Deux destins croisés. Deux parcours de femmes. L'une, Zineb Amzil, est styliste de mode. L'autre, Fatima Zahra El Katib, travaille au contrôle aérien.
Leur point commun : l'aéroport de Fès-Saïss. Pour la première, il constitue un point de passage fréquent pour faire décoller son activité. Pour la seconde, il est devenu son décor professionnel quotidien. Cet aéroport est à leur image : ouvert sur le monde.
Animée par sa passion pour la mode, Zineb Amzil crée des caftans - robes de cérémonie qui symbolisent l'excellence au Maroc - qui font le bonheur de ses clientes, notamment en Europe. La fondatrice et dirigeante de « Duchesse Couture », toujours dans les airs vers Paris, Amsterdam ou Bruxelles, connaît par coeur les couloirs de l'aéroport, dont elle loue les lignes « fluides et agréables ».
En effet, dès le premier regard, l'aéroport de Fès-Saïss séduit les voyageurs qui pénètrent dans son nouveau terminal inauguré en 2017. Ses larges baies vitrées rappellent les élégants « moucharabiehs », subtil mélange entre l'architecture ancestrale du Royaume chérifien et un art plus contemporain. Ici, les formes finement ciselées révèlent le savoir-faire artisanal tandis que les lignes épurées assument leur part de modernité.
Plus classique, une aile de l'aéroport abrite la tour de contrôle. C'est là que Fatima Zahra El Katib veille à la sécurité du ciel marocain. Elle compte parmi les douze contrôleurs aériens, répartis en quatre équipes paritaires, qui se relaient de jour comme de nuit à Fès-Saïss. Un métier qu'elle a découvert « par accident », raconte-t-elle, sourire aux lèvres. « Une amie à l'université m'invitait toujours à postuler mais ça ne me disait rien à l'époque. Quelques années plus tard, j'ai passé avec succès le concours de contrôleur aérien... Et voilà, je suis ravie d'être là ! » Aujourd'hui, elle assume fièrement ses responsabilités.
Doté d'un nouveau terminal, l'aéroport de Fès-Saïss offre une capacité additionnelle de 2,5 millions de passagers afin de répondre à l'attractivité croissante de la ville culturelle du Maroc. Entre 2016 et 2019, le trafic y a bondi de près de 60 %, passant de 890 000 à 1,4 million de voyageurs. Des destinations comme Lyon, Francfort ou encore Londres ont été ouvertes en 2017, illustrant sa nouvelle dimension internationale.
« L'extension de l'aéroport a permis d'augmenter le trafic, et donc le nombre de destinations desservies. Fès est une ville qui attire beaucoup de touristes », se réjouit Fatima.
Avec Casablanca, Rabat, Agadir, entre autres aéroports, Fès constitue un maillon supplémentaire pour faire du Maroc un hub régional reliant l'Afrique au reste du monde. La Banque africaine de développement a mobilisé 240 millions d'euros pour soutenir les projets lancés par l'Office national des aéroports (ONDA) afin de moderniser les sites aéroportuaires marocains.
« Grâce à l'aéroport de Fès, je peux voyager facilement vers différentes destinations, ce qui me permet de rencontrer de nouvelles clientes, d'aller à des défilés de mode, d'exporter mes vêtements », explique Zineb Amzil, tout juste rentrée de Paris, où elle était chez une cliente pour lui présenter sa robe de mariée. « C'est toujours un moment très important lorsque je montre le caftan traditionnel à une cliente et à sa famille et que je les vois s'émerveiller devant le chef d'oeuvre », confie-t-elle avec émotion.
Pour magnifier ses collections, Zineb Amzil travaille en étroite collaboration avec les artisans locaux, « un secteur important pour l'économie de Fès », selon la styliste. Confectionnés avec la technique traditionnelle Zwak al mâallem (travail manuel réalisé avec des fils torsadés et tressés), ses caftans aux couleurs chatoyantes sont composés de mousseline de soie et de satin duchesse, avec pour ornementation, des fils d'or et d'argent ou de soie. De cet héritage culturel, Zineb tire sa force et son inspiration, mais « il est important de s'ouvrir au monde extérieur pour trouver de nouvelles idées », reconnaît-elle... avant d'attraper le dernier vol de la journée pour Paris, où l'attend un défilé de mode. Sous l'oeil attentif de Fatima, qui, depuis la tour de contrôle, s'apprête à donner son feu vert au décollage de l'avion de Zineb.