Pourquoi la Journée mondiale de l'alimentation 2020, marquée par la pandémie de Covid-19, est le moment des investissements prioritaires dans les systèmes alimentaires ?

16 Octobre 2020
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African Development Bank (Abidjan)

L'édition 2020 de la Journée mondiale de l'alimentation marque le 75ème anniversaire de la création de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), avec des cérémonies très sobres ce vendredi 16 octobre en raison de la pandémie de coronavirus.

Les répercussions multisectorielles de la pandémie devraient amener les gouvernements et les institutions de développement à reconsidérer leurs investissements dans la sécurité alimentaire, dans les moyens d'assurer une alimentation saine et dans la construction d'infrastructures adaptés à la façon dont les biens alimentaires sont produits, transformés, échangés, distribués, vendus et consommés.

Les confinements dus à la pandémie de Covid-19 et les baisses de revenus ont provoqué un double choc sur la demande et fait augmenter, surtout dans les villes du continent, le nombre de personnes pauvres et vulnérables.

Pour répondre à ses besoins actuels, l'Afrique dépend des importations alimentaires. Plus de 75 milliards de dollars américains sont dépensés pour ses approvisionnements en biens alimentaires. Des céréales, comme le blé, le maïs et le riz, aux produits laitiers et autres produits animaux, le continent importe des quantités importantes de biens alimentaires indispensables, ce qui entraîne un déficit qui a quadruplé au cours des quinze dernières années.

Cependant, nous sommes en train de jeter les bases nécessaires pour inverser cette tendance.

En ligne avec le thème de la Journée mondiale de l'alimentation, « Cultiver, nourrir, préserver. Ensemble », la Banque africaine de développement, grâce à sa stratégie « Nourrir l'Afrique », collabore avec les gouvernements africains et le secteur privé pour produire davantage de biens alimentaires et les rendre plus nutritifs.

La priorité « Nourrir l'Afrique » a pour objectif de bâtir des systèmes alimentaires plus solides. Par exemple, notre riposte à l'impact de la pandémie de Covid-19, ou FAREC, aide nos pays membres régionaux par une série d'options d'investissement conçues pour stabiliser les systèmes alimentaires. Ces options visent également à minimiser les perturbations dans la distribution et l'accessibilité des produits alimentaires nutritifs à court terme, et pour bâtir, dans le long terme, des systèmes alimentaires plus durables et axés sur une alimentation plus saine.

L'initiative de la Banque appelée « Technologies pour la transformation de l'agriculture africaine » (TAAT) permet de mener un travail en collaboration avec les développeurs de techniques de production alimentaire, les sociétés semencières, les groupes d'exploitants agricoles, les commissions économiques régionales et les chercheurs pour fournir plus efficacement des semences, des espèces animales et des jeunes poissons (alevins) certifiés à 40 millions d'exploitants agricoles du continent.

À ce jour, les programmes financés par l'initiative TAAT ont permis de produire, en Éthiopie, plus de 65 000 tonnes de semences de blé certifiées et résistantes à la chaleur, donnant des récoltes de blé de meilleure qualité et un meilleur rendement dans des zones autrefois hostiles à la culture de céréales. De même, l'initiative TAAT a contribué à la production de 27 000 tonnes de semences de maïs certifiées résistantes à la sécheresse, qui doivent être distribuées aux exploitants agricoles du Kenya, de la Zambie, du Zimbabwe et de la Tanzanie.

Presque tous les pays d'Afrique ont été touchés par la pandémie de Covid 19. Nous devons porter nos efforts sur la sensibilisation et les activités du secteur économique liées à l'agriculture, à la nutrition et à la reconstruction des systèmes alimentaires.

Les ressources sont affectées aux interventions d'urgence contre la pandémie de Covid-19. Cependant, nous pouvons maintenir la dynamique engagée autour de la sensibilisation à une meilleure nutrition et au développement de systèmes alimentaires plus solides en tirant parti des enseignements tirés de cette pandémie pour mener un travail d'analyse et d'échange des savoirs acquis. Cette période est aussi le bon moment pour conduire des recherches sur les politiques afin de mettre en place des programmes plus ambitieux pour « reconstruire en mieux ».

Après la pandémie, la résilience sera essentielle. Nos priorités, pour bâtir des systèmes alimentaires capables de produire aussi bien des aliments que des régimes d'alimentation sains, abordables et nutritifs, comprennent notamment : une aide pour accroître les capacités des petits exploitants agricoles et des fournisseurs d'intrants agricoles à améliorer la productivité ; la promotion du développement des entreprises et des technologies numériques ; la mise en place d'infrastructures essentielles de qualité axées sur les financements des partenariats du secteur public et privé et le soutien aux programmes de développement de la connectivité menés par les gouvernements.

Pour atteindre ces objectifs, nous avons également besoin d'une participation et d'une mobilisation plus actives avec les principales parties prenantes que nous honorons en tant que « héros de l'alimentation » lors de cette Journée mondiale de l'alimentation. Ils sont des acteurs importants exerçant une grande influence dans la chaîne de valeur agricole, de la ferme à l'assiette. Citons-en quelques-uns :

L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), avec laquelle la Banque a récemment organisé une série de sessions en ligne intitulée : « La numérisation pour transformer l'agriculture en Afrique et faire face à la pandémie de Covid-19. »

Le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM), qui vient de recevoir le prix Nobel de la paix 2020 pour son rôle majeur dans la sécurité alimentaire et le soutien nutritionnel aux populations les plus vulnérables de la planète.

Le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, lauréat du Prix mondial de l'alimentation 2017, qui, lors du discours qui a suivi sa réélection en août dernier, s'est engagé à mettre à profit les réalisations de la Banque dans l'agriculture pour nous aider à nourrir l'Afrique, à transformer encore plus ce que nous cultivons et à créer des emplois.

Les agripreneurs africains, qui soumettent leurs plans de création de start-up à notre concours « AgriPitch », dont la prochaine édition se déroulera en novembre prochain. Le concours offre une formation en développement des entreprises et des prix en fonds d'investissement d'un montant total de 120 000 dollars.

Nos « champions des PME », récemment désignés, qui font partie d'un nombre croissant de petites et moyennes entreprises, qui dominent les chaînes d'approvisionnement alimentaire nationales en Afrique, principalement dans les secteurs de la transformation, de la vente en gros, de la logistique et de la vente au détail.

Le personnel de la Banque et ses consultants, qui conçoivent et réalisent des projets et des stratégies politiques pour « éclairer l'Afrique et l'alimenter en énergie, la nourrir, l'industrialiser, l'intégrer et améliorer la qualité de vie de ses populations ». Ils rendent les systèmes alimentaires du continent plus solides, durables et plus résilients.

Wambui Gichuri est vice-présidente par intérim de la Banque africaine de développement, chargée de l'Agriculture et du développement humain et social. Elle occupe également le poste de directrice du développement des services d'eau et d'assainissement au sein de la Banque.

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