Il est urgent de renforcer l'implication du secteur privé dans le secteur productif et d'accroitre l'échelle de nos interventions pour un impact fort sur nos populations
C'est dans une salle archi-comble, d'un hôtel à Douala, que de hauts responsables et experts de la Banque africaine de développement ainsi que des représentants d'institutions multilatérales et bilatérales d'appui au développement basés au Cameroun échangent, pendant deux jours, avec les acteurs clés des secteurs public et privé ainsi que les hauts responsables et des représentants de la société civile, sur la promotion et le financement du secteur privé dans le pays.
La rencontre a mobilisé les média locaux et régionaux, et a été marquée par une forte présence des différentes composantes de la société, notamment des femmes d'affaires et des jeunes porteurs start-ups porteurs d'innovations. Les difficultés d'accès au financement du secteur privé sont au cœur de ce dialogue.
«Le quorum des invités, qui a largement dépassé nos attentes, augure de l'intérêt que portent les Camerounais au rôle particulier que peut jouer la Banque africaine de développement à la problématique du financement du secteur privé », s'est réjoui le directeur général (DG) de la Banque africaine de développement pour l'Afrique centrale, Dr. Ousmane Doré. Au nom du président de la Banque, Akinwumi Adesina, le DG a salué l'excellence de la coopération entre le Cameroun et la Banque. Cet événement, qui en est la traduction, vise à rapprocher la Banque du secteur privé du pays, et à promouvoir le caractère inclusif de ses actions, notamment à travers l'information sur ses instruments de financement en vue de leur déploiement effectif au service des acteurs économiques pour soutenir les initiatives du développement.
«La présente rencontre s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie de la Banque, en vue de promouvoir et de développer le secteur privé compétitif et dynamique tant au plan national que régional,» dira le DG, précisant que : « la Banque a focalisé ses actions sur l'amélioration du climat de l'investissement et des affaires ; l'élargissement de l'accès aux infrastructures économiques et sociales et la promotion du développement des entreprises ».
La part des opérations du secteur privé au Cameroun ne représente qu'environ 11% du total des engagements de la Banque dans le pays.
Poursuivant son intervention très suivie, Doré a rappelé que la Banque a approuvé, de 1992 à 2018, 312 projets répartis dans 37 pays du continent, pour un engagement total de 11,2 milliards d'unités de compte, soit près de 8736 milliards de francs CFA. Pour l'année 2018, les opérations du secteur privé ont atteint près de 23% du total des approbations de la Banque, dont seulement 3% pour l'Afrique centrale contre 39% à 8% pour les autres régions du continent. D'où, selon le DG, la nécessité de relever le niveau des investissements du secteur privé au Cameroun et dans la région d'Afrique centrale.
Le Responsable-pays de la Banque au Cameroun, Dr. Solomane Koné, a, pour sa part passé en revue le tableau économique du pays et souligné l'enjeu de ces Journées dans le contexte économique et financier difficile pour la région en général et le Cameroun en particulier. Il a également mis l'accent sur le « rôle moteur incontournable » que peut jouer le secteur privé pour mieux accompagner le programme de développement et la réalisation du fort potentiel du pays, pour inverser la tendance et assurer l'objectif d'émergence à moyen et long terme. A cet égard, il a situé l'opportunité de ces Journées, estimant que la sensibilisation en vue du déploiement des différents instruments de financement dédiés au secteur privé de la Banque pouvait constituer un levier important permettant de booster l'économie du pays et l'emploi.
«Nous avons pour ambition de changer de cap et d'inverser la tendance, en commençant par le Cameroun, qui dispose d'énormes potentialités et qui est la locomotive de la sous-région ». Selon le représentant-pays, il est urgent de renforcer l'implication du secteur privé dans le secteur productif et le financement des investissements structurant dans le pays et dans la région, d'accroitre l'échelle de nos interventions pour un impact fort sur nos populations, y compris l'autonomisation des femmes et l'emploi des jeunes.
Des présentations détaillées ont été effectuées sur les instruments de financement du Groupe de la Banque par les experts, qui ont également répondu aux questions relatives aux prêts souverains et non-souverains, aux prêts synthétiques en monnaie locale, aux risques et garanties. Des rencontres bilatérales avec des porteurs de projets et sponsors ont permis de discuter en profondeur sur des transactions potentielles qui se poursuivront pour rendre effectives certaines d'entre elles.
Par ailleurs, le vice-président de la Banque, chargé du Secteur privé, de l'infrastructure et de l'industrialisation, Pierre Guislain, a entamé une série d'entretiens avec des acteurs clés du secteur privé. Le vice-président, le DG, le responsable-pays, se retrouveront au deuxième jour, dans un panel de discussions avec des hauts responsables gouvernementaux et du secteur privé. Seront discutés, la stratégie du Groupe de la Banque dans le financement et la promotion du secteur privé, la situation et les perspectives du Gouvernement et des acteurs clés du secteur privé, l'opérationnalisation en Afrique centrale. Les échanges bilatéraux se poursuivront également.