Ministres, diplomates, représentants d'ONG ou encore journalistes ont appelé, de concert, à bâtir un front uni pour répondre aux défis posés par le changement climatique en Afrique, à l'occasion de la Journée de l'Afrique organisée mardi à la 25ème conférence des Nations unies sur le climat (COP25) à Madrid.
Dans une salle comble du centre de conférence de l'IFEMA, Yasmin Fouad, ministre égyptien des Affaires environnementales, a affirmé, au nom de l'Union africaine (UA), avoir « poursuivi le dialogue et cherché des solutions acceptables pour les problèmes non résolus. Nous continuerons à le faire. Nous devons néanmoins témoigner de notre inquiétude face à l'apparente réticence de nos interlocuteurs à prendre part à l'examen des questions prioritaires pour les pays en développement, comme en témoigne le grand nombre d'entre elles qui ont simplement été repoussées de session en session, sans aucun progrès ».
L'Afrique est le continent qui contribue le moins aux émissions responsables du réchauffement climatique, mais c'est aussi le continent le plus vulnérable, comme l'ont montré récemment des catastrophes naturelles aux effets dévastateurs. L'Afrique représente 17 % de la population mondiale, mais ne représente que 4 % des émissions de gaz à effet de serre. Depuis la COP17 en 2011, la Journée de l'Afrique a lieu chaque année lors de la conférence des Nations unies sur le climat afin de recueillir le plus large soutien à la cause du continent.
« Les catastrophes climatiques auxquelles le continent doit faire face exigent une réponse prévisible et commune », a déclaré Mohamed Beavogui, secrétaire général adjoint des Nations unies et directeur général de l'African Risk Capacity, une agence de l'UA chargée d'aider les gouvernements à faire face aux catastrophes naturelles.
« L'Afrique doit évoluer vers des modèles de financement innovants s'appuyant sur la réalité des marchés, afin qu'elle puisse mettre en place un continent fort, uni, résilient et influent à l'échelle internationale. L'avenir de l'Afrique dépend de la solidarité », a affirmé Mohamed Beavogui.
Vera Songwe, secrétaire exécutive de la commission économique des Nations unies pour l'Afrique (CEA), a affirmé que ladite commission aiderait les pays africains à réviser leurs contributions déterminées au niveau national (CDN) pour attirer les investissements du secteur privé dans les énergies propres. « Le manque d'ambition et d'une véritable action concertée au niveau international pour lutter contre le changement climatique représente une menace existentielle pour les populations africaines », a-t-elle ajouté.
Dans la lutte contre le changement climatique, l'Accord de Paris en 2015 est l'élément moteur des négociations en cours. Il appelle les nations à faire en sorte que les températures du globe n'augmentent pas de plus de 2°C d'ici à la fin du siècle, tout en cherchant à contenir cette augmentation à moins de 1,5°C. La prochaine étape consistera à mettre en œuvre les CDN, qui définissent des objectifs nationaux dans le cadre de l'Accord de Paris.
Alors que les pays africains ont souligné, dans leurs CDN, leur volonté commune de bâtir des économies résilientes aux effets du changement climatique et à faible émission de carbone, la position du continent est que cette question ne devrait pas être traitée de la même manière que les pays développés, car ses émissions de carbone ne représentent qu'une fraction de celles des grandes économies mondiales.
« L'Agence de développement de l'Union africaine (AUDA-NEPAD) reste déterminée à s'associer à d'autres institutions pour apporter le soutien nécessaire aux États membres de l'Union africaine dans la révision et la mise à jour de leurs CDN », a déclaré Estherine Fotabong, directrice des programmes à l'AUDA-NEPAD.
Barbara Creecy, ministre sud-africaine de l'Environnement et actuelle présidente de la Conférence ministérielle africaine sur l'environnement, a affirmé que la Journée de l'Afrique devrait proposer de nouvelles idées permettant d'améliorer la mise en œuvre des CDN sur le continent.
« L'Afrique répond déjà de façon positive aux défis posés par le changement climatique », a déclaré Anthony Nyong, directeur chargé de la lutte contre le changement climatique et de la croissance verte à la Banque africaine de développement, citant l'intérêt considérable affiché pour les investissements dans les énergies renouvelables lors de l'Africa Investment Forum de la Banque à Johannesburg.
« De toute évidence, nous sommes un continent qui possède les ressources nécessaires pour créer l'Afrique que nous appelons de nos vœux. Je pense que ce qui a été le chaînon manquant, c'est la capacité à se démarquer et à agir en fonction des signaux émis par le marché », a ajouté Anthony Nyong. « Nous continuons de présenter l'Afrique comme une entité vulnérable et non comme une entité disposant de capacités industrielles et commerciales offrant des opportunités. En fait, là où nous avons tenté de la présenter sous ce dernier aspect, les résultats ont correspondu pleinement à nos attentes. »
Le chef Fortune Charumbira, vice-président du Parlement panafricain, a déclaré qu'une législation rigoureuse en matière de climat était indispensable.
« La réponse de la planète à ce défi a montré que la mise en place d'une législation est indispensable à la consolidation des efforts déployés par les différentes parties prenantes, tant pour l'Accord de Paris que pour les contributions déterminées au niveau national », a-t-il affirmé.
L'ambassadrice Josefa Sacko, commissaire à l'économie rurale et à l'agriculture à la Commission de l'Union africaine, a déclaré que le changement climatique affectait des secteurs clés du développement socioéconomique de l'Afrique comme l'agriculture, l'élevageet la pêche, l'énergie, la biodiversité et le tourisme. Elle a appelé les pays d'Afrique à établir un bilan de l'Accord de Paris et de sa mise en œuvre du point de vue du financement du renforcement des capacités et du développement des technologies.
Contact:
Union africaine : Esther Azaa Tankou, responsable de la Division de l'information, Direction de l'information et de la communication, Commission de l'Union africaine, e-mail : YambouE@africa-union.org
Banque africaine de développement : Gershwin Wanneburg, e-mail : g.wanneburg@afdb.org
CEA : Sophia Denekew, e-mail : Denekews.uneca@un.org
Parlement panafricain : Ntsiuoa Sekete, e-mail : ntsiuoa.sekete@panafricanparliament.org