Après la centrale de Noor Ouarzazate, au Maroc, la Banque africaine de développement veut développer, au Sahel, l'une des plus grandes zones de production mondiale d'énergie solaire

L’initiative « Desert to Power » (D2P) vise à produire dix gigawatts d’énergie afin de fournir de l’électricité à 250 millions de personnes d’ici à 2025, dont au moins 90 millions de personnes qui seront connectées au réseau électrique pour la première fois.
8 Janvier 2021
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African Development Bank (Abidjan)

Chef de file des partenaires financiers du complexe de Noor Ouarzazate, la plus grande centrale solaire du monde qui s'étend sur 3 000 hectares dans le désert marocain (capacité de 580 mégawatts), la Banque africaine de développement déploie, dans le Sahel, un deuxième projet électrique géant appelé « Desert to Power » (D2P).

À terme, D2P fera du Sahel l'une des plus grandes zones de production d'énergie solaire au monde. L'initiative vise à produire dix gigawatts d'énergie afin de fournir de l'électricité à 250 millions de personnes d'ici à 2025, dont au moins 90 millions de personnes qui seront connectées au réseau électrique pour la première fois.

Outre les systèmes solaires photovoltaïques domestiques individuels, D2P permettra de déployer des mini-réseaux photovoltaïques et des centrales de production d'électricité captive à usage commercial et industriel. Il est également prévu de produire de l'électricité en synergie avec les programmes agricoles et hydrauliques.

L'initiative a reçu l'onction politique des chefs d'État et de gouvernement du G5Sahel en septembre 2019 à Ouagadougou. D2P couvre onze pays allant du Sénégal, à l'ouest, à Djibouti, à l'est et touche outre les cinq pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), Djibouti, l'Érythrée, l'Éthiopie, le Nigeria, le Sénégal et le Soudan.

Selon l'indice de vulnérabilité au changement climatique 2017, les projections estiment que la menace du changement climatique entraînera une perte annuelle équivalente de 2 à 4% du PIB dans la région du Sahel d'ici à 2040. Au cours de ces dernières années, les ressources de la Banque allouées au financement de l'adaptation au changement et à la résilience climatiques ont quintuplé, passant de 338 millions de dollars américains en 2016 à deux milliards de dollars en 2019.

L'engagement de la Banque dans le secteur des énergies renouvelables a permis de fédérer d'importants partenaires en faveur de D2P. Ainsi, la Banque européenne d'investissement, l'Agence française de développement, l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), Power Africa (des États-Unis), Africa50 et le Fonds vert pour le climat (GCF) se sont déjà engagés dans le financement et l'accompagnement de l'initiative. L'appui technique de la Banque dans le renforcement de la capacité institutionnelle nécessaire pour la gestion de la production et la distribution d'énergie solaire a également permis l'ouverture des projets au secteur privé, un important levier pour accélérer le déploiement des projets.

En décembre dernier, la Banque africaine de développement a consacré la 4ème édition de l'Africa Energy Market Place (AEMP) aux pays du G5 Sahel dans le cadre de l'Initiative D2P. Au cours de cette rencontre, ces pays ont présenté leurs feuilles de route respectives aux partenaires techniques et financiers.

D2P sur le terrain

En écho à la quatrième AEMP, les administrateurs de la Banque ont approuvé, le 16 décembre 2020, un projet d'assistance technique dans le cadre de l'initiative D2P sous la forme d'une subvention de cinq millions de dollars américains du Fonds des énergies durables pour l'Afrique (SEFA). L'assistance technique comprend trois volets principaux : la réalisation des études techniques en vue de l'intégration des énergies renouvelables variables (principalement solaires) dans les réseaux nationaux ; les études de faisabilité pour l'hybridation des systèmes de production d'énergie solaire des réseaux isolés existants et le renforcement des capacités pour aider le Tchad à intégrer le premier projet de production d'énergie solaire (centrale PV IPP de Djermaya) dans son réseau national.

D'une capacité électrique de 32 MW, la centrale solaire photovoltaïque de Djermaya a reçu en septembre 2019, un prêt de 18 millions d'euros et une Garantie partielle de risque (GPR) de la Banque.

Au Burkina Faso, le projet Yeleen, d'un coût total de 136,69 millions d'euros est financé à hauteur de 48,82 millions d'euros (36%) par la Banque. Le reste du financement étant apporté par l'AFD et le gouvernement du Burkina Faso. Yeleen vise à accroitre et à diversifier l'offre national d'énergie électrique d'ici 2024 par la réalisation de quatre centrales solaires photovoltaïques d'une puissance totale de 52 MW et à étendre et densifier les réseaux électriques de distribution en vue de raccorder 30 000 nouveaux ménages, soit environ 200 000 personnes.

Au Soudan, le Projet de systèmes de pompage photovoltaïque mis en place au Kordofan du Nord et au Kordofan occidental, répond au besoin d'un approvisionnement énergétique efficace et adéquat pour l'irrigation, en facilitant le remplacement des systèmes de pompage diesel par des technologies novatrices reposant entièrement sur l'énergie solaire photovoltaïque. Le projet permet notamment la fourniture de pompes à eau solaires aux agriculteurs, intègre un modèle basé sur l'efficacité qui réduit la dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles, accroît la production agricole à moindre coût et améliore les moyens d'existence des agriculteurs.

Outre une résilience accrue face au changement climatique, l'initiative D2P, permettra un meilleur taux d'accès à l'électricité dans la région et stimulera le développement économique et social et des innovations dans le domaine de la santé, dans des pays du Sahel à faible revenu.

Le déficit en infrastructures énergétiques est considéré comme l'un des principaux obstacles au développement et au progrès en Afrique. L'initiative D2P permettra de stimuler la réalisation d'au moins quatre des cinq piliers stratégiques « High 5 » de la Banque : « Éclairer l'Afrique et l'alimenter en énergie », « Industrialiser l'Afrique », « Intégrer l'Afrique » et « Améliorer la qualité de vie des populations en Afrique ».

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