Des spécialistes des questions liées à la jeunesse et au genre ont exploré, ce mercredi, différentes approches pour garantir une gouvernance foncière responsable, prenant en compte les jeunes, et sensible au genre dans la transparence de gestion, lors d'une séance interactive de la 3ème Conférence sur la politique foncière en Afrique, qui se tient cette semaine à Abidjan.
La conférence, co-organisée par l'Union africaine, la Commission économique pour l'Afrique et la Banque africaine de développement, a pour thème : « Remporter la lutte contre la corruption dans le secteur foncier : option viable pour la transformation de l'Afrique ».
Le foncier est une ressource précieuse pour l'Afrique, ont reconnu d'entrée les panélistes autour d'Oumar Sylla, modérateur de la séance. Les terres sont très importantes pour les collectivités rurales comme urbaines. La terre représente une source de vie, une ressource sociale et économique stratégique pour le bien-être, un héritage de la dernière génération et un cadeau pour les générations à venir.
Les experts se sont penchés sur l'importance de la terre pour les jeunes, soulignant que l'inégalité des chances dans l'accès à la terre compromettait l'autonomisation et le développement des jeunes. « Pour une forte proportion d'entre eux, les jeunes sont sans emploi ou ont des ressources, des capacités ou des compétences limitées pour développer leurs initiatives entrepreneuriales », a expliqué Ombretta Tempra, experte du Réseau mondial d'outils fonciers des Nations unies. Pourtant, les jeunes ont plus d'énergie et sont plus dynamiques que les agriculteurs plus âgés. Il faut donc encourager la mutation vers les technologies et entreprises agricoles modernes afin d'inverser la tendance au vieillissement de la population agricole africaine.
L'enjeu de cette séance consistait à exposer les outils disponibles pour une représentation équitable des femmes et des hommes mais aussi des jeunes. Cet objectif est mis à mal lorsque les gouvernements placent leurs priorités ailleurs que dans l'égalité des sexes.
Pour garantir les droits fonciers aux jeunes africains, les spécialistes ont proposé une méthode simple et pratique pour évaluer la capacité des récits, des politiques, des cadres et des projets liés à la terre afin de répondre aux besoins et aux préoccupations des jeunes en matière de terre. Selon eux, il est aussi nécessaire de faire une analyse des facteurs d'influence et des contrefacteurs. Comment ? Les États doivent examiner les politiques et les lois existantes, les modifier ou en élaborer de nouvelles. Ils aussi renforcer le leadership pour plaider en faveur de politiques et de pratiques foncières favorables aux jeunes à tous les niveaux, mettre en place des programmes durables de financement public pour les jeunes afin qu'ils puissent acquérir et exploiter des terres. D'où cette question : pourquoi ne pas élaborer une charte africaine sur la jeunesse et la terre ?
Pour Bening Ahmed, représentant de l'Union panafricaine de la jeunesse, « l'intégration des jeunes devrait être une composante essentielle de la formulation et de la mise en œuvre de la politique foncière des pays africains ». Objectif : leur donner la priorité dans la redistribution des terres et de la gouvernance.
Un processus législatif respectueux de l'égalité des sexes ne débouchera pas nécessairement sur un cadre équitable en termes de parité. Toutefois, une participation égalitaire des femmes et des hommes au processus d'élaboration a davantage de chances de produire un arsenal législatif et réglementaire au service de l'intérêt général. Mieux, une prise en compte des jeunes dans les politiques foncières est un moyen de transition entre les générations mais aussi, un moyen clé de lutte contre le chômage. Cela répondra aux besoins de femmes et d'hommes issus de groupes sociaux diversifiés. C'est là une condition indispensable à la mise en œuvre équitable des politiques et lois foncières.