Pour la première fois en dix ans, les dépenses d'investissement, plutôt que celles consacrées à la consommation, représentent plus de la moitié du taux de croissance du PIB
Le rapport en appelle à des investissements urgents dans le domaine de l'éducation et dans les infrastructures afin de pouvoir obtenir à long terme un taux de croissance du PIB acceptable
« Le chômage des jeunes doit être une priorité absolue. Avec 12 millions de diplômés qui arrivent sur le marché du travail chaque année et seulement 3 millions d'entre eux qui en obtiennent un, la montagne du chômage des jeunes grossit chaque année ». - Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement 30-jan-2020
La croissance économique de l'Afrique est restée stable à 3,4% en 2019 malgré les chocs extérieurs, et elle est en passe d'atteindre 3,9 % cette année et 4,1 % en 2021, selon le rapport « Perspectives économiques en Afrique 2020 » publié ce jeudi par la Banque africaine de développement.
La croissance du PIB continental, plus faible qu'anticipé, tient en partie à l'expansion modérée des « cinq grandes économies » du continent, l'Algérie, l'Égypte, le Maroc, le Nigeria et l'Afrique du Sud, dont la croissance combinée représentait en moyenne 3,1 %, contre 4,0 % pour le reste du continent.
La publication phare de la Banque, qui paraît chaque année depuis 2003, présente les chiffres clés sur les performances et les perspectives économiques de l'Afrique. La présentation du rapport 2020, au siège de la Banque à Abidjan, a enregistré la présence de l'ancienne présidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf, et différents ministres africains, diplomates, chercheurs et représentants de divers organismes internationaux.
Mme Johnson Sirleaf a félicité la Banque pour avoir su conserver la confiance des peuples du continent « ... parce que nous vous faisons confiance. C'est aussi simple que cela. Une confiance pour partager notre vision et pour comprendre nos limites. », a-t-elle insisté.
Elle a déclaré, faisant référence aux économies africaines qui connaissent la plus forte croissance : « Il y a des stars parmi nous... et nous voulons les applaudir. Nous voulons en voir plus, en particulier pour des pays comme le mien, qui ont été laissés pour compte, afin que davantage puisse être fait pour leur apporter le soutien dont ils ont besoin ».
En 2019, pour la première fois en dix ans, les dépenses d'investissement, plutôt que celles consacrées à la consommation, ont représenté plus de la moitié de la croissance du PIB continental. Si elle se confirme, cette évolution contribuera, de manière structurelle, à soutenir l'économie et potentiellement à accélérer la croissance à venir de l'Afrique, tout en augmentant la base productive actuelle et future du continent et en améliorant la productivité de la main-d'œuvre.
De façon générale, les prévisions montrent que les bases fondamentales favorables à la croissance du continent se sont améliorées grâce à ses éléments moteurs, qui s'orientent, de façon progressive, vers les investissements et les exportations nettes et se détournent de la consommation individuelle.
L'Afrique de l'Est a maintenu son avance en tant que région ayant la croissance la plus rapide du continent, avec une croissance moyenne estimée à 5,0 % en 2019 ; l'Afrique du Nord a été la deuxième plus rapide, avec 4,1 %, tandis que la croissance de l'Afrique de l'Ouest a atteint 3,7 % en 2019, contre 3,4 % l'année précédente.
L'Afrique centrale a connu une croissance de 3,2 % en 2019, contre 2,7 % en 2018, tandis que la croissance de l'Afrique australe a considérablement ralenti sur la même période, passant de 1,2 % à 0,7 %, avec en cause l'effet des cyclones dévastateurs Idai et Kenneth.
L'urgence de remédier à l'inadéquation formation-emploi en Afrique
Le rapport de la Banque africaine de développement, « Perspectives économiques en Afrique 2020 », dont le thème est « Former la main-d'œuvre africaine de demain », appelle à une action urgente pour assurer le développement du capital humain dans les pays d'Afrique où, en termes de quantité et de qualité, celui-ci est beaucoup plus faible que dans les autres régions du monde.
Le rapport fait état également du besoin urgent de renforcement des capacités et apporte plusieurs recommandations en matière de politiques, notamment en demandant davantage d'investissements de la part des États dans l'éducation et les infrastructures pour maximiser les bénéfices à long terme de la croissance du PIB. L'une des autres exigences fondamentales, soulignée par le rapport, est le développement d'une main-d'œuvre capable de répondre à la demande pour faire face aux besoins de l'industrie.
« L'Afrique doit développer les compétences dans les technologies de l'information et de la communication ainsi que dans les sciences, les technologies, l'ingénierie et les mathématiques. La quatrième révolution industrielle imposera des exigences de plus en plus grandes aux systèmes d'éducation qui forment des diplômés possédant ce type de compétences », note le rapport.
Pour maintenir le chômage à son niveau actuel, l'Afrique devra ainsi créer 12 millions d'emplois par an, anticipent les experts qui ont rédigé le rapport : « compte tenu des prévisions de perturbations sur les marchés de l'emploi en raison de l'évolution rapide des technologies, il est urgent que les pays s'attaquent aux principaux goulots d'étranglement qui freinent la création de capital humain. »
« Le chômage des jeunes doit être une priorité absolue. Avec 12 millions de diplômés qui arrivent sur le marché du travail chaque année et seulement 3 millions d'entre eux qui obtiennent un emploi, la montagne du chômage des jeunes grossit chaque année », a dit Akinwumi Adesina, en dévoilant le rapport
« Regardons la vie réelle au-delà des statistiques. Entendons leur voix, ressentons leurs aspirations »., a-t-il ajouté.
Si de nombreux pays affichent de solides indicateurs de croissance, un nombre relativement faible d'entre eux enregistre des baisses importantes de l'extrême pauvreté et des inégalités, qui restent plus élevées que dans les autres régions du monde.
Pour l'essentiel, une croissance inclusive (consommation moyenne en hausse plus rapide pour les pauvres et des inégalités moins grandes entre les différents segments de la population) ne s'est produite que dans 18 des 48 pays d'Afrique pour lesquels des données sont disponibles.
« Alors que nous entamons une nouvelle décennie, la Banque africaine de développement se tourne vers ses citoyens. L'Afrique est dotée de ressources, mais son avenir réside dans sa population, a déclaré Hanan Morsy, directrice du Département des politiques macroéconomiques, des prévisions et de la recherche de la Banque. L'éducation est le principal facteur d'égalité. Ce n'est qu'en développant notre main-d'œuvre que nous pourrons commencer à réduire la pauvreté, à combler les disparités salariales et à adopter de nouvelles technologies pour créer des emplois dans les secteurs de la connaissance. »
Publiées chaque année, les Perspectives économiques en Afrique offrent des données et des analyses à jour pertinentes dans le but d'informer et de soutenir les décideurs africains. La publication jouit d'une solide réputation sur le plan international en tant qu'outil de renseignement et d'analyse économiques, de dialogue politique et d'efficacité opérationnelle.
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Contact:
Emeka Anuforo, Département de la communication et des relations extérieures , Banque africaine de développement