Journée mondiale de l'alimentation - Il est temps que le monde investisse dans le secteur agricole en Afrique

16 Octobre 2021
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African Development Bank (Abidjan)
communiqué de presse

Plus de six personnes sur dix vivant en Afrique subsaharienne travaillent dans le secteur de l'agriculture. Nous ne nous rendons peut-être pas compte que ce qui pousse sur le sol africain se retrouve dans certains aliments les plus populaires au monde.

L'Afrique produit les plus importantes quantités de cacao au monde, utilisé dans la fabrication de barres de chocolat et d'autres produits. La valeur des grains de café de l'Éthiopie et de l'Ouganda, qui arrivent en tête des exportations de café de l'Afrique, a atteint près de deux milliards de dollars l'an dernier.

Le volume des exportations de produits de base de l'Afrique progresse alors que, parallèlement, un nombre croissant d'Africains est confronté à l'insécurité alimentaire. Tous les soirs, environ 246 millions d'Africains s'endorment avec la faim au ventre. Le rythme auquel la production agricole augmente en Afrique est inférieur à celui de sa croissance démographique.

À l'occasion de la Journée mondiale de l'alimentation, le moment est venu pour les dirigeants africains et mondiaux et les organisations de développement, d'adhérer à l'appel lancé par le Groupe de la Banque africaine de développement en faveur d'un accroissement des investissements dans les technologies agricoles qui stimulent la production et la sécurité alimentaires de l'Afrique face au changement climatique.

Le potentiel du continent pour assurer son autosuffisance alimentaire est immense. L'Afrique peut devenir le grenier du monde : environ 65 % des terres arables de la planète non exploitées se trouvent en Afrique. Cependant, ce potentiel est menacé par des phénomènes météorologiques extrêmes à caractère imprévisible. Il est également retardé parce que la majorité des producteurs africains sont de petits exploitants, qui pratiquent une agriculture de subsistance. Nous devons intensifier la mise en œuvre de pratiques agricoles modernes et intelligentes adaptées au changement climatique.

Les investissements du Groupe de la Banque africaine de développement aident les agriculteurs africains à mettre plus de nourriture sur la table d'un plus grand nombre d'Africains. Depuis le lancement de sa stratégie « Nourrir l'Afrique » en 2015, plus de 74 millions de personnes ont bénéficié de l'accès à des technologies agricoles améliorées, entraînant une hausse de la production alimentaire.

Notre programme phare, Technologies pour la transformation de l'agriculture africaine (TAAT), a fourni à 11 millions d'agriculteurs, dans 29 pays africains, des technologies agricoles éprouvées, dont le maïs résistant à la sécheresse, le blé résistant à la chaleur, les variétés de semences à haut rendement et les semences traitées pour se protéger contre les parasites comme la chenille légionnaire volante, dont les vagues affamées successives dévastent les récoltes.

Le programme « TAAT » a produit des résultats probants en moins de trois ans. La production alimentaire africaine a augmenté de plus de 12 millions de tonnes métriques et a permis de réduire les importations de denrées alimentaires de l'Afrique d'une valeur de 814 millions de dollars. Nous sommes en train d'atteindre notre objectif, qui consiste à fournir à 40 millions d'agriculteurs des technologies modernes permettant de résister au changement climatique.

La Banque africaine de développement est alignée sur le thème de la Journée mondiale de l'alimentation 2021 : « Agir pour l'avenir. Une meilleure production, une meilleure nutrition, un meilleur environnement et de meilleures conditions de vie ». La Banque contribue à assurer une production alimentaire plus élevée et un accès à des aliments plus nutritifs ; elle aide les agriculteurs à s'adapter à des environnements affectés par le changement climatique ; elle plaide en faveur d'une réforme des politiques qui tiennent compte de l'égalité des sexes et d'un développement inclusif en matière de genre.

Toutes ces activités permettent une augmentation des revenus des exploitant(e)s agricoles et contribuent à une meilleure qualité de vie des Africains tout au long de la chaîne de valeur alimentaire.

L'initiative AFAWA (Action positive pour le financement en faveur des femmes en Afrique) de la Banque vise à réduire les déficits de financement auxquels les entreprises dirigées par des femmes sont confrontées à travers le continent, y compris les femmes œuvrant dans l'agriculture.

AFAWA vient d'investir 20 millions de dollars dans un projet sur le financement de pratiques agricoles résilientes au changement climatique au Ghana. Elle ciblera des centaines d'entreprises dirigées par des femmes par le biais de lignes de crédit accordées par Ecobank Ghana, et leur fournira une formation à l'agriculture adaptée au changement climatique.

Nous sommes sur la bonne voie, mais nous devons faire davantage !

Lors d'une récente rencontre autour du thème « Nourrir l'Afrique » organisée par la Banque africaine de développement et le Fonds international des Nations unies pour le développement agricole, plus d'une douzaine de chefs d'État et des dirigeants mondiaux ont approuvé la création d'une Facilité de financement pour l'alimentation et la nutrition en Afrique.

La Facilité propose une nouvelle approche sur l'investissement dans l'agriculture et l'agro-industrie, basée sur cinq piliers :

L'intensification des productions éprouvées fondées sur le changement climatique et les sciences ainsi que sur d'autres technologies.

La création d'un environnement propice à l'amélioration de la production agricole. Les gouvernements devront s'engager à adopter des politiques et une réglementation qui facilitent l'accès aux technologies modernes.

La construction d'infrastructures essentielles reliant les zones de production aux marchés et la transformation aux niveaux national et régional africains.

Le relèvement des investissements du secteur privé et l'accès aux financements. Les investissements et l'expertise des entreprises du secteur privé permettront de renforcer la viabilité commerciale de la chaîne d'approvisionnement alimentaire et d'y inclure un plus grand nombre de petites et moyennes entreprises et de petits exploitant(e)s agricoles.

L'appui à un fonds africain d'assistance spéciale d'urgence consacré à la famine et la sécheresse.

La Facilité prévoit de mobiliser un milliard de dollars au cours des deux prochaines années à partir de fonds verts et de donateurs bilatéraux et multilatéraux pour soutenir ces piliers. Pour ce faire, il faut qu'un plus grand nombre de gouvernements, de partenaires de développement, d'acteurs du secteur privé et de fondations montrent de l'intérêt pour que les investissements dans cette Facilité s'intensifient.

La Banque africaine de développement a pour ambition de faire émerger une Afrique qui assure sa sécurité alimentaire, qui utilise des technologies de pointe et s'adapte de manière créative au changement climatique, avec une nouvelle génération d'« agripreneurs », notamment des jeunes et des femmes, pour moderniser et industrialiser l'agriculture.

La Facilité de financement vise à accomplir ces objectifs en apportant une « agritech » intelligente permettant d'aider des millions d'agriculteurs africains supplémentaires à doubler les rendements des principales cultures, à produire suffisamment de nourriture pour alimenter 200 millions de personnes de plus, et à réduire l'incidence de la malnutrition.

Venez nous rejoindre !

Beth Dunford, vice-présidente chargée de l'Agriculture et du Développement humain et social à la Banque africaine de développement

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