D'agriculteur à chef d'entreprise - En Zambie, un projet de lutte contre le changement climatique porte ses fruits

19 Août 2020
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African Development Bank (Abidjan)

Quel impact un simple puits de forage peut-il avoir sur une petite communauté d'exploitants agricoles ? Des revenus plus que doublés à de nouvelles sources de moyens de subsistance, voici comment un projet mené en Zambie avec le soutien de la Banque africaine de développement a transformé la vie d'une communauté.

Pendant des dizaines d'années, Keith Hasimuna, 45 ans, a vécu tant bien que mal de l'agriculture dans le village de Mapobwe, situé dans le district de Pemba, au sud de la Zambie.

Mais depuis 2018, il prospère.

Keith fait partie des milliers d'agriculteurs qui ont vu leur situation s'améliorer avec la réalisation d'un programme financé par la Banque africaine de développement.

Au lieu de compter sur les pluies irrégulières pour ses cultures, Keith est passé à un système d'irrigation fonctionnant à l'aide d'une pompe à eau provenant du tout premier puits de forage alimenté par énergie solaire de la communauté.

Le puits a été construit en novembre 2018 dans le cadre du programme de renforcement de la résilience contre le changement climatique dans le sous-bassin de Kafue (SCRiKA). Environ 80 foyers, constitués en moyenne de six personnes, utilisent cette source d'eau.

Keith a vu ses revenus augmenter de 125 %. Selon la saison, il gagne aujourd'hui environ 4 500 kwachas (244 dollars américains) par mois.

« L'installation du puits de forage m'a permis de cultiver sur une plus grande superficie des variétés de légumes comme les choux, le colza, les tomates, les oignons et les carottes », raconte-t-il.

Après avoir planté un hectare de tomates à partir de graines coûtant environ 1 000 kwachas, il est désormais en mesure de réaliser des ventes d'un montant de plus de 80 000 kwachas, ce qui lui a permis d'investir dans d'autres petites activités commerciales, comme la construction d'un bac de trempage communautaire pour animaux qui reçoit également l'eau du puits.

« Grâce aux bénéfices réalisés avec la vente de légumes, j'ai aussi réussi à envoyer mes cinq enfants à l'école, à construire une maison habitable pour ma famille et à ouvrir une épicerie », explique-t-il. Son fils aîné vient tout juste d'achever ses études secondaires.

En juin 2020, environ 30 000 foyers pauvres de Zambie dépendant de l'agriculture pluviale et des ressources naturelles pour leur subsistance avaient bénéficié du programme SCRiKA de lutte contre le changement climatique.

Au cours de la dernière décennie, la Zambie a connu des phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents, marqués notamment par des inondations saisonnières et des sécheresses. À cause des sécheresses qui ont impacté la campagne agricole 2018‑2019, environ 2,3 millions de personnes ont eu besoin d'une aide alimentaire d'urgence tandis que l'actuelle pandémie de Covid-19 a aggravé les problèmes en matière de sécurité alimentaire, ce qui a rendu nécessaire une production agricole locale plus résiliente.

Le programme pilote pour la résilience climatique des fonds d'investissement climatique et la Banque africaine de développement aident la Zambie à encourager la résilience au changement climatique pour protéger les secteurs et les populations vulnérables dans trois provinces du pays (Lusaka, le sud et la province centrale) en leur offrant des infrastructures au niveau communautaire ainsi que des systèmes d'aide aux exploitations.

Lancé en 2014, avec une aide de 38 millions de dollars provenant du Fonds d'investissement pour le climat, le programme SCRiKA a renforcé la capacité d'adaptation au changement climatique de 800 000 agriculteurs de la Zambie (dont 36 000 jeunes et 350 000 femmes) pour leur permettre de faire face aux inondations et aux sécheresses.

Le programme SCRiKA intervient à différents niveaux. Ses principales composantes sont l'adaptation au changement climatique menée par les communautés et la construction de routes résistant aux effets du changement climatique ou leur remise en état. Les différentes opérations couvertes par le programme sont choisies selon un processus axé sur la demande et prises en charge par des organisations non gouvernementales (ONG) qualifiées, en partenariat avec les administrations locales.

De telles opérations comprennent, entre autres, la réalisation de micro-projets pour les structures de contrôle et de dérivation des crues et la construction de petits périmètres d'irrigation et de réservoirs d'eau.

« Le programme SCRiKA améliore la capacité d'adaptation des communautés vulnérables non seulement au changement climatique mais aussi à la pandémie de Covid-19 », confirme Indie Dinala, chef de projet SCRiKA au sein du ministère zambien de la Planification du développement national.

« Le soutien permanent que nous apportons aux communautés en matière de résilience au changement climatique leur permettra de devenir résilientes et de trouver d'autres moyens de s'assurer des revenus en se diversifiant lorsque leur source régulière de revenus sera compromise à cause de la pandémie de Covid-19. En outre, la fermeture des frontières stimulera la productivité des agriculteurs et augmentera leurs revenus et, avec le soutien déjà apporté à nos communautés, il leur sera facile de profiter de cette opportunité. », conclut Indie Dinala.

Liens:

https://www.afdb.org/sites/default/files/2020/05/06/afdb_cif_annual_report_2019_-_ppcr_in_zambia.pdf

https://www.afdb.org/en/documents/document/zambia-strengthening-climate-resilience-in-the-kafue-basin-executive-sesa-summary-33311

https://www.youtube.com/watch?v=7ay3RZqdKWA

https://www.flickr.com/photos/cifaction/albums/72157680046801248/with/44567134190/

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