Pour réussir la mise en œuvre des Contributions déterminées au niveau national (CDN) en Afrique, l'entrée en vigueur d'une législation ad hoc sur le climat et la lutte contre la corruption sont à prendre en compte. Si le chantier est d'ampleur, il offre aussi des opportunités à saisir.
C'est ce qui ressort d'une table ronde organisée, lundi 10 décembre 2018, au septième jour de la 24e Conférence des Parties (COP24), par la Banque africaine de développement en son Pavillon. La session était co-organisée par le Partenariat pour des stratégies de développement à faibles émissions (LEDs) en Afrique et l'Alliance panafricaine pour la justice climatique (PACJA), laquelle est une coalition à l'échelle continentale d'organisations de la société civile en Afrique.
La Banque africaine de développement a pu partager ses expériences sur la valeur et le potentiel des pratiques partagées dans le cadre de la mise en œuvre des CDN et de stratégies de développement qui soient sobre en carbone. La PACJA a collaboré avec le Parlement panafricain (PAP) afin de renforcer l'engagement des parlementaires africains en faveur de la lutte contre le changement climatique et qu'ils l'intègrent dans leurs politiques, plans et programmes - tant au niveau national que continental.
Légiférer et compenser
Alain Kouadio, représentant le ministère de l'Environnement de Côte d'Ivoire, a souligné la nécessité, pour les pays africains, de trouver le juste équilibre entre l'accomplissement des CDN et leur développement, que les restrictions imposées en termes de recours aux énergies fossiles pourraient éventuellement freiner. Il a ainsi plaidé pour la mise en place de mesures de compensation (notamment financières), de sorte que l'Afrique puisse se développer rapidement sans pour autant porter atteinte à l'environnement.
Il a saisi l'occasion de rappeler les CDN de la Côte d'Ivoire : d'ici à 2030, réduire de 28 % l'exploitation des énergies fossiles, sachant qu'actuellement, seuls 22 % des sources d'énergies proviennent d'énergies renouvelables, quand 78% sont issus de fuel léger.
Alain Kouadio a également insisté sur la nécessité d'encadrer la finance climatique, évoquant le risque de corruption : « La plus grande plaie de l'Afrique c'est la corruption, c'est pour cela que nos lois doivent être claires, précises et transparentes ». Pointant du doigt les méfaits de la corruption, il a plaidé pour une législation spécifique au climat.
« Penser en termes d'opportunités de développement et non d'obstacles »
Carl Wessenlink, directeur de SouthSouthNorth, soulignant l'importance du dialogue entre les décideurs politiques et la société civile pour réussir la mise en œuvre des CDN, Mithika Mwenda, directeur du réseau PACJA a poursuivi dans la même veine, évoquant le besoin de créer « une plate-forme de rencontre », où les membres de la société civile pourraient interroger les politiques, les investisseurs et opérateurs économiques, sur les décisions et mesures politiques prises par les uns, et sur les modèles de développement des affaires adoptés par les autres, en matière de lutte contre le changement climatique.
Carl Wessenlink a également insisté sur la volonté de s'émanciper d'une forme d'assistanat : « Il faut laisser tomber la logique d'assistanat et ne pas s'y complaire. En revanche, il faut développer les capacités des communautés africaines à communiquer régulièrement avec leurs paires, à renforcer les collaborations et les connexions et à promouvoir les échanges régionaux. » Et d'ajouter : « Il faut penser en termes d'opportunités de développement et non d'obstacles ou de défis. »