Près de cent délégués kenyans ont participé, avec des milliers de dirigeants mondiaux à la conférence sur le climat de la COP 25 à Madrid, en Espagne, alors que leur pays est sévèrement touché par des inondations.
Les délégués africains sont particulièrement préoccupés par la disproportion entre la contribution du continent aux émissions responsables du réchauffement climatique et sa vulnérabilité aux effets du changement climatique. Alors que l'ensemble des cinquante-quatre États africains représentés lors des négociations sur le climat de l'ONU, ne sont responsables que de moins de 4 % des émissions mondiales, chacune des nations à travers le continent, ressent les effets du changement climatique.
En début d'année, des inondations catastrophiques, provoquées par deux cyclones différents ont affecté plus de 2 millions de personnes au Mozambique, au Zimbabwe et au Malawi. À la fin du mois de novembre, de fortes précipitations ont entraîné des glissements de terrain qui ont causé la mort de plus de cinquante personnes à West Pokot, au Kenya. Les pluies continuent de causer des dégâts sans précédent dans les différentes parties de ce pays d'Afrique de l'Est.
Tenant compte de cette situation, les négociateurs africains présents à la COP 25 ont demandé qu'il soit accordé au continent un « statut spécial », lui permettant de disposer de davantage de ressources pour faire face à de telles catastrophes liées au changement climatique.
Le président du Groupe africain des négociateurs, l'ambassadeur Mohamed Nasr, a déclaré que les pays d'Afrique dépensaient chaque année au moins 2 % de leur PIB pour lutter contre les conséquences du changement climatique.
« Cette dépense constitue déjà un énorme fardeau pour le continent », a précisé Mohamed Nasr. De nombreux pays d'Afrique découvrent chaque jour du pétrole et du gaz qui pourraient stimuler leurs économies, mais ces ressources pourraient rester inexploitées, suite aux appels lancés par la communauté internationale pour réduire les émissions à l'échelle mondiale.
« Accorder à l'Afrique un statut spécial encouragerait le continent à maintenir la voie du développement durable », a affirmé Mohamed Nasr.
Les pays d'Amérique latine et des petits États insulaires ont déclaré qu'ils étaient également particulièrement touchés par les effets du changement climatique.
Face au problème, les experts africains ont souligné que leur demande était fondée sur des études scientifiques qui ont montré que l'économie du continent était potentiellement la plus vulnérable. Le demande d'un statut spécial pour l'Afrique est apparue pour la première fois en 2015 lors de la COP21 à Paris, où les ministres ont soumis la question à l'examen.
Les consultations informelles se sont poursuivies jusqu'aux négociations des Nations Unies de l'année dernière, à Katowice, en Pologne, avant que la question ne figure finalement à l'ordre du jour cette année, à Madrid.
La Banque africaine de développement, présente à la conférence pour soutenir ses pays membres régionaux dans les négociations, a joué un rôle essentiel dans l'élaboration de la prise de position du continent dans la perspective de la COP 25.
La délégation de la Banque participe à plusieurs tables rondes et autres rencontres, notamment celles sur l'égalité des sexes et le changement climatique, le financement de la lutte contre les effets du changement climatique, le rôle des législateurs dans la mise en œuvre de l'Accord de Paris et l'adaptation aux effets du changement climatique.