Changement climatique en Afrique - Des chefs d'État africains et de hauts dirigeants mondiaux favorables à des mesures d'adaptation à fort impact

7 Avril 2021
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African Development Bank (Abidjan)

Dans un élan unanime et d'importance historique pour un continent qui ne contribue aux émissions mondiales de carbone qu'à hauteur de 5 %, plus de trente chefs d'État et de hauts dirigeants mondiaux se sont engagés à donner la priorité aux mesures qui aideront les pays d'Afrique à s'adapter aux effets du changement climatique et à « progresser et à bâtir en mieux ».

L'Afrique est aujourd'hui confrontée à la double offensive du changement climatique, dont les effets sont actuellement estimés entre 7 et 15 milliards de dollars américains par an, et de la pandémie de Covid-19, qui a fait 114 000 morts. Selon la Banque africaine de développement, l'impact du changement climatique sur le continent pourrait atteindre 50 milliards de dollars par an d'ici à 2040, avec un recul supplémentaire de 30 % du PIB d'ici à 2050.

Dans le cadre d'un débat de haut niveau organisé en visioconférence par la Banque africaine de développement, le Centre mondial pour l'adaptation et l'Initiative pour l'adaptation en Afrique, plus de trente chefs d'État et dirigeants mondiaux ont apporté unanimement leur soutien au nouveau Programme d'accélération de l'adaptation en Afrique. L'objectif est de mobiliser 25 milliards de dollars pour accélérer le développement des mesures d'adaptation au changement climatique à travers l'Afrique.

Le président de la République démocratique du Congo et président en exercice de l'Union africaine, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a invité ses homologues à « revoir leurs ambitions en matière de lutte contre le changement climatique et à accélérer la mise en œuvre des mesures que nous avons prévues dans le cadre de nos priorités nationales. Pour ce faire, nous devrons nous concentrer sur les mesures d'adaptation aux effets du changement climatique, notamment en utilisant des solutions fondées sur la nature, la transition énergétique, un cadre de transparence amélioré, le transfert de technologies et le financement de la lutte contre le changement climatique. »

Le Programme d'accélération de l'adaptation en Afrique vise à faire face aux effets de la pandémie de Covid‑19, à ceux du changement climatique et de la pire récession sur le continent depuis vingt-cinq ans. Le soutien sans précédent apporté par les dirigeants au financement de l'adaptation au changement climatique en Afrique est donc très important.

Selon Ban Ki-moon, ancien secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies et actuel président du Centre mondial sur l'adaptation, « la pandémie de Covid-19 érode les récents progrès réalisés dans le renforcement de la résilience au changement climatique, ce qui rend les pays et les communautés plus vulnérables aux chocs à venir. L'Afrique doit rattraper son retard. Le changement climatique ne s'est pas arrêté à cause du Covid-19, pas plus que ne devrait être interrompue la tâche urgente de préparer l'humanité à vivre avec les différents effets du réchauffement de la planète. »

Le président du Gabon et président de l'Initiative africaine pour l'adaptation mise en œuvre par l'Union africaine, Ali Bongo Ondimba, a affirmé que le Gabon était l'un des rares pays au monde à avoir un bilan carbone positif. « Mais dans le financement de la lutte contre le changement climatique, nous devons insister pour qu'une attention égale soit accordée à l'adaptation au changement climatique et à l'atténuation de ses effets. L'Afrique appelle les pays développés à assumer une responsabilité historique et à se joindre au programme pour l'accélération de l'adaptation en Afrique », a plaidé le président Bongo.

« Avec nos partenaires, nous avons l'intention de mobiliser 25 milliards de dollars de financement pour assurer le succès du Programme d'accélération de l'adaptation en Afrique, a déclaré le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi A. Adesina. Il est temps que les pays développés tiennent leur promesse de fournir une aide de 100 milliards de dollars par an en faveur du financement de la lutte contre le changement climatique. Et une plus grande partie de ce financement devra être consacrée aux dispositifs d'adaptation. »

« Jusqu'à présent, plus de 2 000 milliards de dollars ont été consacrés aux plans de relance destinés à faire face aux effets de la pandémie de Covid-19 dans les pays développés. Le projet du Fonds monétaire international d'émettre l'équivalent de 650 milliards de dollars en nouveaux droits de tirage spéciaux pour augmenter les réserves et les liquidités mondiales sera extrêmement utile pour soutenir la croissance verte et le financement contre le changement climatique en vue d'une reprise économique, a poursuivi le président Adesina. Je félicite le gouvernement américain et, en particulier, la secrétaire d'État au Trésor américain, Janet Yellen, pour leur leadership dans cet important effort. »

