En Tunisie, l'accès à l'eau potable améliore la qualité de vie en milieu rural

9 Octobre 2020
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African Development Bank (Abidjan)

Le soleil se lève sur le hameau de Balace et illumine de ses premiers rayons les paysages verdoyants qui lui servent d'écrin. En pleine floraison, les couleurs éclatantes du printemps subliment le panorama de cette petite localité de la province de Mornag, à la périphérie sud de Tunis, qui s'éveille doucement.

Il y a quelques années, plus d'une vingtaine de familles de Balace n'avaient toujours pas accès à l'eau potable. Leur situation a changé lorsqu'elles ont été raccordées au réseau, dont l'impact se fait sentir à chaque coin de rue. Femme au foyer et mère de trois enfants, Marwa El Hazmi a vu sa maison reliée au réseau d'alimentation en eau potable. Désormais, elle « peut mieux organiser sa journée » car elle s'épargne deux heures de marche pour aller puiser l'eau du puits public. « Maintenant, il me suffit de tourner le robinet. L'eau m'a facilité la vie », se réjouit Marwa.

Ce petit village faisait partie jusque-là des quelques poches de sécheresse subsistant dans certaines régions rurales de Tunisie. Pour répondre à cette problématique, la première phase du programme d'alimentation en eau potable en milieu rural (PAEPR) a été lancée en 2012. Sous l'égide du gouvernement tunisien et de la Banque africaine de développement, le PAEPR a permis de fournir de l'eau potable à plus de 360 000 personnes. Il a été financé à près de 95 millions d'euros par la Banque. Aujourd'hui, le « pays du jasmin » compte, officiellement, 100% de ses citadins et la majeure partie de sa population rurale raccordés au réseau d'alimentation en eau.

Dans sa conception, les objectifs de ce programme étaient de fournir de l'eau potable de qualité en quantité suffisante, de favoriser de meilleures conditions sanitaires et de rendre plus attractifs les territoires ruraux afin de créer de nouveaux emplois. En 2017, sa seconde phase a été lancée avec un financement additionnel de plus de 123 millions d'euros de la Banque dans le but d'atteindre un accès universel à l'eau en milieu rural.

À plus d'une dizaine de kilomètres au sud de Balace, dans la zone rurale de Benarous, les travaux de raccordement ont également été achevés. Issam Benkarim y est éleveur de bétail. Ce jeune trentenaire a une histoire pour le moins remarquable. Non-voyant, il vivait encore à Tunis il y a quelques années et a décidé, malgré l'inquiétude de ses proches, de revenir dans sa région natale. Il se consacre désormais à l'élevage du bétail et à l'approvisionnement des laiteries locales. Alors qu'il vit seul dans une petite maison isolée à proximité du village, son « œil voyant », un proche ami de la famille, l'aide en journée à accomplir son travail d'éleveur. La détermination d'Issam a été soutenue par l'arrivée de l'eau potable jusqu'à sa ferme. Il envisage aujourd'hui d'acquérir sept nouvelles vaches laitières, en plus des trois qu'il possède déjà.

À quelque 300 kilomètres au sud-ouest de Tunis à Kasserine, Kamel Allagui, entrepreneur, la quarantaine, a grâce à l'arrivée de l'eau investi dans un commerce au bord d'un axe routier fréquenté. « Mon idée, c'est d'offrir une aire de repos aux touristes et aux voyageurs qui transitent par notre région. Je veux créer une boucherie et ouvrir une épicerie. Sans eau, tout cela ne serait évidemment pas possible », explique Kamel. « Je vis bien sur mes terres et je n'ai pas envie de partir même si tous mes frères sont à l'étranger. J'ai estimé que je pouvais mieux vivre dans ma région en investissant ici, parmi les miens », lance-t-il fièrement.

Déployé sur plus de 80% du territoire, le PAEPR aura permis d'installer près de 120 nouveaux systèmes d'eau propre en faveur de plus de 100 000 habitants. Près de 150 systèmes plus anciens ont également été modernisés au profit de quelque 160 000 habitants.

Quatre années après son achèvement, la première phase du programme porte ses fruits. L'impact sur l'hygiène et la santé des populations est probant. Le PAEPR a favorisé des opportunités d'investissement pour les petites et moyennes entreprises dans différents secteurs d'activité. Ces bénéfices devraient s'étendre à d'autres zones rurales couvertes par la seconde phase du programme. Au total, la Banque aura mobilisé près de 250 millions d'euros pour améliorer l'accès à l'eau potable en milieu rural.

L'eau devrait inciter davantage d'entrepreneurs et d'habitants de la ruralité tunisienne, comme Marwa, Issam et Kamel, à investir dans leurs terres natales et à créer de l'emploi afin de participer plus largement au développement de leur pays.

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