Des États africains consacrent jusqu'à 10% de leur budget aux dépenses climatiques.
La Banque africaine de développement a lancé plusieurs initiatives afin de réduire le poids des dépenses climatiques qui atteignent jusqu'à 10% du budget national de certains de ses pays membres régionaux.
Face à l'urgence climatique marquée ces dernières années par des cyclones, inondations et sécheresses, de nombreux pays africains ont dû transférer des ressources prévues pour des secteurs de développement essentiels (santé, éducation, infrastructures, etc.) vers des dépenses liées aux actions d'adaptation et de résilience climatique.
« C'est une question de toute première importance pour nous à la Banque africaine de développement », affirme Al-Hamdou Dorsouma, chef de la Division climat et croissance verte à la Banque. « Les pays en difficulté étant aussi les États les plus vulnérables au changement climatique, nous cherchons à éviter que les dépenses climatiques affectent leur développement socio-économique », a-t-il ajouté.
La Banque africaine de développement, première institution de financement du développement en Afrique, a accru considérablement, ces cinq dernières années, les ressources consacrées aux financements climatiques.
Alors qu'elle n'était que de 9% du volume total de ses approbations en 2016, la part des financements climatiques de la Banque est passée à 28% en 2017, puis 32% en 2018, avant d'atteindre 36% en 2019, soit près de 3,6 milliards de dollars américains.
Outre la mobilisation de ses propres ressources en faveur de ses pays membres régionaux, la Banque soutient les efforts des États africains pour mieux accéder à la finance climatique mondiale, dont les ressources publiques et privées s'évaluent en centaines de milliards de dollars chaque année.
Faute de pouvoir remplir les nombreuses conditionnalités d'accès aux fonds climatiques, l'Afrique, région du monde la moins polluante mais la plus vulnérable, ne bénéficie que de 4% de la finance climatique mondiale.
Le soutien de la Banque africaine de développement à ses États membres vise, notamment, à préserver les infrastructures chèrement acquises comme ici au Gabon avec un pont construit sur un des cours d'eau du pays.
Situation paradoxale
Afin de sortir de cette situation paradoxale, la Banque appuie les États africains dans le renforcement de leurs capacités humaines et techniques pour leur permettre de disposer de l'expertise nationale capable de monter des projets éligibles aux différents guichets de la finance climatique mondiale.
La Banque accompagne également ses pays membres régionaux dans leur stratégie de mise en place des structures de gouvernance spécifiques dédiées aux fonds climatiques reçus de sorte qu'elles soient conformes aux standards internationaux en matière comptable, fiduciaire et financière.
« Il est indispensable que nos États membres africains aient des institutions nationales accréditées auprès de ces fonds qui exigent transparence et traçabilité. Nous soutenons activement les efforts des États africains pour remplir ces conditionnalités », assure Al-Hamdou Dorsouma.
Certains pays africains bénéficient d'un accompagnement spécifique à travers l'Initiative africaine pour le financement du désastre climatique, qui leur permet de souscrire des assurances pour couvrir les dégâts occasionnés par les catastrophes environnementales telles que les tempêtes tropicales, les inondations et les sécheresses. D'autres reçoivent des appuis techniques et financiers du Fonds sur le changement climatique de la Banque pour se faire accréditer et préparer des projets éligibles.
Ce soutien multiforme aux États africains pour les aider à atténuer les effets du changement climatique s'inscrit dans une stratégie plus large définie dans le deuxième Plan d'action du Groupe de la Banque africaine de développement pour les changements climatiques (2016-2020) adopté après la 21è Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP 21-CMP 11) organisée en 2015 à Paris.
Compte tenu des engagements de la Banque sur le climat, Anthony Nyong, directeur du Département changement climatique et croissance verte a la Banque africaine de développement, vient d'être nommé à la tête du Bureau régional pour l'Afrique du Centre mondial pour l'adaptation.
La Banque a également été choisie pour accueillir le Bureau régional pour l'Afrique de ce Centre à Abidjan.
En partenariat avec le Centre, la Banque ambitionne d'accélérer les actions d'adaptation et de résilience climatique en Afrique, en y consacrant 25 milliards de dollars américains d'ici à 2025, dont 12,5 milliards de dollars de fonds propres.