Selon l'actuel secrétaire général de l'ONU, António Guterres, « les pays d'Afrique font preuve de leadership. Le Programme d'accélération de l'adaptation en Afrique, ainsi que de nombreuses autres initiatives africaines ambitieuses, doivent être soutenus dans la pleine réalisation de leurs objectifs. »

« L'accès universel à l'énergie en Afrique, qui constituera une priorité dans les années à venir, est susceptible d'être assuré principalement grâce aux énergies renouvelables. J'en appelle à toute une série de mesures de soutien permettant d'atteindre ces objectifs d'ici à la COP 26. C'est réalisable, c'est nécessaire, il est temps de le faire et c'est judicieux », a appelé de ses vœux António Guterres.

« Les États-Unis restent un partenaire de développement actif pour l'Afrique et apportent tout leur soutien à la Banque africaine de développement, a soutenu Janet Yellen au nom du président américain Joseph R. Biden. L'Afrique est la région qui a le moins contribué au changement climatique, mais elle est victime de ses pires effets. Je félicite la Banque africaine de développement et le Centre mondial pour l'adaptation pour avoir mis sur pied le Programme d'accélération de l'adaptation en Afrique. Nous soutenons ce programme pour qu'ensemble, nous puissions éviter les pires effets du changement climatique. »

Le Programme d'accélération de l'adaptation en Afrique, lancé par la Banque africaine de développement et le Centre mondial pour l'adaptation, s'articule autour de plusieurs initiatives novatrices :

- Les technologies numériques adaptées au changement climatique pour l'agriculture et la sécurité alimentaire : l'objectif est d'élargir l'accès aux technologies numériques intelligentes adaptées au changement climatique pour au moins 30 millions d'exploitants agricoles en Afrique.

- L'accélérateur de la résilience des infrastructures africaines, qui permettra d'accroître les investissements en faveur des infrastructures urbaines et rurales résilientes au changement climatique dans les secteurs essentiels. Parmi ceux-ci figurent l'eau, les transports, l'énergie et la gestion des déchets dans la perspective de l'économie circulaire.

- L'autonomisation des jeunes en faveur de l'entrepreneuriat et de la création d'emplois liés à la résilience contre le changement climatique, qui vise à doter un million de jeunes de compétences en matière d'adaptation au changement climatique et à aider 10 000 petites et moyennes entreprises dirigées par des jeunes à créer des emplois « verts ».

- Les initiatives financières innovantes pour l'Afrique, qui visent à combler les déficits de financement en matière d'adaptation, à améliorer l'accès aux financements existants et à mobiliser de nouveaux investissements publics et privés en faveur de l'adaptation climatique.

« En plus d'être confrontés à la crise sanitaire et économique provoquée par la pandémie, les pays d'Afrique figurent parmi les plus vulnérables aux effets du changement climatique, a déploré la directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva. Pour relever ce double défi, il faut placer l'adaptation au cœur du redressement de l'Afrique afin que les pays puissent renforcer leur résilience au changement climatique et soient capables de stimuler l'activité économique. Cette pandémie nous a montré qu'il était important d'investir dans le capital humain. Et cela est tellement précieux pour l'Afrique, qui a une population jeune en croissance rapide. Cela commence par l'amélioration de l'éducation, des soins de santé et de la sécurité alimentaire, et dans ce contexte, je souhaite la bienvenue au Programme d'accélération de l'adaptation en Afrique. »

Pour le directeur général de l'Agence française de développement, Rémy Rioux, qui s'exprimait au nom du président français Emmanuel Macron, « l'Afrique apporte des solutions à la lutte contre le changement climatique, notamment avec la Grande muraille verte et l'initiative « Desert to Power » de la Banque africaine de développement, qui vise à bâtir la plus grande zone de production d'énergie solaire de la planète au Sahel. La France apporte tout son soutien au Programme d'accélération de l'adaptation en Afrique. »

« L'Afrique a une occasion unique de faire progresser son développement de manière exponentielle si elle investit à présent dans un avenir adapté au climat et basé sur une très bonne compréhension des risques liés au changement climatique pour apporter des solutions qui offrent une place centrale à la nature et aux populations », a conclu le directeur général du Centre mondial pour l'adaptation, Patrick Verkooijen, modérateur de ce dialogue de haut niveau.

Lire ici l'Appel international à l'action

Leaders' Dialogue on the Africa COVID-Climate Emergency - OPENING VIDEO

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