Le lancement du bureau régional pour l'Afrique du Centre mondial pour l'adaptation (GCA) a eu lieu ce mercredi à Abidjan, en Côte d'Ivoire. Des personnalités de haut niveau ont assisté à l'évènement organisé par visioconférence en raison des mesures sanitaires induites par la pandémie de Covid‑19. La Banque africaine de développement abrite désormais le GCA Afrique avec des objectifs ambitieux, qui visent à une meilleure efficacité des actions à mener à l'échelle du continent en matière d'adaptation.
La deuxième session du Forum sur les partenariats a connu des débats très riches sur les enjeux de l'adaptation, avec des pistes proposées par les différents experts et intervenants. Le directeur du changement climatique et de la croissance verte à la Banque africaine de développement, Anthony Nyong, qui animait la session, a souligné « l'unanimité sur la nécessité d'accélérer les actions relatives au changement climatique en Afrique. Nous avons constaté un soutien très fort des partenaires au développement, qui se traduiront par des actions d'adaptation ».
Le président du Kenya, Uhuru Kenyatta, a expliqué le contexte particulier de son pays et de l'Afrique de l'Est qui fait face à la menace des criquets pèlerins dans un contexte de Covid‑19, avant de s'engager « à assurer la mise en œuvre des actions liées à l'adaptation au Kenya ». Alors que le président Ali Bongo, à travers son représentant, a assuré l'initiative de tout son soutien, le président du Ghana, Nana Akufo‑Addo, est revenu sur l'importance de la mise en œuvre de projets de recherche, dont celui mené par son pays et prévu pour démarrer en 2021, en lien avec l'université d'Oxford.
Une palette prestigieuse d'organisations d'envergure internationale a pris part aux différentes sessions à travers une représentation de qualité : Organisation des Nations unies, Banque africaine de développement, Banque mondiale, FMI, Nepad, Union africaine, Commission mondiale pour l'adaptation, Initiative pour l'adaptation de l'agriculture africaine, Fonds nordique de développement, etc.
Les bénéfices d'une coopération Sud-Sud ont été mis en exergue par le professeur Saleemul Huq, directeur du Centre international sur le changement climatique et le développement (IIED), du Bangladesh, qui a appelé au renforcement de la coopération entre l'Asie et l'Afrique, et à l'échange d'expériences sur « l'adaptation à base communautaire ». Il a également exhorté à une meilleure implication des jeunes et à leur mise en réseau au niveau mondial dans le domaine de l'adaptation.
Les intervenants ont fait le lien entre la crise sanitaire qui demande des fonds, le besoin de plus d'investissements dans l'adaptation en réponse au changement climatique et la sécurité alimentaire des populations africaines. « Les pays africains font face à des crises jumelles : la crise sanitaire et celle issue des méfaits du changement climatique », a avancé pour sa part, Hans Olav Ibrekk, directeur politique du ministère des Affaires étrangères de Norvège, « L'objectif clé est de lutter contre la faim, ne laisser personne sur le bord de la route. Il faut accroître les solutions naturelles. Le talent et le leadership sont présents en Afrique », a-t-il ajouté.
L'importance du partenariat par rapport à la sauvegarde des ressources du continent et la problématique de la désertification a été soulevée d'abord par Arlette Soudan-Nonault, ministre du Tourisme et de l'environnement de la République du Congo et coordonnatrice de la Commission climat de l'UA pour le Bassin du Congo. « Nous courons après le temps. Le Bassin du Congo est le deuxième poumon écologique de la planète. L'heure est désormais à l'action et dans cette perspective, nous nous réjouissons de la création du GCA Afrique car il nous permettra de lever des fonds ». De son côté, Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, a souligné que le défi climatique ralentissait les progrès pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD). « Nous avons besoin de nous concentrer sur quatre actions clés : l'adaptation doit être intégrée aux politiques nationales ; il faut prendre en compte du genre et mettre en place des systèmes d'alerte précoce ; car enfin, les bonnes réponses aux catastrophes naturelles permettent d'en atténuer les effets ». Des propos appuyés par Pritha Mitra, la représentante du Département Afrique au FMI, soulignant « une idée commune à tous : la résilience au changement climatique va de pair avec les ODD. »
Pour Ibrahima Cheikh Diong, directeur général de la Capacité africaine de risques (ARC) « il faut arriver à combiner l'adaptation, l'atténuation et la résilience, parce que le plus important reste la protection et le soutien aux populations. »
Jamel Saghir, membre du Conseil d'administration du GCA, a salué le lancement du bureau régional : « C'est un moment historique, un nouvel élan. Nous devons faire plus avant d'atteindre un point de non‑retour, a-t-il averti. Le GCA est un courtier en solutions. Il représente le lien manquant dans l'architecture des politiques d'adaptation, entre la finance, les solutions et les politiques. Il faut plus d'investissements dans l'adaptation, produire et partager plus de connaissances, il faut être innovant et travailler ensemble de façon harmonieuse. » Des paroles auxquelles a fait écho Peter Repinski, PDG par intérim du Global Water Partnership : « aujourd'hui, plus que jamais, des décisions sont importantes pour interconnecter nos actions. »
Pour tous les intervenants, la résilience de l'Afrique face au changement climatique sera renforcée par cet outil de coordination et de renforcement des partenariats qu'est le bureau du GCA : « nous comptons sur le partenariat entre le GCA et la Banque africaine de développement pour faire avancer et renforcer la résilience de l'Afrique face au changement climatique » a résumé le professeur Fekadu Beyene, spécialiste du changement climatique en Éthiopie.
La valeur ajoutée attendue du GCA Afrique est à la mesure de l'immense enthousiasme et de l'espoir suscités au niveau des intervenants qui attendent la mise en commun des ressources et de mécanismes de coopération efficaces à l'échelle continentale.
GCA Afrique aura aussi pour objectif la mise à l'échelle du continent des solutions d'adaptation proposées, le partage et la diffusion des connaissances et l'harmonisation des politiques, des moyens et des ressources pour mieux optimiser la réponse africaine face aux défis du changement climatique. GCA Afrique appuiera les efforts visant à améliorer la sécurité alimentaire d'un milliard de personnes en Afrique subsaharienne d'ici à 2030 grâce à un programme sur le bien-être rural et la sécurité alimentaire.
Les représentants des jeunes Africains au forum virtuel, Joshua Amponsem et Nisreen Elsaim, ont rappelé l'urgence d'une action efficace au niveau africain et planétaire afin que les effets du climat ne soient pas plus prononcés pour les générations futures et que les jeunes ne payent pas le prix d'un manque d'action collective.
Contact:
Amadou Mansour Diouf, Département de la communication et des relations extérieures, a.diouf@afdb.org