Cela fait 30 ans que Paulina Barbosa vend du poisson à São Tomé, la plus grande île de l'archipel. « J'accompagnais ma mère, qui vendait du poisson. J'ai appris avec elle. Elle vendait dans la rue, portait le poisson sur la tête, sans hygiène, se souvient Paulina. À l'époque, il n'y avait pas autant de clients qu'aujourd'hui. »
Depuis 2014, la jeune femme a suivi une formation. Et les choses ont changé à São Tomé. « Aujourd'hui, nous avons un marché. Nous vendons du poisson dans de bonnes conditions d'hygiène. On m'a appris à fumer le poisson, à le saler et à vendre du poisson frais de bonne qualité. J'utilise de la glace pour la conservation. J'ai plus de clients et plus de revenus qui me permettent de subvenir aux besoins de ma famille », se réjouit-elle.
Alfredo Rompão, lui, est agriculteur. Avant, l'absence de routes praticables était un vrai problème pour son activité. Aujourd'hui, il a une grande motivation à travailler dans les champs. « Avec l'accès à la nouvelle route je peux produire plus car j'ai les moyens de transporter et vendre mes produits plus facilement. En plus, j'ai reçu une formation. Mon travail me permet de soutenir ma famille. Nous ne manquons de rien », affirme Alfredo, avec satisfaction.
Paulina et Alfredo font partie des 4 000 agriculteurs et 3 000 pêcheurs et poissonniers bénéficiaires de la phase 1 du Projet de réhabilitation des infrastructures d'appui à la sécurité alimentaire (PRIASA). Financé à hauteur de sept millions de dollars par la Banque africaine de développement, le projet contribue à aider les communautés rurales du pays. Il vise à moderniser les infrastructures, former des professionnels et aider les communautés à produire et vendre des produits agricoles et de pêche de meilleure qualité et en quantité suffisante.
« Le PRIASA a amélioré l'accès des biens et produits aux nouveaux marchés, soutient Ayarra Trigueiros, coordonnateur du projet. Nous avons contribué à la formation afin de diversifier les techniques de production et introduire de nouvelles méthodes pour augmenter la production agricole. Pour le secteur de la pêche, nous travaillons à l'amélioration de la vente des produits avec la rénovation des marchés. »
Le projet fournit également des opportunités de formation dans la recherche, qui jouent un rôle important dans l'agriculture sur les différentes îles de l'archipel. Deux principaux centres de recherche agricole de São Tomé-et-Príncipe, dont le CATAP (centre pour l'amélioration technique de l'agriculture), ont reçu une aide du PRIASA dans le but de parvenir à une meilleure productivité par l'utilisation de la technologie.
Ineias Trindade est étudiant en agronomie au sein du CATAP. « J'ai travaillé dans l'agriculture pendant six ou sept ans et je constate qu'à São Tomé-et-Principe, l'agriculture est d'un très bon niveau. Nous avons un climat favorable. À l'avenir, nous pourrons devenir moins dépendants des importations de produits alimentaires », espère le jeune homme.
Ineias est convaincu qu'en combinant les ressources naturelles à de nouvelles infrastructures et une formation adéquate, le pays peut devenir plus autonome tout en assurant une meilleure sécurité alimentaire. « São Tomé-et-Principe a tout ce qu'il faut pour devenir une puissance agricole : le climat est bon, le sol fertile, et 60% de la population travaille dans le secteur agricole », explique-t-il.
Pour s'assurer que les retombées soient multipliées pour la prochaine génération, le projet est en train de créer une main-d'œuvre de professionnels bien formés et préoccupés par une agriculture durable.
La phase 2 du PRIASA a été lancée en 2016. Le Fonds africain de développement, guichet de prêt à taux concessionnels du Groupe de la Banque, y a contribué à travers un prêt de 16 millions de dollars. La phase 2 vise à rénover plus de routes, construire plus de marchés et former plus d'insulaires.