Pour faire progresser l'intégration régionale, « il faut parfois déplacer les éléphants ». L'Europe, l'Amérique du Sud et l'Asie font part de leurs idées sur le sujet

13 Juin 2019
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African Development Bank (Abidjan)

Vous décririez-vous comme Africain ? Ou bien votre identité première est-elle fondée sur votre nationalité ?

Ce type de questions, propres à alimenter la réflexion, a été soulevé par un haut responsable allemand, Dominik Ziller, lors d'une table ronde consacrée à l'intégration régionale, qui s'est déroulée lors des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement à Malabo, en Guinée équatoriale.

Dominik Ziller est l'un des trois hauts représentants d'Amérique du Sud, d'Asie et d'Europe qui, mercredi, ont fait part de leurs idées sur l'intégration régionale en se basant sur leur expérience personnelle. Toshio Oya, représentant le ministère des Finances du Japon, et Marcos Guimaraes, celui de l'Économie du Brésil, s'étaient joints à Dominik Ziller.

Le thème du débat était intitulé « La stimulation de la prospérité économique grâce à l'intégration régionale : enseignements tirés de l'expérience et perspectives futures ». Il était en concordance avec le thème des Assemblées annuelles et avec l'une des cinq priorités stratégiques, « High 5 », de la Banque africaine de développement.

Ce thème illustre la responsabilité grandissante que doit assumer le continent dans la création de la plus grande zone de libre-échange de la planète. La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) a obtenu sa 22ème ratification en avril dernier. Un plan de lancement sera mis en place par les ministres africains du Commerce lors d'une réunion au sommet le 7 juillet prochain.

L'un des objectifs de la ZLECA consiste à stimuler les échanges commerciaux entre les pays d'Afrique. Dominik Ziller a salué l'objectif de l'Union africaine de faire passer les échanges commerciaux intra-africains à 50% des échanges mondiaux d'ici à 20 ans, alors que le niveau actuel est d'environ 15%.

« Je pense que cette harmonisation nous mènera également vers une Afrique capable de mieux faire entendre sa voix », a déclaré Dominik Ziller, qui travaille pour le ministère allemand de la Coopération économique et du Développement, et occupe la fonction de gouverneur temporaire de la Banque africaine de développement.

Marcos Guimaraes a affirmé que le Mercosur d'Amérique du Sud se trouvait encore dans la première phase d'intégration. Le Mercosur, mis en place dans les années 90, est en grande partie une union douanière et n'a pas de monnaie unique, contrairement à la plupart des pays de l'Union européenne.

« Il s'agit d'un effort continu ! Il s'agit de progresser sans jamais s'arrêter en examinant ce qu'il faudra faire ensuite. Il n'y a pas de ligne d'arrivée au-delà de laquelle on se dit que nous avons réussi et que nous avons l'intégration régionale telle que nous la souhaitions », a précisé Marcos Guimaraes.

Plusieurs communautés économiques régionales africaines ont déjà réalisé des progrès en matière de convergence, notamment la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) et l'Union économique et monétaire de l'Afrique de l'Ouest (UEMOA), qui utilisent chacune une monnaie unique. La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a fixé, à l'an prochain, l'échéance pour la création d'une union monétaire.

D'autres régions ont mis en place des réformes sur la circulation des personnes et des échanges commerciaux pour faciliter l'intégration, comme le visa à entrée unique pour le Kenya, l'Ouganda et le Rwanda en Afrique de l'Est. De son côté, l'Union douanière d'Afrique Australe est la plus ancienne union de ce type de la planète.

Selon Toshio Oya, il est nécessaire d'avoir des doigts de fée pour pouvoir s'attaquer aux problèmes complexes qui existent au sein de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE).

« Une des grandes difficultés en Asie est de traiter équitablement des pays qui sont différents. Lorsque nous travaillons sur des projets régionaux, nous sommes confrontés à maints problèmes épineux. Nous devons donc compter sur une banque de développement multilatérale pour jouer un rôle de coordination. Parfois, il nous faut déplacer des éléphants. C'est une tâche très difficile et les éléphants, eux, ne nous écoutent pas ».

Dominik Ziller a déclaré que l'UE n'était pas découragée par les récentes difficultés liées à la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne connue sous le nom désormais célèbre de « Brexit ».

« Je suis tout à fait convaincu que l'Union européenne survivra. Je pense que ce qui est important, si on considère l'Union européenne, c'est que nous l'avons constituée étape par étape. Tôt ou tard, elle deviendra si séduisante que tout le monde voudra y adhérer ».

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