Un projet routier financé par la Banque africaine de développement dans le nord-est du pays change la vie des populations

12 Mars 2020
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African Development Bank (Abidjan)

Avant la remise en état de la route en 2018, Joseph Turay avait l'impression de vivre un cauchemar en effectuant le trajet entre Matotoka et Sefadu, dans le nord-est de la Sierra Leone. En moyenne, le chauffeur routier passait entre cinq heures et une journée entière pour parcourir 120 kilomètres sur cet axe, laissé en l'état depuis presque 50 ans.

Au fil du temps, lui et ses collègues chauffeurs n'ont pu que constater les dégâts : marchandises dégradées et véhicules hors d'usage avant de parvenir à destination.

La saison des pluies créait des situations encore plus dangereuses. Les gros véhicules se retournaient souvent à cause des nids de poules, provoquant des accidents mortels et de lourds dégâts de marchandises. Sur le bord de la route, il n'était pas rare de voir des véhicules renversés avec leur cargaison de ciment, d'essence, d'aliments ou de matériel d'exploitation minière.

À la saison des pluies, les camionneurs pouvaient passer jusqu'à trois jours sur la route de Matotoka à Sefadu, qui est une artère stratégique reliant les districts administratifs de Tonkolili et de Kono. Cette route est également essentielle pour relier la Sierra Leone à la Guinée et au Libéria.

Aujourd'hui, Joseph Turay a retrouvé le sourire. Le vice-président de l'Association des camionneurs de Matotoka salue l'aide financière de la Banque africaine de développement, qui a permis de rénover la route et de l'élargir. Principal bailleur de fonds, la Banque a accordé un prêt et une subvention pour un total de 34 millions de dollars américains au Fonds africain de développement, ce qui a aidé à couvrir environ 77% du coût du projet, hors frais de réinstallation et d'indemnisation.

L'aide de la Banque a permis la réfection de 70 kilomètres de route, facilitant grandement la circulation des biens et des personnes dans le nord et l'est de la Sierra Leone. « Avant, il fallait une journée pour se déplacer (entre les deux villes). Maintenant, il faut seulement deux heures, voire moins. La route est devenue plus sûre et les accidents ont été réduits. Les denrées périssables sont livrées désormais à temps », explique Joseph Turay, entouré de ses collègues.

Le transport des minéraux, notamment des diamants et du minerai de fer, est également plus rapide vers le port de Nitti. Les activités minières et les exportations en ont tiré bénéfice. Selon l'Agence nationale des minéraux, les exportations de diamants ont augmenté grâce à la remise en état de la route en 2018, grâce à un accès facilité vers les sites miniers du district de Kono. Avec le regain d'intérêt des investisseurs, le nombre de licences d'exploitation a bondi et l'agence a maintenant un bureau à Kono pour améliorer la réglementation et la gouvernance.

Les retombées socio-économiques sont positives pour les communautés vivant le long de la voie. Les membres de ces communautés disposent désormais d'un meilleur accès aux établissements de santé, aux exploitations agricoles, aux marchés et aux établissements scolaires. Les femmes, qui exploitent des stands le long de la route, constatent une hausse de leur activité. En outre, les services de bus entre Freetown, la capitale, et Sefadu ont pu reprendre. « Avant la remise en état de la route, le commerce n'était pas très bon. Je gagne désormais au moins deux fois plus », affirme Hauwa Sesay, présidente de l'association des commerçants du marché de Matotoka.

De nouvelles salles de classe ont également été construites dans trois écoles afin d'augmenter la fréquentation scolaire et de réduire les sureffectifs. « Les nouvelles classes de mon école ont rendu les études plus agréables », raconte Abass Conteh, préfet de l'école primaire catholique romaine de Makali.

Pour l'heure, Joseph Turay se réjouit toujours du nouvel axe routier qu'il emprunte régulièrement. Alors qu'il s'éloigne à vive allure au volant de son véhicule, ses collègues saluent son départ par des applaudissements.

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