Le vice-président de la Banque africaine de développement, en charge du secteur privé, des infrastructures et de l'industrialisation, Pierre Guislain, a insisté, mardi 11 juin, sur le rôle majeur des institutions financières africaines dans le processus d'intégration régionale en Afrique.
« Ces institutions financent le secteur privé, qui doit devenir le moteur de l'intégration régionale en Afrique », a déclaré Pierre Guislain à l'ouverture de l'atelier organisé par l'Association des institutions africaines de financement du développement (AADFI), en marge des Assemblées annuelles de la Banque à Malabo, en Guinée équatoriale.
L'AADFI, qui tient également sa 45ème Assemblée générale à Malabo, dans le cadre des Assemblées annuelles de la Banque, est une organisation panafricaine créée en 1975 sous l'égide de la Banque africaine de développement. Elle est composée de financiers du développement présents dans la plupart des pays du continent, qui peuvent être des « relais très efficaces pour la Banque », a estimé Pierre Guislain.
Le vice-président de l'AADFI, Lucas Mesos, a pris la parole en l'absence du président de l'association, Patrick Dlamini, pour mettre en valeur l'objectif de l'atelier consistant à « réfléchir à des synergies entre les différentes institutions afin d'être plus efficaces ensemble. L'entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC) cette année justifie notre volonté collective ».
La ratification récente de l'accord sur la ZLEC vise à créer à terme la plus grande zone de libre-échange au monde, avec un marché intégré de 1,3 milliard d'habitants et un PIB global d'environ 3 300 milliards de dollars américains. Pour Pierre Guislain, « la réalité de l'intégration régionale est, avant tout, économique et sociale grâce aux entreprises qui contribuent à réaliser cette intégration, avec l'appui financier des institutions de développement ».
Le PDG de la Banque maghrébine d'investissement et de commerce extérieur (BMICE), Noureddine Zekri, abonde dans ce sens : « Nous finançons exclusivement le secteur privé dans les cinq pays du Maghreb, soit en direct avec les petites et moyennes entreprises, soit en passant par des établissements bancaires à qui nous accordons des lignes de crédit ».
La Banque soutient ces institutions financières, nationales ou régionales, pour la plupart publiques, et membres de la Banque africaine de développement - en renforçant leurs capacités, en partageant le savoir et l'expérience qu'elle possède et, pour certaines d'entre elles, en les finançant directement sur des projets d'envergure.
Pour Mohan Vivekanandan, dirigeant de la Banque de développement d'Afrique Australe, « les gouvernements africains doivent accorder la priorité aux grands projets d'infrastructure impliquant plusieurs pays car ils sont cruciaux pour l'intégration régionale. Leur défi majeur : respecter les délais en améliorant leur coordination ».
« Nous devons prioriser à la fois les efforts d'assistance technique et les provisions de financement à long terme pour que ces grands projets complexes se réalisent », a-t-il poursuivi.
La stratégie d'intégration régionale de la Banque africaine de développement repose sur trois axes principaux : la connectivité (transport, télécommunications, énergie), l'investissement et le commerce (libéralisation des marchés) et l'intégration des systèmes financiers.
En Afrique, cohabitent 54 systèmes financier assez isolés les uns des autres. Selon Pierre Guislain, « il faut trouver les moyens d'intégrer ces systèmes financiers, de permettre aux banques d'avoir un champ d'action plus large que leur marché national, de favoriser les liens entre marchés de capitaux et de développer l'émission d'obligations au niveau régional ».