La Banque africaine de développement et le gouvernement du Tchad ont célébré, vendredi 25 octobre à N'Djamena, la restitution des travaux de rénovation du lycée féminin bilingue d'Amriguébé.
Une cérémonie officielle avec coupure de ruban s'est déroulée en présence notamment de M.Aboubakar Assidick Tchoroma, ministre de l'Éducation nationale et de la promotion civique du Tchad, d'Ousmane Doré, directeur général de la Banque africaine de développement pour l'Afrique centrale, et ainsi que Ousmane Abderaman Djougourou, conseiller spécial des infrastructures du président de la République tchadien.
Le lycée d'Amriguébé, bâti en 1991 grâce au financement de la Banque, accueille quelque 1500 jeunes filles et comprend une section d'enseignement francophone et une autre arabophone.
Les récents travaux, financés sous forme de dons par la Banque à hauteur de 200 millions de francs CFA (environ 304 700 euros) ont permis d'améliorer l'hygiène, la santé et la sécurité des lycéennes, rendant leur environnement scolaire plus propice aux études : accès à l'eau potable par un château d'eau solaire de 20 m3 alimentant 90 robinets ; fourniture de médicaments et de matériels médicaux pour la clinique scolaire (trousses de premiers soins, antibiotiques, matériel médical) ; surélévation du mur de protection de l'établissement à 2,5 mètres du sol, réfection des latrines, et travaux de peinture intérieur et extérieur du lycée.
Lors de son allocution, Ousmane Doré s'est adressé aux bénéficiaires : « continuez les actions d'assainissement, de salubrité. Internalisez ces actions, adoptez ce comportement car il peut vous accompagner dans la vie de tous les jours ». Il a lancé un appel aux partenaires du développement : « aujourd'hui, on ne parle plus de développement, on parle de co-développement. Je lance un appel aux partenaires pour leur demander de s'impliquer avec nous dans la deuxième phase de rénovation scolaire à N'Djamena et à travers le pays ».
Le ministre de l'Education nationale du Tchad Aboubakar Assidick Tchoroma a, lui, attiré l'attention « des responsables administratifs du lycée afin de veiller à l'entretien de ces ouvrages et contrôler l'accès de l'établissement à de personnes susceptibles de perturber la quiétude des filles pendant les horaires de fréquentation ». Il a également souligné que « la scolarisation des filles et l'alphabétisation des femmes devrait contribuer aux développement grâce à son effet à court, moyen et long terme sur l'autonomisation des femmes. Elle devrait avoir des effets positifs direct et indirect sur la lutte contre les phénomènes qui constituent des contraintes à l'amélioration de la condition de vie des populations comme la réduction des mariages précoces et la violence basée sur le genre ».
« Au-delà de la réfection des infrastructures, nous voulions résoudre le problème d'insalubrité de ce lycée. Afin d'assurer la pérennisation des actions, nous avons travaillé avec le ministère de l'Éducation afin de mobiliser toutes les parties prenantes pour prendre conscience des problèmes d'hygiène et leur impact négatif sur la santé des jeunes filles », a expliqué Nawsheen Elaheebocus, chef de projet et chargée supérieure de développement humain à la Banque africaine de développement.
Des acteurs des secteurs public et privé ainsi que des ONG se sont mobilisés, le 19 octobre dernier, dans le cadre de la Journée de la salubrité, pour une grande opération de nettoyage du lycée. Plus de 500 jeunes filles y ont participé aux côtés de représentants d'associations, comme Africa Green Connect, du ministère de l'Éducation et de sociétés de construction privées. Par ailleurs, les administrateurs du lycée ont créé des jardins maraîchers au sein de l'établissement afin de donner aux jeunes filles des bases sur les techniques de plantation.
Lors d'une visite en 2016, Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement, avait exprimé le vœu de « la réception prochaine de son lycée rénové. ».
Partenaire du Tchad dans le secteur de l'éducation depuis 1976, la Banque africaine de développement a financé, pour un montant total de 53 millions d'euros, des projets éducatifs. Le lycée d'Amriguébé fait partie des établissements sélectionnés pour bénéficier du soutien technique et financier de la Banque par le biais d'un nouveau projet intitulé « Projet de promotion de la formation des filles et de l'alphabétisation des femmes ». Ce projet a pour objectif d'améliorer la qualité de vie de la population tchadienne en renforçant l'égalité du genre dans l'accès à l'éducation et à l'alphabétisation, et ainsi assurer une autonomisation accrue des femmes tout en réduisant les freins à la scolarisation des filles.
Parmi les personnalités présentes à la cérémonie du lycée d'Amriguébé figuraient également Houle Djonkamla, directeur général du ministère de l'Économie et de la planification du développement et gouverneur suppléant de la Banque au Tchad ainsi que Fatime Brahim Nokour, directrice générale du ministère de la Femme, de la petite enfance et de la solidarité nationale, et le représentant résident de la Banque Islamique de Développement, des partenaires du développement comme l'UNICEF et le PNUD et des membres de la société civile.
« La rénovation du Lycée féminin bilingue d'Amriguébé fait notre fierté. L'éducation des filles est l'un des vecteurs les plus puissants pour accélérer le développement et améliorer les conditions de vie de nos populations. Il est donc important que les établissements scolaires offrent des conditions optimales dans un environnement sain et sécurisé. Nous continuerons de travailler de près avec les autorités tchadiennes et tout autour du continent pour l'égalité des chances et la création d'opportunités pour les générations à venir. », a réagi Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement, à l'annonce de cette rénovation.
Le Tchad fait face à une situation socioéconomique difficile, notamment avec une pauvreté endémique, et à des défis sécuritaires aux frontières. En 2017, moins d'un enfant sur deux était scolarisé dans le primaire et dans l'enseignement secondaire, le taux de scolarisation n'était que de 17%, pénalisant en particulier les jeunes filles. La Banque africaine de développement est engagée à soutenir le pays dans ses priorités de développement, notamment dans le secteur de l'éducation.