Au cours des derniers mois, les appels à accroître les investissements dans des sources d’énergies renouvelables en Afrique se sont multipliés.
600 millions de personnes n'ont toujours pas accès à l'électricité en Afrique subsaharienne selon l’Agence Internationale de l’Énergie. Dans son rapport intitulé “Commodities at a glance: Special issue on access to energy in sub-Saharan Africa ” et publié en mars, la CNUCED exhorte les pays d'Afrique subsaharienne à tirer parti de leurs vastes réserves d'énergie renouvelable. Même son de cloche du côté de la BAD. Son président, Akinwunmi Adesina, a invité, lors d’une intervention à l’occasion du Berlin Energy Transition Dialogue, dirigeants et investisseurs à accroître les investissements dans des sources d'énergie renouvelables sur le continent. Ce dernier a notamment appuyé sur l’urgence d'agir pour réduire la dépendance mondiale à l'égard des combustibles fossiles et exploiter les sources d'énergie renouvelables de l'Afrique. C’est déjà le cas dans certains pays qui se distinguent par leurs engagements en matière énergétique.
Le Gabon, dont l’objectif est de porter sa puissance électrique installée à 1.280 MW d'ici à 2025 contre 725 MW actuellement, fait aujourd’hui partie des pays africains qui investissent le plus en matière d’accès aux énergies renouvelables. Selon les chiffres de la Banque africaine de développement, près de 9 Gabonais sur 10 bénéficiaient d’un accès urbain à l’électricité en 2022.
L’approvisionnement des ménages en énergie propre représente un enjeu de taille pour le Gabon, évoqué à de nombreuses reprises par le gouvernement qui tend à dynamiser sa politique énergétique afin de favoriser le développement de nouveaux projets. C’est notamment le cas du projet de construction du barrage hydroélectrique de Kinguélé-Aval, projet évoqué par le Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze lors de son discours de politique générale le 24 janvier dernier. Situé à 90 km de Libreville, ce barrage devrait permettre de fournir environ 13% des besoins en électricité de Libreville et contribuera au remplacement de capacités thermiques existantes, permettant ainsi d’économiser plus de 150.000 tonnes d’émissions de CO2 par an. Mené par Asonha Énergie, une joint-venture codétenue à 60 % par Meridiam, une firme française et à 40 % par Gabon Power Company (GPC), filiale du Fonds gabonais d’investissements stratégiques (FGIS), le projet est souvent montré en exemple.
Cette volonté de moderniser le secteur électrique gabonais se traduit également par la présentation de deux projets de loi visant à mettre fin au monopole de la Société d’eau et d’électricité du Gabon (Seeg). C’est ainsi que le 5 avril, le ministre gabonais de l’Énergie et des Ressources hydrauliques a présenté ces projets portant sur la réglementation des secteurs de l’eau et de l’électricité. Si ceux-ci sont validés, ils permettront l’amélioration des services d’eau potable et d’électricité dans le pays d’Afrique centrale.
À plus de 3.000 km du Gabon, le Sénégal fait aussi partie de ces cas d’école en matière de développement de projet d’énergie renouvelable. Engagement phare du Président Macky Sall, l'accès à l'électricité est devenu une des priorités de son gouvernement. Après avoir inauguré une centrale thermoélectrique à cycle combiné à Malicounda, situé à moins de 85 km de la capitale, le Sénégal vient d’obtenir un financement de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) pour un nouveau grand projet énergétique. Le 22 février un accord-cadre a été signé pour financer à hauteur de 430 millions d’euros la construction d’une centrale électrique de 250 MW et d’un gazoduc à Saint-Louis.
Les exemples du Gabon et du Sénégal montrent que de nombreuses initiatives sont en cours en Afrique en matière de transition énergétique. D’autres pays comme le Maroc ou encore la Mauritanie tirent également leur épingle du jeu. La Mauritanie a au cours des deux dernières années vu de nombreux investissements réalisés pour la production d’hydrogène vert dans le pays. La mutualisation des efforts entre acteurs publics et privés dans le cadre de partenariats — appelés PPP — représente à ce stade la solution adaptée pour répondre aux enjeux de souveraineté énergétique, de développement économique et de transition énergétique dans le contexte actuel de crise mondiale.