« Le défi du succès de la lutte contre la corruption réside dans la culture du refus de la corruption. C'est le chemin que nous devons emprunter pour l'enseigner ensuite aux générations futures par la prévention et la sensibilisation », ont suggéré, mercredi 09 décembre, des experts lors d'un webinaire organisé à l'occasion de la Journée internationale de lutte contre la corruption.
Cette table ronde virtuelle initiée par le Bureau de l'intégrité et de la lutte contre la corruption (PIAC) de la Banque africaine de développement portait sur le thème « Rétablir avec l'intégrité - Adapter la lutte contre la corruption à la nouvelle normalité ». Elle a compté, parmi les participants, Luc Marius Ibriga, contrôleur général d'État (Burkina Faso), Sennye Obuseng, économiste et expert en gouvernance à Speck Dynamic (Botswana), Kodeidja Diallo, directrice du Département des opérations non souveraines et de l'appui au secteur privé de la Banque africaine de développement, et Nicola Bonnuci, directeur général des enquêtes et conformités au cabinet d'avocats Paul Hastings.
Dans un contexte marqué par la pandémie de Covid-19, ces experts internationaux ont estimé que le terrain était favorable à la fraude et à la corruption, compte tenu du recours perpétuel à l'urgence. « Il ne faut pas recourir toujours à l'urgence en situation de crise. Cela expose à un péril permanent », a estimé Luc Marius Ibriga.
« Si nous voulons que nos pays restent debout et dignes, cela demande des garde-fous en matière de gouvernance, a-t-il soutenu. Il faut une consolidation de l'État de droit et de la démocratie sociale, une gouvernance vertueuse et exemplaire. Nous avons besoin de construire un système plus solide de transparence et d'intégrité, de renforcer les capacités des agents et des organisations de la société civile de lutte contre la corruption. Il faut de l'audace, de l'intégrité face à la corruption. »
Pour Sennye Obuseng, il faut renforcer les mécanismes afin d'aboutir à des appels d'offres transparents, basés sur la réglementation. « Même en situation de crise, comme la pandémie de Covid-19, il est possible de faire des appels d'offres corrects, des vérifications d'usage, a constaté l'expert en gouvernance. Renforçons les arsenaux juridiques plutôt que d'invoquer les pouvoirs d'urgence. Nous avons besoin d'institutions judiciaires fortes, mais elles doivent être surtout indépendantes et courageuses. »
« Si nous voulons protéger les ressources publiques, il n'y a pas d'autres moyens que de renforcer le suivi, l'évaluation et les processus d'audit et de redevabilité. Ceux qui luttent contre la fraude et la corruption doivent créer une culture de bons citoyens », a-t-il ajouté.
Kodeidja Diallo a relevé que face à la situation sanitaire, la Banque africaine de développement avait créé de nouveaux outils pour la vérification et le contrôle des projets. « Nous essayons de trouver des normes durant cette situation difficile, mais la Banque renforce surtout ces mécanismes en collaboration avec PIAC. Nous devons utiliser les ressources internes pour nous assurer que la Banque continue de maintenir ses valeurs et l'intégrité », a-t-elle expliqué.
Modibo Touré, chargé des relations avec les actionnaires, a salué, au nom du président de la Banque, Akinwumi Adesina, la contribution des experts à la réflexion sur la nécessité de la lutte contre la corruption dans le contexte de Covid-19. « Nous devons faire preuve d'innovation pour renforcer les pratiques de lutte contre la corruption. Malgré les défis, nous continuerons d'adapter nos processus afin de mener à bien nos projets dans un environnement sans corruption. Il faut arriver à se relever avec intégrité face à la pandémie », a-t-il conclu.
Contact:
Alexis Adélé I Département de la communication et des relations extérieures I Banque africaine de développement I Courriel : a.adele@afdb.org