Des greniers à riz pour remparts contre l'insécurité alimentaire

Projet réhabilitation du périmètre Bas Mankogy ou PRPBM Madagascar.
1 Octobre 2018
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African Development Bank (Abidjan)

Chiffres clés

À Madagascar, les rendements des rizicultures du Bas Mangoky, de Manombo Ranozaza et de Taheza ne cessent de s'améliorer au fil des ans. Grâce à la Banque africaine de développement, qui y a investi 148,28 millions de dollars en deux décennies, ces bas-fonds du sud-ouest de l'île - 12 080 hectares à eux trois - sont devenus les plus gros greniers à riz du pays. Ils permettent à Madagascar de résister à la sécheresse et à la crise alimentaire qui sévissent dans sa partie sud depuis 2016.

Si l'île a traversé une grave crise politique en 2009, elle a pu compter sur la Banque, l'un des rares bailleurs de fonds à ne pas avoir suspendu ses financements durant cette période difficile. D'un commun accord, l'État malgache et la Banque africaine de développement ont donc maintenu les projets d'aménagements des trois principaux périmètres de culture de riz afin d'améliorer les conditions de vie dans les zones rurales.

Et les résultats sont au rendez-vous. En 2010, les rendements au Bas Mangoky, à Manombo Ranozaza et à Taheza n'étaient que de 2,5 tonnes de riz à l'hectare en moyenne. Cinq ans plus tard, ils avaient quasi triplé, à près de 6 tonnes par hectare. En 2017, ils approchaient les 10 tonnes par hectare, pour totaliser près de 50 000 tonnes de riz produites lors des deux récoltes annuelles. Des performances qui donnent chaque jour de l'espoir aux populations malgaches en milieu rural.

Bas Mangoky, le fer de lance

Situé à 220 kilomètres environ au nord de Tuléar et d'une superficie aménagée de 5 800 ha, le Bas Mangoky est l'un des plus importants bassins de production rizicole de Madagascar. Ces dix dernières années, il n'a cessé de s'étendre et, à la demande des autorités malgaches, sa superficie devrait encore doubler au cours des prochains mois.

En effet, engagée en mars 2015, une première extension de cette zone irriguée a été engagée dans le cadre d'un projet qui s'achèvera en mars 2020, financé notamment grâce à un prêt de 56,5 millions de dollars de la Banque. Les travaux consistent en la construction de réseaux d'irrigation et d'un canal principal long de 24 kilomètres. À terme, le périmètre atteindra ainsi une surface exploitable de 10 000 hectares et la production rizicole devrait atteindre 80 000 tonnes par an. Autour du périmètre, il est également produit des pois du Cap, destinés à l'exportation et qui procurent des revenus substantiels aux paysans.

Une deuxième phase de travaux a été lancée en juin 2017, avec deux objectifs majeurs, l'un social et l'autre économique : amorcer un recul notable de la malnutrition et de la pauvreté d'ici à 2020, et réduire la facture des importations de denrées alimentaires de première nécessité. Un défi en passe d'être relevé aujourd'hui.

Le périmètre du Bas Mangoky est alimenté en eau par le fleuve Mangoky, le plus grand fleuve de Madagascar, à travers une prise d'eau située à 20 km en amont de celui-ci. Quelque 55 000 personnes y exploitent des lopins de terre, dont 33 % de femmes propriétaires des terrains qu'elles cultivent. La Banque a offert son appui au projet à travers des prêts du Fonds africain de développement (FAD) de 11 millions de dollars, clôturés en 2008, auxquels s'est ajouté autre prêt de 16,5 millions de dollars via le FAD et clôturé en 2015.

Manombo et Taheza en soupapes

Madagascar a souhaité conforter le Bas Mongoky et sollicité à cet effet l'aide de la Banque africaine de développement pour aménager et développer deux autres périmètres irrigués, ceux de Manombo Ranozaza et Taheza - telles deux nouvelles soupapes pour la sécurité alimentaire du pays.

Le premier, celui de Manombo Ranozaza, situé à 70 kilomètres au nord de Tuléar, a été réhabilité et modernisé entre 2009 et 2012, dans le cadre du Projet de réhabilitation des infrastructures agricoles de la région Sud-Ouest (PRIASO). Des travaux d'extension devraient commencer d'ici la fin 2018, grâce à un prêt de 12,6 millions de dollars du Fonds africain de développement. L'agrandissement de cette surface de 5 190 hectares, dont 2 780 hectares consacrés à la riziculture, devrait permettre de porter la production annuelle de riz de ce périmètre à 22 500 tonnes. De quoi réduire la pauvreté dans cette zone où 30 000 producteurs bénéficient directement du projet.

Il y a un an, le périmètre avait rencontré quelques problèmes d'irrigation des parcelles, dus à la défectuosité de canaux secondaires. Mais ceux-ci ont été réparés, à temps pour que ces problèmes d'infrastructures ne nuisent pas aux récoltes de 2018.

Quant au périmètre de Taheza, situé au sud-est de Tuléar et d'une superficie de 2 440 hectares, il assure un rendement de 3 tonnes à l'hectare pour une production annuelle de 5 000 tonnes. Bien plus modeste que les autres bas-fonds, il n'en demeure pas moins un important pôle rizicole du sud-ouest, qui concerne plus de 20 000 personnes au quotidien.

Il y a vingt ans, Taheza était quasi à l'abandon, et son réseau hydroagricole s'était peu à peu dégradé. Mais les différents appuis financiers accordés au PRIASO par la Banque africaine de développement ont permis de le réhabiliter entièrement, en reconstruisant les canaux principaux du barrage qui alimente le périmètre, ainsi que les voies d'entretien et de circulation.

La riziculture y est relancée depuis 2016. Avec un tel succès que, outre les paysans, des militaires spécialisés dans des activités de développement, ainsi que des agents pénitenciers locaux se sont lancés dans la culture rizicole de contre-saison dans la région, selon la presse locale.

« Les réalisations de la Banque dans la région du Sud-Ouest sont globalement très appréciables sur le terrain. Il reste toutefois à consolider ces acquis par une plus grande implication du secteur privé afin de combler les maillons transformation et commercialisation de produits agricoles. Par ailleurs, le maillon production mérite aussi d'être modernisé en impliquant des petites et moyennes entreprises agricoles modernes », recommandait, en juin 2018, un rapport de mission de la Banque effectuée sur le terrain.

La Banque, qui a démarré ses opérations à Madagascar en 1977, avait déployé 89 opérations au total à la date du 31 décembre 2017, principalement dans les secteurs des transports, de l'industrie, des finances et de l'agriculture, pour un montant cumulé de 1,88 milliard de dollars.

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