Des voitures, des camions et des piétons parcouraient, jeudi 24 janvier, le nouveau pont qui relie la Gambie au Sénégal, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle ère de connectivité et d'intégration pour ces deux pays d'Afrique de l'Ouest.
Le pont offre désormais une alternative plus sûre et plus rapide à la traversée risquée en ferry ou au long détour par lequel on accède aux parties nord et sud des deux pays. L'ouvrage, aussi haut qu'un bâtiment de cinq étages, permet aux habitants du nord du Sénégal d'accéder rapidement et facilement à la Casamance, située au sud du Sénégal.
« La Banque africaine de développement, votre Banque, est ici pour féliciter les populations de la Gambie et du Sénégal de leur détermination et de leurs efforts incessants pour que l'idée d'une connexion entre les rives nord et sud se concrétise, ce, plus de quarante ans après sa conception [... ]. L'inauguration de ce pont arrive à un moment opportun, moins d'un an après le lancement de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) à Kigali, au Rwanda », a déclaré le vice-président principal de la Banque, Charles Boamah, qui a assisté, mardi, à la cérémonie d'inauguration. La Banque africaine de développement joue depuis le début un rôle de premier plan dans le projet, auquel elle a apporté un soutien financier, technique et de supervision.
La construction du pont, long de 942 m, ainsi que celle de deux postes-frontière, complète la première phase de ce projet routier, au coût de 93,68 millions de dollars. Il est quasi-entièrement financé par le Groupe de la Banque africaine de développement, grâce à une subvention de 88,4 millions de dollars à la Gambie et à un prêt de 4,4 millions de dollars au gouvernement sénégalais.
Les présidents Adama Barrow (Gambie) et Macky Sall (Sénégal) ont procédé à l'inauguration du pont en présence de hauts dignitaires locaux et étrangers, de responsables gouvernementaux, de chefs religieux et d'habitants de la ville de Farafenni, située dans le nord du pays, où se trouve le pont. Les deux dirigeants ont poursuivi la cérémonie en effectuant une traversée du pont à bord d'un véhicule à toit ouvert.
Le pont, qui enjambe le fleuve Gambie, assurera une circulation fluide entre le nord et le sud de la Gambie et du Sénégal, et devrait permettre de réduire les temps de trajet, de stimuler le commerce et de rapprocher des communautés auparavant isolées les unes des autres. De plus, il facilitera et fera progresser les échanges commerciaux sous-régionaux et contribuera au désenclavement des zones rurales, tout en améliorant le niveau et la qualité du service le long des corridors routiers Nouakchott-Dakar-Lagos.
Avant la construction du pont, les voyageurs devaient attendre des heures, voire des jours, pour monter à bord d'un ferry, ce qui entraînait des pertes énormes de denrées périssables et de produits destinés aux marchés. Les postes-frontière réduiront le temps nécessaire aux formalités douanières, renforçant ainsi les possibilités d'accroissement des échanges économiques et commerciaux.
Le projet cadre avec le Plan de développement national de la Gambie, qui reconnaît que les coûts élevés de transport constituent un obstacle important au développement des secteurs productifs de l'économie. Il est également conforme au Document de stratégie d'intégration régionale pour l'Afrique de l'Ouest de la Banque africaine de développement et à l'une des priorités de ses High 5 qu'est « Intégrer l'Afrique ».
Le projet contribue également à la réalisation du Plan Sénégal émergent (PSE) 2014 du Sénégal, qui privilégie la mutation structurelle de son économie et de sa croissance, de son capital humain, de sa protection sociale et de sa gouvernance.
Le pont a été ouvert mercredi 23 janvier 2019 au public et aux véhicules légers.