Le rôle des technologies et de l'information spécifiques au climat dans l'atténuation des effets du changement climatique en Afrique et dans l'adaptation à ces effets - aujourd'hui et demain - ne saurait être sous-estimé. Qu'il s'agisse de développer des technologies plus durables pour renforcer la résilience au changement climatique, ou d'estimer les ressources en eau nécessaires pour une agriculture durable, l'utilisation des technologies et données spécifiques au climat offre des perspectives infinies. Dans toutes ces approches, le recours aux informations climatiques pour réduire les risques et atténuer l'impact des catastrophes naturelles est d'une importance cruciale.
Lors de la Journée de l'information et des technologies climatiques qu'organisait, mercredi 5 décembre 2018, la Banque africaine de développement en son Pavillon en marge de la COP24, plusieurs experts ont passé en revue différentes approches axées sur la lutte contre les effets du changement climatique et ses répercussions - sécheresses, inondations et cyclones tropicaux notamment.
Lors d'une session intitulée « Décarbonisation dans le secteur numérique : exploiter les technologies numériques pour une nouvelle action en faveur du climat », les représentants de la Banque africaine de développement ont souligné la prolifération des pôles technologiques et leur expansion rapide en Afrique, analysant le développement de nouvelles stratégies et proposant la création de mécanismes de financement pour déployer à grande échelle l'application des technologies numériques et favoriser la transition vers une économie verte.
« Bien que l'Afrique soit en train de combler son retard dans la révolution numérique, ce type de technologies à croissance exponentielle requiert une étroite collaboration pour que les pays puissent en tirer profit, car aucun pays ne peut le faire seul », a conseillé Sei-Joong Kwon, directeur général chargé des changements climatiques au ministère des Affaires étrangères de la Corée du Sud.
Et d'ajouter : « Le succès des solutions numériques dans le monde en matière de croissance verte à faible empreinte carbone, ainsi que pour un meilleur suivi et une plus grande résilience aux effets du changement climatique doivent être reproduits et adoptés, tant en Afrique qu'ailleurs. »
Si les solutions numériques ne résolvent pas, à elles seules, le problème, elles sont essentielles pour impulser les innovations requises pour ralentir les effets du changement climatique. Ce, en étant couplées à des politiques d'intervention plus efficaces et à de nouveaux modèles économiques qui soient adaptés aux économies africaines.
Au cours de la session intitulée « L'information climatique au service de la planification des interventions d'urgence et des mesures pour soutenir la résilience aux catastrophes », le Centre africain pour les applications de la météorologie au développement (ACMAD) a lancé le débat sur les moyens de renforcer la résilience des régions, des pays et des communautés de l'Afrique subsaharienne face aux impacts des catastrophes naturelles liées au changement climatique.
Le projet SAWIDRA (Information météorologique par satellite au service de la résilience aux catastrophes en Afrique) fait partie de ces initiatives visant à réduire les risques et à renforcer la résilience. Objectif : améliorer les capacités des centres climatologiques nationaux et régionaux spécialisés pour répondre aux besoins des agences chargées de la gestion des risques de catastrophe, de sorte que celles-ci puissent utiliser efficacement les données météorologiques et climatiques et mettre en place des dispositifs d'alerte précoce en temps réel.
Toujours au Pavillon de la Banque africaine de développement, d'autres sessions ont permis d'échanger sur les « Technologies et méthodes d'adaptation au changement climatique dans les secteurs de l'eau et de l'agriculture » et comment « Améliorer la gestion et le financement des risques de catastrophe en Afrique ». L'occasion de revenir en détails sur le rôle des services d'informations météorologiques et climatologiques.
« Il est indéniable que de nombreux pays d'Afrique dépendent de secteurs sensibles au climat comme l'agriculture, la foresterie, la pêche et les ressources naturelles. Les chocs climatiques extrêmes de plus en plus nombreux, comme les sécheresses, les inondations et les cyclones tropicaux, entraînent des pertes financières directes et indirectes pour les pays africains », a fait observer Justus J. Kabyemera, coordinateur du Fonds spécial ClimDev-Afrique à la Banque. « Il leur faut intégrer des stratégies et des technologies de gestion globale des risques de catastrophe dans les processus de développement ».
Lancé par la Banque en octobre 2018, le nouveau Programme de financement contre les risques de catastrophe en Afrique (ADRiFi) est destiné à améliorer la planification et les interventions en cas de catastrophe dans les pays du continent. Ce programme entend offrir des solutions exhaustives et durables au transfert des risques dans le contexte général de la gestion des risques de catastrophe.
Filipe Lucio, le directeur du bureau du Cadre mondial pour les services climatologiques (CMSC), a rappelé que, au-delà de la technologie, une approche coordonnée de la « chaîne de valeur » des services climatologiques s'impose, qui se décline en plusieurs étapes : recueil et analyse de données, analyse du risque, puis prévisions et diffusion d'informations.
« Lorsque nous essayons de résoudre le problème de la gestion des risques climatiques, nous devons adopter une approche cohérente et transparente », a-t-il affirmé. Avant de déplorer : « Dans la plupart des pays d'Afrique, il existe de nombreux programmes et plans qui ne sont ni coordonnés ni alignés les uns sur les autres : cela se traduit par un chevauchement d'initiatives et une utilisation des ressources inefficace. »
« Nous avons besoin de plans nationaux qui traitent chaque élément de la chaîne de valeur afin de pouvoir recenser les lacunes, les priorités et les besoins propres à chaque pays. En agissant de la sorte, nous pouvons attribuer des missions aux différentes entités afin de les responsabiliser et d'encourager les collaborations qui conviennent. Pour le continent, c'est urgent », a-t-il conclu.
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