accès des femmes au financement en Afrique (AFAWA par acronyme anglais).
Lors d'une allocution liminaire prononcée à Ottawa au siège d'Affaires mondiales Canada sur la situation économique de l'Afrique, le président Adesina a déclaré : « Certains se demandent si l'histoire de l'essor de l'Afrique est terminée. Eh bien, je ne pense pas que l'Afrique ait jamais été en bas. » Et d'expliquer : « Le continent n'est pas différent des autres régions du monde qui traversent des cycles de poussée et de baisse de croissance. L'histoire de l'Afrique ne devrait pas être écrite en dehors de l'Afrique. L'Afrique doit avoir le contrôle de sa propre histoire », a-t-il observé lors de cet événement organisé par David Morisson, sous-ministre délégué des Affaires étrangères du Canada.
Plus tard, lors d'une réunion avec des ambassadeurs africains, le président de la Banque a salué le rôle de premier plan que joue le Canada dans la promotion du programme économique de l'Afrique. Il a pris acte de l'engagement commun des ambassadeurs et de leur soutien à la promotion de l'Afrique comme destination de choix pour les investisseurs.
Akinwumi Adesina a conclu son passage à Ottawa par une réunion bilatérale avec Jim Carr, le ministre canadien de la Diversification du commerce international, au cours de laquelle il a de nouveau défendu le bien-fondé d'un accroissement des investissements sur le continent africain et appelé le Canada à considérer l'Afrique comme nouvelle destination pour le commerce, dans la droite ligne de son programme de diversification.