Trois ans après le début de sa construction, la centrale hydroélectrique de Singrobo-Ahouaty (à 150 kilomètres au nord d'Abidjan) affichait en fin mars 2023, un taux de réalisation de 78,93 %. Symbole de la mobilisation du secteur privé en faveur du climat et de la croissance verte, le projet hydroélectrique est le premier en termes de financement privé en Afrique de l'Ouest.
Aux abords de la centrale, les derniers équipements sont en phase d'installation. Il s'agit des batardeaux, des grosses pièces métalliques ainsi que des vannes, servant à fermer le barrage. Dans quelques semaines, la mise en place des turbines et des alternateurs pour la production de l'électricité devrait débuter. Les autres gros oeuvres en cours concernent les travaux de terrassement du canal d'exhaure (évacuateur de crue) et de fuite, avec un million de mètres cubes à creuser dans la roche, et 85 000 mètres cubes de béton à couler.
« Tout ce qui est génie civil, hydromécanique est en phase de finalisation et il reste la partie électromécanique. (...) À la fin de cette étape, nous aurons le processus de mise en service, les tests de démarrage et puis la mise en production », a déclaré le 29 mars dernier, Christophe Blairon, directeur général d'IHE, la société d'investissement ivoirienne, partenaire du projet. Il s'exprimait lors d'une visite du corps préfectoral de la zone du projet. Selon M. Blairon, les grosses étapes qui restent consistent en la déviation du bras droit de la rive vers le bras gauche. Le remplissage du réservoir est prévu pour début août 2023 et la mise en service de l'installation, au premier trimestre 2024.
La construction de la centrale de Singrobo-Ahouaty est financée à hauteur de 40 millions d'euros par le Groupe de la Banque africaine de développement, sur un coût total de 174,3 millions d'euros. Elle doit fournir de l'électricité à 100 000 ménages et réduire les émissions de la Côte d'Ivoire de 109 000 tonnes de CO2 par an. Le projet doit créer 500 emplois pendant la phase de construction, dont 150 emplois qualifiés, ainsi que 28 emplois pendant la phase d'exploitation. Il permettra la construction d'une voie d'accès de 4 kilomètres qui va relier le barrage au village d'Ahouaty réduisant ainsi le temps de trajet pour les habitants. D'autres retombées bénéfiques pour les populations sont attendues : construction et réhabilitation des centre de santé, approvisionnement en eau potable de deux villages ainsi que la construction d'un marché et d'un centre sportif et culturel. En outre, la centrale permettra de diversifier le bouquet énergétique en vue de la concrétisation de l'ambition du gouvernement ivoirien de voir 42 % de son électricité produite par des sources renouvelables à l'horizon 2030.
Les autres partenaires financiers du projet sont : Africa Finance Corporation, une institution financière panafricaine basée à Lagos (Nigeria), Neo Themis, une société de capital-investissement soutenue par Denham Capital, basé à Casablanca (Maroc), IHE Holdings, une société d'investissement ivoirienne dirigée par Alain Ekolan Etty, sponsor initial et local du projet, la DEG - Deutsche Investitions und Entwicklungsgesellschaft, un organisme de développement allemand destiné au secteur privé, filiale de la KFW et, Emerging Africa Infrastructures Fund. Leurs apports au financement se chiffrent à 90,7 millions d'euros en prêts et 43,6 millions d'euros en fonds propres.
Long de 1 400 mètres, le barrage sera constitué essentiellement d'une digue en enrochement et va relier les villages de Singrobo (rive gauche) et d'Ahouaty (rive droite). Il devrait être mis en service au premier trimestre 2024. En fin 2022, le financement de la centrale de 44 mégawatts a été bouclé, la Banque africaine de développement ayant assumé le rôle d'arrangeur principal mandaté.
« La centrale de Singrobo-Ahouaty va mettre à profit l'énorme potentiel de la Côte d'Ivoire pour fournir une énergie propre à partir de l'hydroélectricité », avait déclaré lors de la visite, Wale Shonibare, directeur chargé des Solutions financières, des Politiques et des Réglementations en matière d'énergie à la Banque africaine de développement.
Les Assemblées annuelles du Groupe de la Banque africaine de développement qui se tiennent cette année du 23 au 27 mai sur la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh vont se consacrer à la mobilisation des financements privés pour des projets propres de ce genre. « Mobiliser les financements du secteur privé en faveur du climat et de la croissance verte en Afrique » est le thème de ces assemblées. C'est la 58e Assemblée annuelle de la Banque africaine de développement et la 49e réunion du Fonds africain de développement, le guichet concessionnel du Groupe de la Banque.