Le flou dans le secteur minier menace le climat des affaires en RDC

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5 Septembre 2023
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InfoWire

L’état congolais a pris les opérateurs miniers par surprise en publiant la suspension de 26 licences d’exploitation. Si les motivations de la décision du Ministère des Mines restent incertaines, certains y voient une influence de l’entreprise émirati, Primera Group Limited.

Plusieurs arrêtés ministériels publiés au cadastre le 30 août 2023 par le ministère congolais des Mines ont  suspendu  les droits d'exploitation de mines et de carrières de plusieurs sociétés congolaises. Au total, 26 entreprises sont concernées par le décret. Il s’agit d’entreprises de cimenterie comme la CILU (société cimenterie de Lukala), et de petites et grandes sociétés minières comme Ruashi mining ou Long Fei mining. Parmi les licences concernées figurent notamment deux filiales du géant minier Eurasian Resources Group, Boss Mining et COMIDE.

La non-élaboration du cahier des charges de ces entreprises serait à l’origine de cette décision.

Cependant, le timing de cette décision interroge dans un contexte où le gouvernement congolais a annoncé son intention de renégocier plusieurs contrats qu'il considère comme étant à son désavantage. En mai dernier, le chef de l'État, Félix Tshisekedi, s'est rendu à Beijing pour renégocier plusieurs contrats portant sur le cobalt, le cuivre et d'autres matières premières, afin de reprendre le contrôle des ressources du pays.

L’ombre de Primera Group Limited

La décision ministérielle coïncide avec le méga accord minier entre la RDC et les Émirats arabes unis, qui permettrait d'explorer le potentiel d'une douzaine de licences minières. La décision pourrait profiter à l’entreprise émiratie Primera Group Limited, déjà au cœur de nombreux scandales en RDC. Le gouvernement a notamment été accusé par plusieurs entreprises congolaises d’accorder à l’entreprise émiratie des privilèges désavantageux vis-à-vis des autres opérateurs miniers. Les entreprises Stone Mining Company SARL, CDMC SARL, Amur SARL ou encore DFSA Mining Congo ont en début août accusé la société congolaise publique Sakima d’avoir renié ses engagements au profit de la société Primera Group Limited.

Inquiétude auprès des investisseurs

Certaines entreprises contactées ont déjà contesté la décision auprès du ministère, sans succès. Côté investisseur, c’est le signe que le climat des affaires se détériore en RDC.  « Les manœuvres de l’administration à l’aube des élections présidentielles vont être scrutées de près. La mauvaise gouvernance dans le secteur minier pourrait mettre en péril des investissements stratégiques pour le pays », décrypte un analyste politique. La confusion créée est d'autant plus grande que la RDC avait fait un grand pas en avant en termes de climat des affaires. En juillet dernier, le pays a organisé une conférence sur le risque pays, communiquant sur le fait qu'il était passé de 5,1 à 5,5 sur une échelle de dix, dans le classement de l'agence de notation panafricaine Bloomfield. Mais derrière les efforts, les défis persistent. « L’incertitude réglementaire et l’opacité autour de certaines décisions ont un impact direct sur la capacité des miniers à opérer en toute sécurité et à investir dans de nouveaux projets en RDC » , souligne un expert du secteur. « La transparence et le dialogue sont essentiels pour une coopération fructueuse », ajoute-t-il.

 

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