Le barrage de régulation du projet Lom Panga est achevé, l'usine de pied (de barrage) pour la production est encore en travaux. En attendant, deux autres centrales, Kribi et Dibamba, sont en service pour renforcer les capacités de production au Cameroun.
Ces trois projets, financés en 2010-2011 par la Banque africaine de développement à hauteur de 121,4 millions de dollars américains, doivent approvisionner en électricité les populations camerounaises, longtemps confrontées à des délestages.
La dernière coupure marquante du réseau électrique, longue de huit heures, date de mars dernier et a touché plusieurs régions du pays (extrême nord, nord, littoral, Adamaoua, sud et centre). En cause, la finalisation des travaux sur les lignes de transport, l'entretien de la ligne de tension et surtout le remplacement de poteaux de transport électrique en bois par des poteaux en béton.
Ces travaux de rénovation du réseau ont pour objectif l'amélioration de la qualité du service public en matière d'accès à l'électricité.
Lom-Pangar, « le poumon » de la production d'électricité
En novembre 2011, la Banque africaine de développement a consacré un financement de 62,9 millions de dollars américains à l'aménagement de ce barrage hydroélectrique, dans l'est du pays. Le projet a vu la construction d'un barrage-réservoir (6 milliards de m3 de retenue d'eau) destiné à réguler l'hydrologie de la Sanaga et optimiser la production, en période d'étiage (bas niveau des eaux) de la centrale de Song Loulou (335 MW) de la centrale d'Edéa (224 MW). Ces deux dernières centrales ont vu leur capacité de production passer de 450 MW à 729 MW.
En parallèle, une centrale hydroélectrique de 30 MW est en cours de construction au pied du barrage. Elle doit être reliée à l'usine thermique de Bertoua par une ligne de 90 kV, longue de 105 km, qui devrait être opérationnelle en mai 2021, après l'installation d'un poste d'évacuation et la construction de ses quatre turbines. Lom-Pangar fournira de l'électricité à quelque 150 localités de la région et permettra de réduire sensiblement les délestages dans la zone.
« Le barrage réservoir de Lom-Pangar va permettre d'économiser l'eau dans les autres barrages réservoirs », a souligné, en mars 2018, le directeur général d'Electricity Development Corporation (EDC), Théodore Nsangou, dans un entretien accordé à un quotidien gouvernemental.
Kribi, « l'oxygène » en période sèche
La centrale à gaz de Kribi, d'une capacité de 216 MW, a été mise en service en 2013, après avoir reçu, en juillet 2011, un financement de 32,8 millions de dollars américains de la Banque africaine de développement, pour son extension. Son objectif de production est de 330 MW. Pour l'heure, la centrale bénéficie d'une ligne de transport de 225 kV, longue de 100 km, jusqu'à la sous-station de Magombe dans la région d'Edéa, au sud du pays. La centrale fonctionne au gaz naturel (avec le fuel léger comme combustible de secours) provenant du champ gazier offshore de Sanaga Sud.
En période de saison sèche, la centrale de Kribi et ses neuf turbines à gaz à cycle simple représentent un véritable « oxygène », en maintenant à flot le secteur énergétique du pays, notamment le réseau interconnecté du sud, auquel la production d'électricité de Kribi est destinée.
La centrale à gaz de Kribi et la centrale électrique de Dimbaba assurent un accès à l'électricité à près de la moitié de la population au Cameroun.
Dibamba, le « souffle » inépuisable
La centrale électrique à fioul lourd de Dibamba a également été conçue pour répondre aux problèmes urgents de délestage en période de saison sèche. Elle a été la première des trois centrales à recevoir, en avril 2010, un appui financier de la Banque africaine de développement, soit 25,6 millions de dollars américains. Construite pour palier le déficit en électricité du pays, elle a été vite rattrapée par la forte demande au lendemain de son inauguration.
Située à la périphérie de Douala, deuxième métropole du Cameroun, Dibamba est une centrale thermique de 86 MW, dotée d'une ligne de transport de 90 kV, longue de 2 km, qui la relie au réseau interconnecté couvrant les zones les plus reculées et les plus peuplées de l'ouest du pays.
Avec une puissance hydroélectrique potentielle estimée à 23 000 MW, le Cameroun est le deuxième pays du continent africain en termes de potentiel hydroélectrique, et le 18ème à l'échelle mondiale. Dans la perspective de son émergence à l'horizon 2035, le pays compte développer son industrie. La construction de la centrale hydroélectrique de Nachtigal a débuté en 2019 et devrait s'achever dans environ cinq ans avec une capacité de production estimée à 420 MW.
La Banque africaine de développement a consacré une enveloppe de 154,8 millions de dollars pour la réalisation de cette autre centrale. D'autres partenaires au développement, comme la Banque mondiale, la Banque européenne d'investissement, Proparco sont engagés sur le projet.